Grace Brown : « J'ai réussi ma mission »
Récemment Championne olympique du contre-la-montre, Grace Brown a coché une nouvelle case ce dimanche, en signant le doublé avec le Championnat du Monde de la discipline, à Zurich (voir classement). L'Australienne s'impose en cette saison comme la plus grande spécialiste de l'effort solitaire, et pourtant. La coureuse de FDJ-Suez a annoncé qu'elle prendrait sa retraite à la fin de la saison. Et ce n'est pas cette année de rêve qui la fera changer d'avis, puisqu'elle concède qu'il ne s'agit pas d'un déficit de niveau, ou d'une lassitude du cyclisme, mais bien un manque du pays, elle qui évolue en Europe depuis six années. Grace Brown en a dit plus sur ses raisons en conférence de presse, où DirectVelo était présent.
DirectVelo : T'attendais-tu à ce doublé Jeux Olympiques/Championnat du Monde ?
Grace Brown : Je ne savais pas trop où j’allais en être après avoir pris le temps de souffler un peu après l’enchaînement J.O. et Tour. Une fois que je m’y suis remis à fond, j’ai senti que ça tournait toujours très bien. J’étais assez confiante, je me sentais clairement capable de décrocher ce titre mondial.
En un sens, est-ce que le fait d'avoir annoncé ta retraite t'a libérée ?
Le fait d’arrêter en fin de saison est forcément spécial. Je ne sais pas si ça mettait plus ou moins de pression, d’envie… Ce qui était sûr, c’est que j’allais tout donner jusqu’au bout. J’ai tenté de tout optimiser pour ne pas avoir de regrets. J’ai réussi ma mission, il n’y a plus de questions à se poser.
« POUR LES EUROPÉENS, C'EST COMPLIQUÉ D'IMAGINER CE QUE C'EST »
Vu ton niveau, tu es sûre de ne pas repartir pour une saison ?
Des centaines de personnes me demandent de continuer (rires). Ce serait sympa, bien sûr, j’adorerais le faire. Je sais que l’an prochain, quand je regarderai les courses, je serai triste de ne pas être là au milieu des filles. Mais si j’arrête, ce n’est pas parce que je suis lassée du cyclisme mais simplement parce que le manque de mon pays, de ma vie d’avant, de mes proches, est plus fort que ne le sera sûrement le manque du cyclisme. Je suis restée concentrée sur mes objectifs jusqu’au bout mais je suis sûre de moi depuis longtemps et rien ne me fera changer d’avis, pas même ce maillot arc-en-ciel.
Est-ce que les Européens comprennent bien ce manque que tu évoques ?
Je sens bien que beaucoup ont du mal à comprendre ce que je ressens. Pour les Européens, c’est compliqué d’imaginer ce que c’est, en tant qu’Australienne, de passer les trois quarts de l’année à l’autre bout du Monde. Je suis loin de ma famille et parfois, honnêtement, je me sens seule, même si je suis entourée de formidables personnes dans le monde du vélo, ici en Europe. Mais ce n’est pas la même chose que la famille. Et puis, la culture n’est pas la même. Le côté “relax” en Australie n’est pas une légende, j’ai besoin de retrouver ce mode de vie-là, à Melbourne, avec famille et amis, ça me manque. C’est aussi la raison pour laquelle je n’envisage pas de continuer de travailler dans le monde du vélo, ou alors pourquoi pas en tant que commentatrice, depuis l’Australie (rires). Mais devenir directeur sportif par exemple n’est pas franchement envisageable. Les désavantages seraient les mêmes. Je n’ai plus envie de passer huit mois de l’année en Europe.
Il y a la possibilité de compléter ta collection d'ici la semaine prochaine...
Oui, je vais faire le relais mixte mercredi. Je ne l’ai pas fait ces trois dernières années car c’était avant le chrono individuel. On aura, je pense, une grosse équipe, et il me semble qu’on peut espérer la médaille d’or. Puis sur la course en ligne, on n’aura pas LA favorite mais si on court intelligemment tactiquement, il peut y avoir de belles choses à faire là aussi.