Bruno Armirail « J’y penserai une bonne partie de ma carrière… »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

C’est une déception qu’il n’est pas près d’oublier. Toujours généreux dans l’effort, fidèle équipier qui ne compte jamais ses coups de pédale pour les autres, Bruno Armirail est passé tout proche du plus grand moment de sa carrière, ce lundi, à l’occasion de la deuxième étape du Critérium du Dauphiné. Repris par le peloton à 200 mètres de la ligne après avoir escaladé pratiquement tout le Col de la Loge seul à l’avant, le Pyrénéen a bien conscience d’avoir raté une occasion peut-être unique. “J’y ai cru. Mais il m’a manqué 200 mètres. On peut refaire la course plein de fois mais c’est comme ça, c’est la loi du vélo”, regrette-t-il au pied du bus de sa formation Decathlon AG2R La Mondiale au micro de DirectVelo, après s’être vu récompensé du prix du plus combatif sur le podium protocolaire. “Il y a forcément de la déception. J’y penserai une bonne partie de ma carrière… Surtout qu’il y avait le maillot jaune au bout”.

Porteur du maillot rose du Tour d’Italie l’an passé, Champion de France du chrono il y a deux ans, Champion d’Europe de relais mixte avec les Bleus l’automne dernier, le désormais trentenaire a bien sûr (déjà) connu de très beaux moments dans sa carrière. Mais ce succès, dans le brouillard ligérien, aurait eu une saveur toute particulière. “Bruno devait y aller aujourd’hui, c’était le plan. Cette étape lui convenait parfaitement. Le peloton est sans pitié mais aux cinq bornes, on y a vraiment cru”, appuie Julien Jurdie, le directeur sportif de la WorldTeam française. “La frustration est beaucoup plus grande quand tu te fais rattraper aux 200 mètres plutôt qu’à deux bornes. J’y croyais car depuis le début de saison, les planètes sont bien alignées et je me suis dit que ça allait encore être le cas aujourd’hui”.

« IL FAUT TOUJOURS Y CROIRE »

Bruno Armirail lui aussi, y a cru. Jusqu’au bout. “Au kilomètre, avec dix secondes d’avance, je me doutais que ça allait être compliqué avec le lancement du sprint derrière. Mais c’était possible. Il faut toujours y croire. Si on va dans une échappée sans y croire, ça ne sert à rien, autant rester dans le peloton. Le seul moment où je n’y ai plus cru, c’est quand ils m’ont passé aux 200 mètres”. Derrière la ligne, le rouleur n’avait plus la force que de balancer le bras gauche de dépit, puis de s’arrêter sur le bord de la route pour se prendre la tête entre les mains, le regard dans le vide pendant quelques minutes. Le Champion de Belgique Remco Evenepoel est le premier à lui donner une tape dans le dos - lui qui espérait attirer le Français chez Soudal-Quick Step l'hiver dernier -. Sans doute tant pour lui montrer son respect que pour le consoler. Ses coéquipiers chez Decathlon AG2R, Nicolas Prodhomme puis Clément Berthet, viennent à leur tour auprès de Bruno Armirail. Une accolade amicale, sans dire un mot. Inutile sans doute à ce moment précis. Puis Vincent Lavenu s’approche. “Désolé !”, lâche le coureur. “Mais non ! Tu n’as pas à être désolé, tu as super bien géré”, lui répond le manager.

Après la 2e place de Sam Bennett dimanche, Decathlon AG2R La Mondiale passe encore tout près de son objectif sur ce Dauphiné lors d'une étape finalement remportée par Magnus Cort Nielsen (voir classement). “Ce qu’il a fait, c’est quand même beaucoup de fierté. On a cet objectif prioritaire de gagner une étape et on va continuer de crânement jouer notre chance tous les jours jusqu’à dimanche”, promet Julien Jurdie. Si Clément Berthet compte s’accrocher en montagne pour faire une place au général, Bruno Armirail pourrait repartir à l’avant cette semaine. Surtout, il espère avoir suffisamment récupéré de ses 140 bornes passées à l’avant dans 48h, pour le chrono de Neulise. “Ce sera une journée très importante pour moi, avec également une sélection pour les J.O à aller chercher”. Malgré l’immense déception, Bruno Armirail garde le cap.



Crédit photo : Billy Ceusters / A.S.O

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