Tadej Pogacar : « Un jour que je n’oublierai jamais »

Crédit photo Marc Van Hecke

Crédit photo Marc Van Hecke

Louison Bobet, Eddy Merckx… et Tadej Pogacar. Jusqu’à ce 2 avril 2023, ils n’étaient que deux, dans toute l’histoire du cyclisme, à avoir inscrit à leur palmarès à la fois le Tour des Flandres et le Tour de France. Le Slovène d’UAE Team Emirates a rejoint ces deux immenses champions, ce dimanche, à l’occasion d’un « Ronde » lors duquel il s’est avéré - une fois encore - bien trop puissant pour l’ensemble de ses adversaires. Même pour l’ancien double lauréat et tenant du titre, Mathieu Van der Poel, qui a pourtant affirmé “ne jamais avoir développé autant de watts” (lire ici). “C’est une journée incroyable, après un formidable travail de l’équipe. C’est un jour que je n’oublierai jamais, s’est félicité Tadej Pogacar après l’arrivée. C’était très difficile du début à la fin. Avec l’ensemble de l’équipe, on a parfaitement bien géré notre course. Le plan a très bien fonctionné. Tout le monde a joué un rôle. Malheureusement, Tim Wellens est tombé mais sans ça, je pense qu’il aurait lui aussi joué un rôle important dans le final”.

« ON A SPRINTÉ SUR LES PAVÉS, C'ÉTAIT FANTASTIQUE »

N’a-t-il pas, malgré tout, eu peur d’être privé de la possibilité de jouer la victoire lorsqu’un groupe imposant, avec des costauds comme Kasper Asgreen (Soudal-Quick Step), Stefan Küng (Groupama-FDJ), Mads Pedersen (Trek-Segafredo) ou encore Neilson Powless (EF Education-EasyPost), a compté plusieurs minutes d’avance après être sorti loin de l’arrivée ? “Non, je n’étais pas stressé car on avait Matteo (Trentin) devant et il est en très bonne condition. C’était un gros groupe, il n’y avait pas forcément une superbe entente à l’avant. Mais c’est vrai qu’à un moment donné, je me suis dit qu’il y avait une vraie chance que certains puissent tenir jusqu’au bout”.

Comme imaginé en avant-course, Tadej Pogacar a souhaité s’appuyer sur une difficulté bien précise pour faire la différence, le Vieux Quaremont. “Si je voulais réussir à m’isoler à l’avant, je savais qu’il fallait le faire dans le Vieux Quaremont. C’était le mont qui convenait le mieux à mes qualités”. Alors, au pied du deuxième des trois passages dans cette ascension décisive, il a fait rouler son équipier Mikkel Bjerg. “Cette façon dont il m’a lancé… J’étais presque choqué (sourire). On a sprinté sur les pavés, c’était fantastique ! Je savais déjà, à ce moment-là, que j’étais dans une très bonne journée et je voulais en profiter”. Le récent lauréat de Paris-Nice a ainsi exploité cette difficulté pour faire une nouvelle sélection. Mais c’est finalement lors du dernier passage dans ce Vieux Quaremont, à 18 km de la ligne d’arrivée, qu’il est parvenu à se débarrasser de Mathieu Van der Poel, alors qu’il avait également encore une trentaine de secondes à boucher sur le Danois Mads Pedersen. “C’était une question de puissance, alors il fallait tout de suite enfoncer le clou. J’ai souffert dans l’ultime mont mais je me suis accroché”.

« J’AURAI SÛREMENT BESOIN DE PRENDRE QUELQUES KILOS »

Furieux d’avoir loupé la victoire et même le podium d’un rien, l’an passé, alors qu’il semblait tout proche de l’exploit pour sa découverte du Tour des Flandres, Tadej Pogacar tient, en quelque sorte, sa revanche avec ce succès sur l’édition suivante. Mais pas question de revenir sur sa mésaventure de l’an dernier. “Maintenant, tout ça n’a plus d’importance”, sourit-il au moment où on lui rappelle cet épisode douloureux. “Le Tour des Flandres est probablement la plus grande course d’un jour au monde. L'atmosphère est incroyable dans les monts. C’est une fierté de gagner ici”.

Le voilà donc, à 24 ans, vainqueur de trois des cinq Monuments du cyclisme, après Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie, remporté à deux reprises. Alors, forcément, la question sur la possibilité de remporter les cinq Monuments lui a été posée en conférence de presse d’après-course. “Je pourrais arrêter ma carrière aujourd’hui, je serais déjà fier de ce que j’ai accompli jusqu’à aujourd’hui, glisse-t-il avant de développer. Ce sera très dur d’aller gagner un Milan-San Remo et Paris-Roubaix, mais on verra… J’aurai sûrement besoin de prendre quelques kilos pour gagner un jour Paris-Roubaix. Je pense que Roubaix est totalement différent du Ronde. J’ai fait Roubaix chez les Juniors… (30e en J1 et 13e en J2, NDLR). Je n’ose même pas imaginer à quel point ce doit être difficile chez les pros ! La douleur sur les pavés est différente. Gravir des monts pavés, c'est encore autre chose que de vrais tronçons pavés !”. Maintenant qu’il est parvenu à ajouter le Tour des Flandres à son palmarès, compte-t-il y revenir dans les années futures ? “Je ne le sais pas encore. Ce sera la surprise !”

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