Les comités des fêtes, la clef de voûte des Trophées de Brocéliande
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Une salle polyvalente, un dimanche de novembre, une estrade, une rangée de tables couvertes de nappes qui attendent de servir le pot de l'amitié et d'offrir des parts de pizza en apéritif. Tous les ingrédients d'une remise de prix de fin de saison sont réunis à Saint-Maugan (Ille-et-Vilaine) pour fêter les lauréats des Trophées de Brocéliande 2024, organisés par le VC Mévennais, le club de Saint-Méen-le-Grand. Ce challenge existe depuis 1988 et il n'est pas le seul en Bretagne, où on retrouve, entre autres, le Challenge de la Flume et du Meu, le Trophée Job Morvan, et aussi dans les autres comités. Mais les Trophées de Brocéliande sont un bon exemple de l'initiative d'un club pour mettre en valeur ses courses.
« QUAND ILS DISPARAISSENT, LA COURSE DISPARAIT AVEC »
Hubert Guinard en a donc eu l'idée il y a 36 ans, avec René Lochet, le président d'alors du VC Mévennais. Aujourd'hui, c'est sa fille Annick, qui a pris le relais. Si en 1988, il y avait onze épreuves au programme, il en reste quatre aujourd'hui. Pour organiser, les clubs dépendent des comités des fêtes qui leur confient le contrôle technique de leur course. "Quand ils disparaissent, faute d'argent ou de bénévoles, la course disparaît avec", souligne Annick Lochet. Le maire de Saint-Maugan, Etienne Bonnin, hôte de la cérémonie, rappelle les difficultés de ces associations et donc leur fragilité. "Pour les comités des fêtes, ce ne sont que les activités annexes qui financent ces événements". La député de la circonscription, Claudia Rouaux, ajoute, "les bénévoles sont la plaque tournante avec les organisateurs". Elle était d'ailleurs une des membres les plus assidues de la commission d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des fédérations sportives. En devenant rares, ces comités des fêtes deviennent recherchés et en Bretagne, des clubs n'hésitent pas à se les piquer pour récupérer le contrôle d'une course. Ça frotte aussi dans ce peloton.
En 2024, les Trophées de Brocéliande c'était donc quatre courses Open 2-3 et Access 1 et 2 (1). "Avant le Covid, on était déjà descendu à quatre épreuves, précise Annick Lochet. Ce qui a baissé, ce sont aussi les partenaires privés". Mais la présidente du VCM croit en l'attrait des Trophées. "Pour les comités des fêtes, j'ai l'impression que c'est un plus d'afficher Trophées de Brocéliande sous le nom de leur course. À un moment, on avait voulu s'arrêter pour ne pas s'user mais on n'avait pas trouvé mieux. C'est une marque pour le club".
VALENTIN LE BOZEC DÉCOUVRE LES TROPHÉES ET FAIT LE DÉPLACEMENT
Les autres acteurs principaux des Trophées sont les coureurs qui étaient mis à l'honneur ce dimanche. Ewen Danion (Dynamic Club Quédillac), vainqueur du général, est un habitué, il avait déjà gagné le classement Juniors en 2017. C'est aussi un local qui habite à dix bornes de Saint-Maugan. "Les Open 2 aiment bien courir à côté de la maison, on peut y aller à vélo. Ce sont des courses où il y a beaucoup de spectateurs. Et c'est un fil rouge, ça donne de petits objectifs". Freddy Poilvert (Team La Godasse) habite un petit peu plus loin mais c'est un fidèle, il a participé à toutes les manches pour terminer 4e. "J'y ai toujours participé et le challenge permet de se motiver". Mais il n'y a pas que les locaux au départ. "Il y a même des coureurs qui habitent plus loin et qui sont attirés pour défendre une place au classement", ajoute le vainqueur des Trophées.
Valentin Le Bozec est le parfait exemple du coureur que les Trophées de Brocéliande ont fait venir disputer les épreuves. Le sociétaire du Team Côte de Granit Rose habite à 1h30 de route du Pays de Brocéliande "et je ne connaissais pas les Trophées avant de gagner à Saint-Onen". C'est sans compter sans l'à-propos d'Annick Lochet qui lui donne le règlement. "Ça m'a motivé pour la suite, surtout que ce sont des circuits roulants qui me conviennent". Pour le futur de coureur de N3, les deux dernières courses sont aussi l'occasion d'expérimenter la course dans la course pour le classement final. "Il y a plus de stratégie entre les premiers du classement général. À Quédillac (la finale, NDLR), le leader (Pierre-Antoine Berche, EC Rennaise) était piégé et on a roulé avec Ewen Danion".
« IL NE FAUT PAS DONNER D'ARGENT »
Après l'effort, le réconfort. "Les Trophées de Brocéliande offrent 1 200 euros de lots", précise Hubert Guinard. "Il ne faut pas donner d'argent, j'ai posé la questions aux coureurs, ils apprécient les lots", ajoute Annick Lochet. C'est ainsi que Valentin Le Bozec repart chez lui avec une tablette, "je n'en avais pas". "La dotation, c'est toujours motivant, poursuit Ewen Danion, pour certains gars, du matériel pourrait être aussi intéressant mais moi, j'ai la chance de travailler dans un magasin de cycles". Les récipiendaires sont donc repartis avec des grands cartons mais plus de grande coupe. "Maxime Daniel m'avait dit, « ça ne passe pas dans la maison »", se souvient Hubert Guinard. L'ancien pro d'AG2R La Mondiale reste un fidèle des Trophées puisqu'il servait à la buvette pour la course de sa commune de Boisgervilly, le lundi de Pentecôte. Mais ces grandes coupes laissent aussi de bons souvenirs. "J'ai revu Anthony Cocault, un ancien vainqueur, il m'a dit qu'il était toujours très fier de son trophée", rappelle Annick Lochet.
Mais l'absence de ceux qui n'ont pas trouvé le chemin de Saint-Maugan pour venir chercher leur récompense reste en travers de la gorge des organisateurs. "Quand on est invité, on essaie de répondre si on ne vient pas, regrette Hubert Guinard. À leur âge, si on m'avait donné l'équivalent de 250 euros, je serai passé à travers champs pour venir les chercher". De quoi faire douter la présidente du VC Mévennais. "Est-ce qu'il faut continuer ?".
Une semaine après les coureurs, ce sont les quatre comités des fêtes que le club va inviter. "Pour faire un bilan, poser des questions dans la lignée de ce que faisait mon père. On ne peut pas travailler sans eux, indique Annick Lochet. Les Trophées tiennent bon, il faut les faire vivre, j'en ai vu des challenges qui ont disparu. Les temps sont difficiles pour tout le monde mais on a toujours l'optimisme et l'envie".
(1) : Saint-Maugan, Saint-Onen-la-Chapelle, Boisgervilly et Quédillac
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