Pour les Bleus, un verre à moitié plein

Crédit photo UEC

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Pierre Gautherat n’y est pas allé par quatre chemins à sa descente de vélo. “On a complètement loupé notre course”, peste-t-il directement auprès de DirectVelo. Quelques instants plus tôt, son compatriote Léandre Lozouet vient pourtant d’apporter une médaille de bronze aux Bleus et évoque lui “une course parfaite” en zone mixte (lire son interview). Alors, comment expliquer un tel décalage ? “On venait pour gagner et on fait 3”. En réalité, la déception est d’abord personnelle pour l’exigeant Pierre Gautherat, qui faisait partie des grands favoris avant la course au maillot étoilé. “J’avais une grosse pancarte, c’est sûr, mais il fallait aussi l’assumer. Et je n’étais initialement pas prévu ici”, rappelle celui qui a remplacé Paul Magnier, blessé au Tour de Grande-Bretagne après trois succès. “J’aurais dû répondre présent, je ne l’ai pas fait totalement comme je l’aurais voulu. Je pense qu’il y avait mieux à faire mais ce n’était pas facile, les mecs étaient beaucoup sur moi et il n’y avait que des bons devant”.

MATYS GRISEL A FINI PAR EXPLOSER

Sans doute en manque de lucidité à chaud après un tel effort, Pierre Gautherat a vite oublié que les Bleus ont d’abord parfaitement joué le coup, tôt dans la course, en glissant pas moins de trois éléments dans ce qui s’est avéré être la bonne échappée, à douze. Pierre Gautherat et Léandre Lozouet, donc, mais aussi Matys Grisel, qui ne s’est pourtant pas présenté en Belgique dans les meilleures conditions. J'ai eu beaucoup de problèmes sur les dernières courses où j'ai abandonné sur chute et maladie. Je n'ai pas vraiment de foncier et j’ai fini par le sentir après 130 bornes”. Jusque-là, l’Espoir 1 avait fait le boulot en allant chercher les différentes attaques avec Léandre Lozouet, en protection de Pierre Gautherat, carte N°1 des Bleus. “Avec trois cartes dans un groupe de douze, on jouait sur du velours”, se félicite après coup Pierre-Yves Chatelon, le sélectionneur national. 

Puis, à quelque 60 bornes de l’arrivée, Léandre Lozouet s’en est allé, emmenant dans sa roue deux puissants coureurs, parmi les meilleurs au Monde dans la catégorie Espoirs cette année : l’Allemand Niklas Behrens et le Néerlandais Huub Artz. “On pensait que ça allait rester à douze plus longtemps mais les trois sont partis et ils ont fait un festival”, considère Pierre-Yves Chatelon. “Derrière, nos deux autres coureurs étaient censés faire de la patinette”. Malheureusement, Matys Grisel a fini par craquer après avoir multiplié les efforts pour contenir les tentatives de contre-attaques. “J’ai eu des crampes et j’ai fini par sauter”. Une fois isolé dans le contre, Pierre Gautherat se retrouve piégé. “Léandre était devant alors ce n’était pas à moi de rouler. Je me suis trop fait enfermer avec les plus forts. C’est dommage car je reviens d’une période compliquée ces dernières semaines mais là, j’avais vraiment de bonnes jambes”.

PIERRE GAUTHERAT EN ÉCHEC SUR LES CHAMPIONNATS

Devant, Léandre Lozouet fait au mieux mais ses deux adversaires finissent par le faire craquer dans les tous derniers kilomètres (voir classement). “C’est dommage que l’on passe à côté, juge Matys Grisel. La situation était limite mieux quand on était trois sur douze qu’avec un élément sur trois devant. On misait plutôt sur un sprint avec Pierre”. Mathématiquememnt pourtant, une chance sur trois équivaut à un tiers tandis que trois chances sur douze valent pour... un quart. Mais Matys Grisel et Pierre Gautherat n’accablent de toute façon pas Léandre Lozouet, déjà fidèle équipier avec l’équipe de France sur les routes de la Course de la Paix puis du Tour de l’Avenir, et qui a fait le travail en se portant à l’avant. “Personnellement, je ne suis pas content, appuie Pierre Gautherat. Je n’ai même pas réussi mon sprint pour une place d’honneur sur la fin. J’ai lancé de trop tôt. Les Championnats, ce n’est pas facile. Je n’y arrive jamais. Mais pour Léandre, c’est bien d’avoir une médaille, c’est sûr”.

De son côté, le sélectionneur national n’est pas malheureux de repartir avec une énième médaille d’un Championnat international, pour la première course des Bleus cette semaine, alors qu'ils ont zappé les chronos et l'épreuve sur route Espoirs Femmes. “On est plutôt contents de ce résultat. On a perdu la carte Gautherat, qui était notre atout principal pour le sprint, mais il n’a pas gagné le sprint de son groupe alors on peut se dire que même si c’était arrivé pour la gagne…, rappelle Pierre-Yves Chatelon. Compte tenu de la configuration, c'est sans doute le meilleur résultat qu'on pouvait obtenir”.


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