Julien Thollet : « Top de bosser avec des jeunes comme ça »
L’équipe de France Juniors a touché le titre du doigt, mais celui-ci a filé entre les mains de Matys Grisel, qui a déchaussé à l’approche de la côte pavée. Avant de finir en boulet de canon, remontant le peloton jusqu’au sprint achevé au 2e rang (voir classement). Tout ça sans Léo Bisiaux, second leader, victime d’une chute et qui a rapidement dû quitter ses coéquipiers. Julien Thollet, sélectionneur, est revenu avec DirectVelo sur l’ascenseur émotionnel vécu ce samedi matin lors du Championnat d'Europe Juniors.
DirectVelo : Quel est ton sentiment après cette course ?
Julien Thollet : On n’a pas été épargnés. Léo (Bisiaux) a été pris dans une chute ainsi que Maxime (Decomble). On a été obligé de changer le vélo de Léo, il est reparti à deux minutes, on s’est dit que ça allait être compliqué. Finalement, il est costaud et il arrive à rentrer dans le peloton. Malheureusement, il est éliminé sur un incident mécanique, il perd son frein à disque. À cinq, ils ont fait le boulot. Ils devaient être dans l’échappée de cinq coureurs, il y avait de grosses nations. Mais les Belges étaient aussi piégés, ça a permis de collaborer pour revenir. Le sentiment qui domine est presque de la frustration. Dans les derniers hectomètres, Matys perd la pédale dans les pavés. Il recule autour de la 15e place. Sur ce type d’arrivée, sur ce circuit-là, il fallait virer en haut du pavé en 4 ou 5e position maximum. Ugo (Fabries) le voit… Ils sont presque déçus de faire 2e. Mais on signe pour une médaille d’argent.
Le sprint ne s’est pas joué à grand-chose pour les places de 2-3-4…
Matys est passé dans un trou de souris, mais il a attaqué la dernière bosse très loin… Il y a un petit sentiment de frustration, mais on ne peut pas être déçus d’une 2e place. Il y avait moyen de faire mieux. Hier, le scénario des Espoirs était différent, ils se sont fait piéger de loin et c’est allé au bout. Pour nous, ça a été un autre scénario, on voit 60 mecs au sprint. C’est un circuit très spécifique et particulier. Nos Français ont plutôt bien manœuvré. Il y a eu deux-trois petites erreurs tactiques durant la course, mais ça a pu se retourner positivement pour eux. Ils se sont bien trouvés dans le final, c’est eux qui emmènent.
« ÇA SE CONSTRUIT PETIT À PETIT »
Physiquement le groupe était très fort car seul Léo, écarté sur incident mécanique, n’était pas là…
On est au complet. On savait qu’on avait un groupe fort physiquement. Ce que j’aime bien, c’est cette solidarité, ils ne se sont pas posé la question… Il a fallu un peu consoler Ugo car il venait chercher le maillot pour son équipier Matys. Il s’en fout de la place qu’il a fait. Il se dit : « on s’est perdu dans le final alors qu’on aurait dû être ensemble ». C’est top de bosser avec des jeunes comme ça qui ont compris beaucoup de choses du vélo. C’est un sport individuel, il n’y a qu’un gars sur le podium, mais ils ont une petite partie de la médaille aujourd’hui.
C’est la patte du staff…
Petit coup de chapeau à Benoît Malaval. J’ai aussi eu Frédéric Macaudière. On peut féliciter leur travail. Dès que je suis un peu trop occupé, ils viennent me suppléer. Durant la semaine, Benoît a géré le groupe. Chapeau à eux. On met de bonnes dynamiques dans le staff. Vendredi, on avait Paul Magnier et Thibaud Gruel qui avaient fait un beau Championnat du Monde Juniors. Ils s’étaient un peu ratés dans le final l’année dernière en Australie. Là, ils ont fait un truc propre pour aller chercher la médaille chez les Espoirs. Ça se construit petit à petit. C’est plutôt sympa de bosser avec eux. On a tous le même état d’esprit dans les staffs. On est tous dans la lignée d’avoir un collectif fort autour d’un coureur qui peut mettre la balle au fond.