Charles Planet : « Refermer cette cicatrice »
Renversé il y a un peu plus de deux ans sur ses routes d’entraînement, Charles Planet aurait pu ne plus jamais monter sur un vélo. Le coureur du Team Novo Nordisk a d’ailleurs mis des mois à pouvoir marcher convenablement. Après avoir tenté de renfiler un dossard fin 2022 au Tour de Slovaquie, et malgré quelques jours de course l’an passé, le Vosgien reste traumatisé et continue de faire un blocage. L’athlète de 30 ans ne désespère pas pour autant de retrouver la confiance et veut ainsi se donner une dernière chance cette année. DirectVelo a profité de sa présence à Cholet (Maine-et-Loire), dimanche, pour faire le point avec Charles Planet. Entretien.
DirectVelo : Comment vas-tu à l’amorce de cette nouvelle saison ?
Charles Planet : Je suis forcément un petit peu nerveux. Fût un temps, je serais venu ici avec l’espoir de faire un Top 10 mais là, je viens simplement chercher du plaisir, avec le seul objectif d’espérer pouvoir franchir la ligne d’arrivée (entretien réalisé au départ d’une épreuve qu’il a abandonnée, NDLR). L’année dernière, si j’ai arrêté, c’est parce que psychologiquement, c’était trop compliqué. J’avais très peur dans le peloton, je n’arrivais pas à frotter, j’étais toujours en dernière position. Dans ces conditions, il était impossible d’espérer faire quoi que ce soit depuis mon accident, il y a maintenant deux ans. C’est un traumatisme encore présent, la cicatrice n’est toujours pas refermée.
Mais tu ne lâches pas l’affaire pour autant !
Je reviens cette année en espérant pouvoir, justement, refermer cette cicatrice, et retrouver du plaisir sur le vélo. Je pars dans l’inconnu. Forcément, je n’ai pas la confiance, je n’ai pas de repères. Je ne me sens même pas comme un néo-pro, ça fait tellement longtemps… Mais j’espère redevenir le coureur que j’étais il y a quelques années.
« DES MOMENTS TRÈS SOMBRES »
Qu’est-ce qui t’a poussé à reprendre ?
J’ai la chance d’avoir une équipe qui a compris la source du problème, qui m’a aidé et qui a toujours été là pour moi dans les moments difficiles depuis maintenant trois ans. Ils m’ont donné l’opportunité de refaire une année sans pression, pour ne pas arrêter sur de tels soucis. Avec le Gravel qui se développe, je vais aussi participer à quelques événements aux États-Unis. C’est ce qui m’a motivé à continuer une année. Mais c’est clairement une saison charnière. Soit ça revient, soit j’arrêterai, sans regrets, en ayant fait le travail qu’il fallait à la maison, tant physiquement que psychologiquement.
Si ça devait s’arrêter, ce serait à cause d’un manque de résultats ou parce que tu sentirais qu’il n’est pas possible de retrouver la confiance sur le vélo ?
Clairement, ce serait parce que je n’arrive toujours pas à retrouver mes repères, si j’ai encore peur de frotter dans le peloton. Si je n’arrive plus à être moi-même, ce ne sera pas possible. Il ne faut pas rester dans un cercle vicieux sinon, il n’y aura plus de plaisir. Ça devient donc difficile d’aller à l’entraînement, de se motiver… C’est ce qu’il s’est passé l’année dernière. Tu es mauvais en course, tu rentres à la maison et tu te demandes ce que tu vas faire de plus à l’entraînement. Le physique, entre guillemets c’est assez simple car quand on est bosseur, ça revient vite. Mais la partie psychologique, je n’ai pas la main dessus. C’est difficile à gérer, même si j’ai été bien entouré. Mais ça ne fait pas tout. J’ai eu des moments très sombres et je suis très fier de mettre un dossard ce week-end, quoi qu’il se passe. Dans tous les cas, si ça devait s’arrêter bientôt, je pourrai dire que j’ai passé dix belles années chez les pros, en participant à de nombreuses belles courses. J’ai fait le tour du monde grâce aux compétitions. Ce n’est que du bonus.