Mathieu Van der Poel, emporté par la foule
Il y en a eu des Champions du Monde qui ont défilé sur le parcours de Besançon, durant la manche de Coupe du Monde qui avait lieu ce dimanche, à la Malcombe. Mais forcément, il y en avait un qui était plus attendu que les autres. Venu il y a deux ans déjà, et vainqueur, Mathieu Van der Poel est revenu dans le Doubs et avec un résultat similaire (voir classement). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la foule était là pour voir de près le Néerlandais, bravant ainsi les températures parfois négatives, le brouillard et le dégel. "On avait discuté du programme dès le début du cyclo-cross, je voulais bien venir ici parce que c'est quand même bien qu'on ait une Coupe du Monde en France. J'étais venu il y a deux ans, on voit quand même que le public aime bien le cross donc je suis heureux d'être venu", se réjouit-il en interview d'après-course.
« LES GENS ICI VIENNENT POUR REGARDER LE CYCLO-CROSS »
Les enfants étaient eux aussi tout heureux de venir s'amasser contre les barrières, stylo et support en main, parfois un programme de l'épreuve, dont il tenait l'affiche, parfois un cahier, ou même des maillots. Certains ont même bravé les interdits en entrant dans le secteur des camions réservés aux accrédités. Alors que le coureur d'Alpecin-Deceuninck se changeait en attendant le protocole, un seul prénom résonne dans les bouches des fans, celui de "Mathieu". "Je suis toujours soutenu en France, mais il n'y a pas beaucoup d'événements de cyclo-cross. On doit y contribuer pour le futur", estime-t-il. Les enfants sont d'ailleurs récompensés de leur attente avec une séance d'autographes improvisée au pied des escaliers d'un camion. Certains ont même le micro tendu de la presse locale et épient le palmarès de leur idole, maillot de Champion du Monde à la main.
Mais pendant la course, ce ne sont pas les maillots et les carnets qui sont pendus au-dessus des barrières de sécurité. Même si la foule cache le passage du Champion du Monde, celui qui a fait la différence après un tour et demi est facile à suivre du regard quand une marée de portables s'élève et se baisse au rythme de ses coups de pédales. Car si les spectateurs étaient nombreux (plus de 10 000), ils sont peu à pouvoir se vanter d'avoir vu Mathieu Van der Poel de leurs yeux, et pas à travers leur écran. L'intéressé a lui quand même apprécié sa journée. "Le public est enthousiaste, pas seulement pour les premiers. C'est comme ça que ça doit se passer. Ça m'a fait penser au VTT, donc c'était cool. Les gens ici viennent pour regarder le cross, ils sont supporters. En Belgique j'ai parfois l'impression qu'ils viennent plus pour faire la fête que pour nous voir faire la course", plaisante le vainqueur du jour.
« LE CROSS EST DE MOINS EN MOINS IMPORTANT »
L'évidence de voir Mathieu Van der Poel caracoler seul en tête une bonne partie de la course ferait presque oublier que le début de la course ne s'est pas forcément passé de la meilleure des manières. "J'étais un peu coincé, j'étais sur la deuxième ligne, tu dois suivre les gars. Mais au bout du premier tour j'étais devant donc il n'y a pas de soucis". De quoi s'autoriser une petite figure de style dans un saut qui a ravi les spectateurs, malgré un parcours qui ressemblait à une patinoire improvisée. "C'était vraiment difficile, parfois on avait le sentiment qu'on était en train de voler sur la neige, c'était très glissant. Il y a deux ans c'était très rapide, là c'était le contraire. Je me suis bien amusé, c'était très dur et très technique, j'aime bien ça. C'est difficile de comparer à un parcours en Belgique, surtout avec ces conditions. Mais c'est bien d'avoir une manche comme ça en Coupe du Monde".
Le plaisir, Mathieu Van der Poel en a bien besoin pour garder la pleine motivation l'hiver à prendre le départ de nombreux cyclo-cross. Car il l'admet, plus le temps passe, plus la route occupe une grande part de son esprit. "Le cross est de moins en moins important, j'essaye toujours de gagner, mais si ça n'avait pas été le cas, personne n'aurait dit quoi que ce soit et ce n'est pas un problème. Les courses les plus importantes sont sur la route maintenant, à savoir les Classiques". Il retrouvera rapidement la France, à Liévin, pour défendre sa tunique. "Je ne suis pas encore à 100%, je vais encore m'améliorer pour les Championnats du Monde". Avant peut-être de retrouver l'Hexagone les prochaines années pour d'autres manches de Coupe du Monde. Avec, c'est sûr, une ferveur au moins identique à celle de Besançon.