L’Ain Bugey Valromey Tour, « digne d’un Championnat du Monde »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

La photo avait de la gueule. Au départ de la première étape de l’Ain Bugey Valromey Tour, l’organisation a demandé aux différents Champions nationaux de venir sur la première ligne. Et ils étaient tellement nombreux, avec au centre le Champion du Monde de Glasgow, le Danois Albert Philipsen, qu’ils ont dû se serrer pour tous apparaître sur les clichés. “On se dit chaque année que ce ne sera pas possible de faire mieux au niveau du plateau mais cette année, il était exceptionnel avec le Champion du Monde”, savoure l’organisateur Jean-Marc Vivier interrogé par DirectVelo.

Directeur sportif de l’équipe U19 de Decathlon AG2R La Mondiale, Kevin Fouache avait disputé l’épreuve comme coureur en 2006. “La course a bien évolué depuis même si ça avait déjà une saveur particulière à l’époque”. Aujourd’hui, tous les Juniors veulent y participer et le plateau est bien supérieur aux manches de la Coupe des Nations. “Les étrangers sont en force, on se retrouve à très peu de « clubs » français dans la file des DS, dit Marc Averseng, qui dirige le Team 31 Jolly Cycles. Sur la dernière montée, dimanche, il n’y avait que le comité de Bourgogne-Franche-Comté avec nous et devant, seulement Decathlon AG2R. Depuis le temps que je viens ou même quand c’était son prédécesseur, il n’y a jamais eu un niveau aussi élevé que cette année”.

« PEU DE RÉPIT »

Pour les Français, et notamment les locaux, il est de plus en plus difficile d’exister. “Il doit y avoir trois Français dans les 20 premiers du général (voir ici), la concurrence étrangère est bien plus forte que les autres années”, observe Damien Sigaud, le DS de Charvieu-Chavagneux IC. Alors comment faire pour exister ? “Soit on essaye d'attaquer et avec un peu de chance, ça sort. Soit, si on est dans un bon jour, on essaye de s'accrocher, on saute de roue en roue et on arrive à tenir le premier groupe. Et ensuite, sur un malentendu, au sprint, tout peut arriver, estime Ludo Mizoule, qui défend les couleurs de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme. Mais globalement, on ne peut pas exister sur un général. Ou alors il faut le faire pour viser une 40e place, mais ce n'est pas intéressant. Il faut jouer les classements annexes, qui intéressent les plus petites équipes et ça peut aider pour se faire réinviter l’année suivante”. Si certains sont là pour gagner, d’autres profitent surtout de leur séjour dans l’Ain pour apprendre. “Nos coureurs ont vu le niveau et ce qui les attend sur les prochaines grosses courses et même pour l’année prochaine chez les Espoirs”, dit Marc Averseng.

Les meilleures formations roulent déjà comme chez les professionnels, en bloc équipe. Et il n’y a plus vraiment de répit sur les étapes qui sont plutôt courtes. La moyenne la plus élevée prévue par l’organisation est ainsi souvent battue. “Avec tous les meilleurs compétiteurs et les équipes de développement présentes (neuf cette année, NDLR), il y avait un rythme très élevé. Les coureurs connaissent déjà les tactiques de course, ils sont habitués à ces épreuves et ça améliore le niveau. Il y a presque le niveau Espoirs”, estime Christian Schrot, le DS de Grenke-Auto Eder. “Il y a des équipes déjà hyper organisées, avec des trains, comme chez les professionnels, rapporte Ludo Mizoule. C'est impressionnant. Et il y a peu de répit parce qu'il y a toujours une équipe pour rouler, et comme il y a différentes choses à jouer, que ce soit l'étape ou le général, il y a toujours une formation pour venir à l'avant”.

« ON NE PEUT PAS RÊVER MIEUX »

Cette année, cinq coureurs sont ressortis du lot : le Danois Albert Philipsen, le Français Paul Seixas, l’Italien Lorenzo Mark Finn, le Slovène Jakob Omrzel et l’Espagnol Adria Pericas, écarté du général sur crevaison le premier jour. “Là où je suis surpris, c'est sur le niveau des tout meilleurs. Je ne pensais pas qu'ils étaient autant à être du niveau d'un Paul Seixas”, dit Ludo Mizoule. Damien Sigaud va dans le même sens. “Cette année par rapport aux autres années, on sent un vrai écart entre le Top 5 et le reste du peloton. Il y a une homogénéité entre la 6e et la 20e place”. Pour ceux qui étaient présents, cette édition restera dans leur mémoire. “Je crois que c’est une des plus belles éditions que j’ai vécues sur ce Valromey. Ça fait quelques années que je viens, c’est exceptionnel, on avait un peloton digne d’un Championnat du Monde”, dit Christian Schrot, et ce malgré la concurrence d’une manche de la Coupe des Nations en Slovaquie et du Championnat d’Europe sur piste. “On ressort cinq coureurs au-dessus du lot sur cette épreuve mais je suis certain qu’il y en a pas mal qui sont plus performants sur d’autres types de parcours”, ajoute Kevin Fouache.

Jean-Marc Vivier s’est lui régalé du début à la fin. “Je retiens surtout le nombre de nationalités différentes, aussi bien sur le podium final que les vainqueurs des maillots. Il n’y a pas une nationalité qui truste tout. Il y avait 21 nationalités différentes au départ donc l’aspect international de notre épreuve n’est plus à démontrer. En tant qu’organisateur, on ne peut pas rêver mieux”. Quelques chutes ont marqué la course, et certains pointent le nombre trop important de coureurs - ils étaient 174 au départ de la première étape -. Mais l’organisateur n’entend pas diminuer le nombre de concurrents au départ. “On sera toujours dans le même état d’esprit, de sélectionner le maximum d’équipes. C’est une discussion qu’on a eue avec les commissaires : pourquoi pas vingt équipes de six coureurs ? La réponse est non, parce que notre rôle est d’être une épreuve de formation. Il faut donner sa chance à 174 coureurs de venir faire l’Ain Bugey Valromey Tour. Je pense que quand ils apprennent leur participation, ils ont des papillons ou des petites flammes dans les yeux”. Comme lui, dimanche dernier, après une édition une nouvelle fois réussie. 

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