Un Koh Lanta dans les Pyrénées pour les Martégaux
“Et à la fin, il n’en restera qu’un !”. Après coup, Jules Chatelon préfère en rire. Alors que sa formation a très vite été décimée sur les routes ariégeoises, le valeureux attaquant de NIPPO-EF-Martigues a été le dernier rescapé de sa structure N3 lors de la Ronde de l’Isard (2.2U). "Ce n’était pas vraiment une pression supplémentaire. Je sentais depuis le début que j’étais bien et capable d’au moins finir la course, en étant même un minimum acteur de l’événement. Mais par contre, je me disais que si je tombais ou que je cassais le vélo, on pouvait rentrer à la maison, concède-t-il auprès de DirectVelo après l’arrivée finale. Alors en quelque sorte, le simple fait de finir est devenu un objectif”.
L’ÉQUIPE B D’UNE N3
Quelques jours plus tôt, la Ronde de l’Isard avait très mal débutée pour le club de N3, très ambitieux (lire ici) mais aux résultats modestes en ce début de saison. Quatre des six athlètes initialement prévus pour cette épreuve réputée n’ont pas pu être de la partie, au plus grand regret du directeur sportif, Hristo Zaykov. “Jo Hashikawa devait être là, Yugi Tsuda s’est blessé à la Bidasoa et il est arrivé ici blessé. Neriah (Meunier Sow) est tombé lourdement récemment et Conal Scully a raté ses examens et il est donc en rattrapage”. Autrement dit, les Provençaux se sont présentés dans l’Ariège avec une équipe B. “Je savais que ça allait être très difficile au vu de l’effectif aligné”, admettait le technicien bulgare après deux jours de course. Mais la situation a été pire encore qu’il ne l’avait imaginé puisqu’après une poignée de kilomètres seulement, lors de l’étape inaugurale, deux de ses coureurs ont été décrochés du peloton et ont abandonné. Un troisième n’a pas non plus fini l’étape. Avant un nouvel abandon le lendemain.
Dès le départ de la 3e étape, ils ne sont ainsi plus que deux à enfiler maillot et cuissard à Bagnères-de-Luchon - notre photo ci-dessus -. Une situation qui pousse à se demander si le club provençal avait sa place en Occitanie. “On ne pouvait pas refuser de venir, on a été selectionnés. Par respect pour l’organisateur, il fallait être là même avec un effectif plus faible. On doit s’efforcer de finir au moins la course”. Hristo Zaykov est tout de même déçu du comportement de certains de ses garçons. Lui l’ancien coureur au tempérament de guerrier aurait aimé voir autre chose. “J’ai deux coureurs qui montent très vite dans le balai le premier jour. Ils ont le droit de ne pas aller au bout mais ils pouvaient aussi se battre un peu plus. Être dans les voitures après dix bornes, c’est problématique. Mais, encore une fois, on n’a pas été en réussite. Seiya Iwata était malade et Pawel Wieczkowski a chuté au GP d’Aubagne, il est venu ici en dernière minute”.
JULES CHATELON, LE DERNIER COMBATTANT
Dimanche après-midi, Jules Chatelon - seul représentant français de l’équipe cette semaine - a donc finalement permis aux Martégaux de rester en course jusqu’au bout. Plusieurs fois échappé, il a montré le maillot et sauvé l’honneur du groupe. En réalité, lui non plus ne s’était pas présenté dans les meilleures dispositions sur l’épreuve. “En début d’année, j’avais fait une grosse croix sur mon calendrier pour l’Isard. Mais j’ai eu la mono l’an dernier et j’ai encore galéré cet hiver, je n’ai pas pu m'entraîner en février. Initialement, j’avais envie de me tester ici mais là, je me suis résolu à me mettre en jambes les deux premiers jours avant de tenter quelque chose en fin de semaine”. Lucide quant à ses capacités, il n’a pas démérité en se montrant malin et en passant plusieurs fois à l’offensive. “Je savais que le plus dur était fait après la 2e étape. C’était celle que je redoutais, surtout après avoir pris la flotte toute la journée la veille. Pour l’étape du Plateau de Beille, il fallait être dans le paquet jusqu’au pied et c’était bon pour les délais. Aujourd’hui (dimanche), il fallait tenir sur le premier circuit et après, le plus dur était fait”, détaille celui qui était également le représentant des coureurs cette semaine.
Pas habitué à se retrouver face à des coureurs des Conti de la Visma, de la Lotto-Dstny ou de Tudor, Jules Chatelon - résident de l’Etoile-sur-Rhône (Drôme) - ne s’est pas laissé intimider pour autant. “Parfois, j’essayais d’anticiper la difficulté des cols en restant bien placé à l’avant du peloton en amont. Mais les grosses équipes arrivaient et j’entendais des grands « Go Back ! ». C’était plus galvanisant qu’intimidant, finalement. Je ne me suis pas laissé faire”. Malgré tous les coups durs, l’athlète de 20 ans est resté déterminé. “Il ne faut pas se laisser abattre !”. Voilà pour la petite éclaircie au-dessus des épais nuages dans le ciel de Martigues. De quoi redonner un peu de baume au cœur du manager, qui disait “très mal vivre” le début de semaine de ses troupes. “Il y a beaucoup de raisons qui font qu’on n’a pas été à la hauteur mais ce groupe a des capacités, promet Hristo Zaykov. J’espère qu’on va sortir la tête de l’eau en deuxième partie de saison. On a un beau calendrier mais c’est aux coureurs de performer”.