David Menut : « J'avais perdu cette flamme du dernier tour »
Depuis décembre 2019 et une manche de Coupe de France à Bagnoles-de-l'Orne, David Menut n'avait plus trouvé le chemin de la victoire sur un cyclo-cross UCI. Ce dimanche, pour la quatrième manche de Coupe de France à Pierric, le coureur de l'AS Bike Racing en a fini avec cette disette en s'imposant au terme d'une belle bataille avec Rémi Lelandais (voir classement). Malgré ses 32 printemps, David Menut est loin d'être dépassé par la jeunesse de ses adversaires, et confirme qu'il est toujours l'un des meilleures Elites français de la discipline. Au micro de DirectVelo, il a confié son soulagement d'être enfin vainqueur, lui qui porte un œil toujours aiguisé sur sa discipline et ceux qui la font.
DirectVelo : Te voilà enfin vainqueur !
David Menut : Ça fait vraiment du bien. Mon soulagement était à la hauteur de mon cri sur la ligne, j'en ai même un peu honte (rires). C'est rare pour moi de gagner des courses. J'ai perdu la confiance de gagner des cross. Mais je le sais maintenant, je fais des bons résultats quand le rythme est très élevé. Mon objectif était sur la Coupe du Monde, je suis toujours un second couteau, même si j'ai fait un très beau Championnat d'Europe. Ce n'est pas inné de gagner, j'avais perdu cette flamme du dernier tour, de savoir bien gérer, faire les efforts au bon moment.
« ON S'EST RENDU COUP POUR COUP »
Comment as-tu construit ce succès ?
J'ai utilisé une technique particulière aujourd'hui, en attaquant Rémi le plus possible. Au final c'est un peu jackpot, car au milieu du dernier tour il m'a attaqué sur la partie très roulante, j'ai perdu 3-4 mètres, j'ai eu du mal à reboucher. Mais tous les efforts que je lui ai fait faire pendant la course, ça fait qu'il a toxiné avant moi sur le sprint final et la remontée. C'est clairement ce qui m'a aidé à le dépasser sur le final. Car sur un effort de 30 secondes comme ça, il est plus fort que moi. C'était simplement un sprint à la résistance, et ça m'a souri. Ma tactique d'aujourd'hui était la bonne pour gagner.
Tu gagnes en plus après un gros duel avec Rémi Lelandais...
Malgré ce qu'on peut voir, on s'est rendu coup pour coup. Rémi a été intelligent, il a fait avec ses qualités et ses sensations. Je ne pense pas qu'il soit à 100% car il tient une crève depuis quelques temps. C'était un beau duel, je pense avoir roulé un peu plus que lui mais on s'est rendu coup pour coup. Il attendait de m'attaquer, moi je n'ai fait que ça, des relances toniques. Je ne le loupais pas quand il faisait une erreur.
« JE LES JALOUSE UN PEU »
L'AS Bike Racing a fait bien mieux aujourd'hui qu'hier !
On a discuté hier soir, car les résultats n'étaient pas satisfaisants. On veut toujours plus. Les moyens de l'équipe sont les plus gros en France. Sur une Coupe de France, on veut tous bien faire, on est tous hyper impliqués. On sait qu'on a du talent, qu'on travaille dur et que notre place est à l'avant. Mais quand ça ne sourit pas comme hier, on se remet en question et on cherche tous ensemble les clés. Notre petite cohésion de groupe a fait qu'aujourd'hui on a remis les pendules à l'heure. C'est cool de voir que ça porte ses fruits. Comme l'an dernier, je suis sûr de leurs qualités, je sais ce qu'ils ont vécu en début de saison et où ils vont arriver. Personne n'aurait dit à Nathan (Bommenel) qu'il allait être Champion de France et il l'a été. Je leur fais confiance et ils sauront être là au bon moment.
Quel regard portes-tu sur cette jeunesse que tu côtoies ?
Sans parler des plus jeunes, je n'ai jamais été dans de telles conditions pour exercer ma discipline. C'est peut-être ma dernière saison mais j'en profite à fond parce que je sais que les moyens sont les meilleurs que je n'ai jamais eus. Je ne peux pas le cacher, je les vois eux évoluer dans une structure comme ça, je les jalouse un peu. Je suis passé pro sur route, je ne regrette rien car j'aurais été frustré dans le sens inverse, mais qu'est-ce que j'aurais kiffé dans mes jeunes années avoir une équipe comme on a aujourd'hui, ma carrière aurait peut-être été différente. Avec des si on peut tout refaire. Je suis très heureux pour eux mais encore une fois je les jalouse un peu (rires).
« J'AI VU DES COURSIERS MAL TERMINER, UN PEU AIGRIS »
Tu parles d'un arrêt potentiel. Qu'est-ce qui peut affecter tes choix ?
Je l'évoque. Mais on verra en fin de saison. Je n'ai pas envie de terminer ma carrière frustré. J'ai vu des coursiers mal terminer, un peu aigris. Je n'ai pas envie de ça. Ce n'est pas pour autant que je ne piaille pas sur certains jeunes parfois (sourire). Mais là c'est autre chose, ce n'est pas de l'aigreur. Je ne veux pas ronchonner parce que je n'ai plus de plaisir. Sur ce début ce n'est pas le cas, je me suis surpris la semaine dernière, là je suis fin heureux de gagner. On fera le point à la fin de la saison.
As-tu l'impression d'avoir en plus tes meilleures jambes depuis longtemps ?
C'est possible. On a fait un stage en altitude. Contrairement à mes deux dernières années, j'ai refait un été de qualité sur route avec le CR4C Roanne. J'ai refait des vraies courses, j'ai refait une mise à jour de mes qualités de routier de l'époque. On est dans des conditions à chaque fois meilleures donc ce sont plein de petites choses qui font que je suis peut-être un poil meilleur cette année que les autres. C'est aussi de la maturité et de l'assurance sur le vélo, je sens que je maitrise mon sujet sur le vélo. Je ne sens pas que j'ai une puissance démesurée mais c'est un tout qui fait que le combo est plutôt bon aujourd'hui.