Benoît Cosnefroy : « Je n’ai pas grand-chose à me reprocher »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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La déception est immense. “Aujourd’hui, c’est plus qu’un objectif qui s’envole, c’est un rêve. Je vis la plus grande déception de ma carrière”. Malgré son excellente première partie de saison, Benoît Cosnefroy n’a pas été retenu par Thomas Voeckler pour être l’un des quatre Bleus qui représentera l’équipe de France, à domicile, lors des prochains Jeux Olympiques de Paris le 3 août prochain (voir la sélection). Le Normand, lauréat à sept reprises depuis le début de l’année, et qui avait fait le choix fort de renoncer au Tour de France, tombe de haut. DirectVelo a fait le point avec le puncheur de Decathlon AG2R La Mondiale via une conférence de presse improvisée, deux heures après la publication du communiqué de la Fédération Française de Cyclisme. Entretien avec un athlète qui tenait à prendre la parole après cette immense désillusion.

DirectVelo : On t’imagine très déçu…
Benoît Cosnefroy : Je suis énormément déçu. J’ai appris la nouvelle il y a une semaine. C’est donc un peu avalé mais ça reste une énorme déception. Je m’étais préparé mentalement et physiquement pour ce rendez-vous. J’ai fait une bonne saison. Cette sélection, j’en ai rêvé. Un rêve s’envole. La déception est à la hauteur de l’importance de l’événement olympique.

Quelles ont été les explications du sélectionneur Thomas Voeckler ?
Je l’ai eu au téléphone. Thomas avait ses arguments, ses raisons. Il m’a dit qu’il considérait que ce n’était pas forcément une course faite pour moi. Je fais entièrement confiance à Thomas. Il a montré par le passé qu’il a de bonnes stratégies, de bonnes analyses de course. Son palmarès en tant que sélectionneur en atteste. J’ai quand même senti qu’il était embêté au téléphone quand il a dû me l’annoncer. Mais je n’ai jamais eu la sensation d’être dans ses plans, même si je fais partie des cadres de l’équipe de France maintenant, depuis toutes ces années.

« UNE SAISON COMPLÈTE »

Selon toi, est-ce une décision purement sportive ?

Je ne me suis pas posé la question. Thomas est quelqu’un de droit. Je m’entends bien avec tout le monde dans le groupe. Je me bats toujours à 100% quand j’ai le maillot des Bleus. Je ne pense pas qu’il y ait autre chose, c’est le côté sportif qui a joué.

Tu réalises une très grosse saison avec déjà sept succès au compteur. As-tu le sentiment que tu ne pouvais rien faire de plus ? 
J’ai fait une saison complète jusque-là. Bien sûr, ça peut être vu comme des victoires de second rang, en Classe 1 hormis la Brabançonne en ProSeries. Mais j’ai aussi performé aux Strade Bianche (6e), à l’Amstel (16e) où ça tournait bien, à la Flèche Wallonne (4e) qui s’est courue dans des conditions dantesques. J’étais aussi dans le match avec les meilleurs à Liège-Bastogne-Liège. Je n’ai sincèrement pas grand-chose à me reprocher quand je regarde ma feuille de route. Peut-être que l’année dernière a pesé. Je n’ai jamais caché que ce n’était pas à la hauteur de mes espérances l’an passé.

Méritais-tu plus ta place que l’un ou plusieurs des athlètes sélectionnés ?
Je ne me concentre pas sur les autres. Christophe (Laporte) a un maillot de Champion d’Europe, ça veut dire beaucoup. Il a fait une course complète pour décrocher ce titre l’an passé. Il y a beaucoup de qualités en équipe de France. Chacun mérite sa sélection. Ce sont, en plus, des copains et de super gars. Je ne polémiquerai pas là-dessus. Il y a trois cadres et un nouveau, Kévin (Vauquelin), qui mérite pleinement sa place. Mais sur un plan personnel, je suis très déçu.

« AUCUNE CHANCE D’ÊTRE AU DÉPART »

Tu n’as pas disputé le Tour de France pour arriver dans les meilleures conditions possibles aux Jeux…

Avec l’équipe, on a décidé de modifier mon calendrier cette saison. C’était orienté pour les Jeux, bien sûr. Mais pas que. Dire que les J.O ont orienté tout mon programme de course serait mentir. Il y avait une réflexion plus globale avec l’équipe, notamment dans notre recherche de points UCI et de résultats en début de saison.

Es-tu tout de même remplaçant ? Y’a-t-il encore une petite chance de te voir aux Jeux ?
Non, je ne fais pas partie de la liste élargie. Thomas m’a dit que s’il devait prendre un remplaçant, ce serait très certainement quelqu’un qui est actuellement sur le Tour de France. Je n’ai vraiment aucune chance d’être au départ.

Après quoi comptes-tu courir en cette fin de saison ?
J’ai encore un peu plus de motivation pour la fin de saison, où j’aurai envie de performer. J’ai fait une bonne semaine de volume, studieuse, la semaine passée à l’entraînement. Ce sera peut-être un regain de motivation. Je ne vais pas changer les plans. J’irai quand même au Tour de Wallonie, qui devait me servir de préparation pour les Jeux Olympiques. Après ça, il reste des questionnements, notamment pour une participation ou non au Tour de Pologne. Puis je viserai la Bretagne Classic et les deux épreuves canadiennes.

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