Paul Fietzke : « On est encore des gamins »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Paul Fietzke a connu une saison 2023 riche en émotions. “Je ne m’attendais pas à tout ça. C’était une très belle saison”. Pourtant, tout n’avait pas commencé idéalement pour le résident de Cottbus, loin de là. Une fracture du pied, l’hiver dernier, l’avait contraint à laisser le vélo au garage sur la période décembre-janvier. Avant de se remettre sur pied dès la fin de l’hiver et de performer directement au printemps avec une victoire finale, sur une épreuve internationale de quatre étapes dans la région de… Cottbus - la terre de Lennard Kämna ou encore d’Heinrich Haussler -, puis une 4e place à Paris-Roubaix. “Étant donné la préparation que j’ai eue pendant la trêve, je ne m’attendais à rien de dingue pour le début de saison, mais j’ai vite senti que ça tournait bien à l’entraînement et je ne pouvais pas rêver d’une meilleure reprise. J’ai simplement le regret d’avoir fait une petite erreur tactique dans le final à Roubaix, j’ai clairement merdé mon coup”.

« J’AI BEAUCOUP PLEURÉ »

Ces premières courses ont “donné beaucoup de confiance" au J1 mais il n’a pas changé sa façon de courir, très offensive. “J’aime attaquer tout le temps. Parfois, je sais que j’en fais trop et je le paie en fin de course. Le pire, c’est sur les courses par étapes. J’attaque dans tous les sens les premiers jours et j’ai tendance à accuser le coup sur les dernières étapes mais j’essaie d’y remédier”, sourit celui qui a, parfois, bien fait d’anticiper et de lancer les hostilités tôt dans la compétition. Le plus bel exemple reste à n’en pas douter celui du dernier Mondial, à Glasgow. “Avant la course, on s’était dit avec les gars qu’il valait mieux avoir un coup d’avance que de chasser dans le peloton et passer son temps à frotter dans tous ces virages”. Sa médaille d’argent, décrochée derrière le Danois Albert Philipsen, reste son “meilleur souvenir de l’année”.

Le meilleur mais pas le seul, tant ce passionné de Formule 1 a été performant toute la saison. Parmi ses highlights de 2023, cet inoubliable titre de Champion d’Allemagne sur route décroché dans un sprint à deux face à son pote Louis Leidert, avec qui il se tire la bourre depuis les rangs Cadets. “J’ai beaucoup pleuré après l’arrivée. Avant la course, je me suis demandé comment j’allais m’y prendre car le parcours ne semblait pas très sélectif. Il n’y avait qu’une toute petite bosse, courte et même pas raide. Mais j’avais tellement la hargne que j’ai réussi à sortir quand même. Gagner le Championnat, c’était un moment spécial”

« UNE ERREUR DANS LA PRÉPARATION DU VALROMEY »

Au sein de la formation Auto Eder, celui qui a débuté le cyclisme à 6 ans - et a fait découvrir ce sport à l’ensemble de sa famille - promet s’épanouir grâce, notamment, au travail de son directeur sportif Christian Schrot. “Il me voit comme un coureur de Classiques”. De son côté, Paul Fietzke se donne encore du temps pour se spécialiser. Et n’exclut pas de devenir un bon grimpeur. “Je pense qu’il y avait moyen de faire mieux mais il y a eu une erreur dans la préparation du Valromey. J’étais au top lors du stage qui a précédé mais je n’ai pas assez soufflé avant la course. J’y suis arrivé cramé”. À charge de revanche cet été. “De façon générale, j’espère pouvoir briller sur les courses d’une semaine ou lors des courses d’un jour très dures, mais je ne deviendrai sûrement pas un pur grimpeur”.

Paul Fietzke sera donc toujours chez les Juniors en 2024 et il sera assurément attendu comme l’un des hommes forts de la catégorie d’âge. Avec déjà une vision sur le plus long terme, comme cela se fait désormais pour la plupart des meilleurs U19 ? “Très sincèrement, je ne me suis pas du tout projeté sur 2025 pour l’instant. Déjà, j’ai du mal à penser à la course qui arrive dans deux ou trois semaines pendant la saison. Je me concentre uniquement sur la course suivante”. Le 5e de la dernière Course de la Paix (Coupe des Nations) sait bien que tout peut aller très vite à son âge, mais pas question de se mettre la pression pour autant. “Je m’imagine bien faire deux ou trois saisons chez les Espoirs, ce ne serait pas forcément une mauvaise chose. Je sais que plein de Juniors passent directement dans des WorldTeams maintenant mais est-ce que c’est le mieux pour tout le monde ? Je n’en suis pas certain. Il ne faut pas se monter la tête et réfléchir sur le long terme. On est Juniors, on est encore des gamins. Le plus important, c’est d’avoir les bonnes personnes pour nous entourer et nous aider à prendre les bonnes décisions. Jusqu’ici, j’ai le sentiment d’avoir fait les bons choix. Pourvu que ça dure”.


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