Pendant trois soirées, Mathilde Gros s'est bien amusée sur le vélo dans le cadre des 3 Jours de Grenoble. Tous les soirs, elle a affronté Marie-Divine Kouamé, Julie Michaux, Constance Marchand et Helena Casas sur la piste du Palais des sports, trois mois après le Championnat du Monde où elle n'a pas obtenu les résultats qu'elle espérait. Deux mois avant le Championnat de France  qui va marquer la première étape de la dernière ligne droite vers les JO de Paris, DirectVelo fait le point avec la Championne du Monde de vitesse 2022.

DirectVelo : Tu as choisi de ne pas faire la Ligue des Champions cette année, est-ce lié à la préparation des JO ?
Mathilde Gros : Tout à fait, la Track Champions League c’est quatre week-ends de suite avec cinq manches, surtout sur le dernier avec deux soirs de suite. C’est fatiguant physiquement mais surtout mentalement, l’année dernière j’avais plutôt bien marché mais j’avais terminé très fatiguée. On avait enchaîné avec le Championnat de France début janvier et cette année, on repart sur le Championnat d’Europe dans la foulée du Championnat de France, seulement trois jours après. Par rapport à mon capital physique et même mental avec les Jeux qui arrivent, je me suis dit que j’aurais le temps de la faire après, dans les années qui viennent. Je ne veux pas avoir de regrets cette année pour les Jeux donc je préfère passer à côté de la Track Champions League, être spectatrice plutôt que de participer parce qu’aller courir chaque week-end c’est fatiguant, et ça ne permet pas de s’entraîner et de développer les qualités physiques comme on veut.

Tu n'as pas hésité ?
Si, ça m’a un peu fendu le cœur parce que j’adore la Track Champions League. C’est vraiment une compétition importante pour le cyclisme sur piste. C’était compliqué mais j’ai choisi la voie de la raison car je savais au fond de moi que l’année dernière ça m’avait épuisée, et le but est d'arriver aux compétitions suivantes avec le plus de fraîcheur possible.

« DU BIEN DE FAIRE DU VÉLO PLAISIR »

Tu en es où en ce moment sur le plan physique et mental ?
Je m’entraîne bien actuellement, ça m'a fait du bien d’être aux 3 Jours de Grenoble, de faire du vélo plaisir et de belles courses avec les filles, de voir le public. Mes parents étaient là aussi, donc tout va bien. Ça a été compliqué après Glasgow. Il y a eu beaucoup de réflexion pendant le mois de septembre, mais après avoir discuté avec le staff et la fédération on a trouvé des pistes d’amélioration et de travail pour revenir dans la bonne voie pour les Jeux.

Maintenant à froid, quel bilan fais-tu du Championnat du Monde de Glasgow ?
Décevant, malgré ma finale en keirin, pour moi je n'ai pas fait du beau vélo. Je suis passée en qualification et en quarts de finale parce que d’autres filles étaient reléguées, c'est le sport mais ce n’est pas ce que je voulais montrer. Me faire éliminer en quarts de finale de la vitesse, ce n’est pas le but. Je sais que j’étais diminuée physiquement mais j’aurais aimé montrer quelque chose de différent, mais j’ai quand même tout donné et je suis allée au bout du bout. C’était peut-être même un peu dangereux de participer à ce Mondial mais c’est le choix qu’on a fait. Mais ça reste décevant, quand vous êtes Championne du Monde et que vous vous faites marcher dessus comme ça, il faut vite changer ça.

« LES CHOSES N'ARRIVENT PAS PAR HASARD »

Tu as digéré cette déception ?
Non toujours pas, mais je me dis que c’est peut-être important pour Paris comme l’a été Tokyo, je pense que les choses n’arrivent pas par hasard et qu’il faut je m’en serve pour en tirer du positif même si au début, on ne voit pas le positif là-dedans. Mais de toute façon c’est fait, donc je ne vais pas me morfondre d’autant plus que de belles choses arrivent.  

Que dois-tu améliorer ?
Honnêtement tout, le physique, la tactique, le mental. Quand on prépare les Jeux Olympiques on a des points forts et des points faibles à améliorer, le but est de monter tous les curseurs. Il ne faut pas se focaliser sur un seul point, il faut tout améliorer et ne pas se fixer de barrière et continuer et se dire que tout est possible. Il ne faut pas se mettre de barrière quand on est sportif parce que d'autres vont passer ces barrières, ils vont plus vite alors qu’ils ont deux bras et deux jambes comme moi alors je ne vois pas pourquoi ils y arriveraient et pas moi.

« JE VEUX ÊTRE BIEN POUR LES EUROPE »

Il y a aussi le Championnat de France à Saint-Quentin en Yvelines sur la piste des Jeux Olympiques, qu’est-ce que tu en attends ?
Personnellement seulement me tester sur mon 200 mètres car il y a le Championnat d’Europe juste après où il sera important d'être en forme. On a la chance de s’entraîner tous les jours sur cette piste, l’idée sera de voir le ressenti que j’ai là-bas et s’il faut tester des choses pour l’entraînement. Je ne serai pas encore à 100% mais je veux quand même être bien pour les Europe et être dans le match avec les autres filles et aller le plus loin possible dans le tournoi.

Maintenant, tout le monde doit te parler des JO…
Oui, mais même avant le Mondial on me parlait de Paris. On apprend à dédramatiser cet évènement, à digérer cette pression au quotidien. J’ai une préparatrice mentale qui m’aide beaucoup dans ce domaine.