Médéric Clain : « Je veux passer le flambeau »
Médéric Clain ne s'arrête jamais. En début de mois, il a remporté une étape en ligne et le contre-la-montre par équipes au Tour de Madagascar. A présent, il prépare une nouvelle saison, à 35 ans, où il troquera le maillot de Tours Agglo 37 Cyclisme pour celui du CG Orléans Loiret, toujours en DN3. Conversation à bâtons rompus avec www.directvelo.com.
DirectVélo : Que retires-tu de ta deuxième participation au Tour de Madagascar ?
Médéric Clain : La course valait une compétition amateur française voire certaines professionnelles. Grâce à l'organisateur, Francis Ducreux, nous avions même un cuisinier itinérant ! Dans le Sud de l'île, nous en avons pris plein les yeux, les paysages étaient superbes. Et puis, nous sommes restés fidèles à notre philosophie : nous faire plaisir tout en faisant plaisir aux gens. Partager, c'est important, ça !
De quelle manière as-tu concrétisé ces valeurs à Madagascar ?
Nous avions apporté un vélo et des tenues de vélo pour les cyclistes locaux, et nous avons essayé de leur montrer quelques façons de courir. Le public était content de nous voir lui aussi. Franchement, je préfère participer à ce genre de belles aventures que me retrouver au départ de certaines épreuves en France, avec quarante coureurs au départ et zéro spectateur.
« J'ai gardé mon moral de cadet ! »
Est-ce que tu t'ennuies sur les courses françaises ?
Ah non ! J'ai gardé mon moral de cadet ! Je peux comprendre que certains coureurs qui ont passé leur carrière en amateur finissent par se lasser, à refaire les mêmes courses chaque année. Ce n'est pas mon cas [Médéric Clain a été professionnel de 2000 à 2004, NDLR]. J'adore les épreuves en Poitou-Charentes, l'Aquitaine est une région magnifique... J'aime toujours autant discuter avec les organisateurs. Je mesure le mérite qu'ils ont à nous proposer de belles épreuves.
Qu'est-ce qu'il faudrait changer alors, selon toi ?
La FFC travaille et essaie de faire de son mieux, j'en suis convaincu. Peut-être devrait-elle écouter plus souvent les directeurs sportifs des clubs amateurs ou bien des coureurs qui ont quelques années d'expérience. Les quotas d'anciens, dans les clubs et sur certaines épreuves, c'est une erreur. Il y a des courses où je vois surtout des vieux en tête, pas trop des jeunes. Quand j'ai commencé le vélo, le respect des vieux existait. Les conseils de leur part, il fallait les mériter. Et mieux valait les écouter sinon, ils ne nous faisaient pas de cadeau ! C'est vrai, j'ai connu l'époque à laquelle certains vieux se servaient des jeunes pour marcher.
Pourquoi avaient-ils tort ?
A mon sens, les vieux doivent aider les jeunes à progresser et les pousser à avoir des résultats. Pour nous, ce qui compte, c'est le plaisir. Notre palmarès est derrière nous. Il faut le dire : si les vieux partent, c'est la mort du vélo en France. Sans nous, comment les jeunes vont-ils apprendre ? On trouve d'excellents directeurs sportifs mais ce n'est pas suffisant sur le terrain. Pour rehausser le niveau, on fait souvent appel à des coureur étrangers. Pas sûr qu'avec la barrière de la langue ils puissent transmettre leur savoir-faire au mieux.
« La DN3 reste un niveau tout à fait intéressant »
Tu conseillerais à un coureur Espoir de faire ses classes dans un club de DN3. Ce n'est pas une option très répandue...
Mais pourquoi se précipiter dans une DN1 à la sortie de la catégorie Junior ? Avant de gagner de belles courses, il faut apprendre à gagner tout court ! Or, avec des DN3 on peut avoir un calendrier cohérent, multiplier les épreuves 1-2-3 où l'on apprend énormément. Bien sûr, il faut choisir un bon club, avec un bon capitaine de route. Mais la DN3 reste un niveau tout à fait intéressant.
Qu'est-ce qui te plaît dans l'idée de former les jeunes alors que tu es encore coureur ?
Depuis mon retour chez les amateurs, en 2005, c'est l'une de mes sources de motivation dans le vélo. Il y a l'équilibre de vie qu'apporte ce sport, les relations qu'on peut nouer, et la transmission. Place aux jeunes ! Je veux passer le flambeau. Un jeune qui roule sans gant parce qu'il est soucieux de sa marque de bronzage, je le lui fais remarquer. La sécurité doit primer. Parfois, il m'arrive même de conseiller un jeune qui ne porte pas le même maillot que moi.
Tu as un exemple ?
Au Tour du Loir-et-Cher, j'ai orienté Anthony Saux. C'est un coureur que j'aime vraiment bien. Il a un bon directeur sportif, Pascal Déramé, et il peut progresser dans la saison grâce à un capitaine de route comme Franck Charrier. Mais le dernier jour, je lui ai dit de petites choses quand il avait son maillot jaune à défendre. Anthony Saux est encore très jeune, la situation était nouvelle pour lui.
« Je serais très motivé de courir une saison avec le maillot tricolore comme objectif »
En 2012, tu t'es engagé au Cercle Gambetta Orléans Loiret . Pourquoi ce choix ?
La saison avec Saint-Cyr Tour Agglo n'a pas tenu toutes ses promesses parce que nous sommes partis en DN3 au lieu de DN2. Par le passé, le club a fait de gros efforts pour trouver des sponsors et créer une belle équipe. Mais l'année qui s'achève a été vraiment difficile. Après mon petit coma [survenu au Kreiz Breizh en 2010], j'ai eu un passage à vide, j'avais besoin de me relancer. Roland Gruber, le président du CG Orléans Loiret, n'était pas forcément partant pour monter une équipe solide en première catégorie mais il a fini par accepter l'idée. C'est un dirigeant qui a beaucoup apporté au vélo et nous avons envie de lui faire encore plaisir. Je vais donner le maximum, des jeunes comme Julian Maingot et Jonathan Boucher vont certainement confirmer leurs progrès, les gars de Blois CAC 41 - Florent Piet-Paquette, Cénéric Racault et Florian Touzeau - seront de bons renforts, les autres tiendront sans doute leur rôle eux aussi. Je pense que nous avons un bon effectif et l'ambiance sera excellente. Une ambiance de copains, j'en ai besoin pour avancer.
Pourras-tu disputer des épreuves UCI de classe 2 ?
Je l'espère. Grâce à nos bonnes relations avec les organisateurs, nous avons la chance d'être invités. Ils savent que quand nous venons, nous animons la course. Normalement, nous pourrons courir le Tour du Loir-et-Cher. J'aimerais bien aller au Grand Prix de Nogent-sur-Oise et au Tour de Gironde... Hélas, un règlement de la FFC nous empêche de courir des épreuves 2.2 dans des comités qui ne sont pas limitrophes. C'est dommage. J'aime beaucoup les épreuves de classe 2 pour me confronter avec des équipes Continentales. Aujourd'hui, je pense que c'est là que j'ai le plus ma place. Chaque année, je parviens à marquer quelques points UCI.
Quel dernier défi voudrais-tu te lancer, à 35 ans ?
Le Championnat de France Elites. En 2005, j'ai terminé troisième. Malheureusement, quand on court en DN3, on ne peut participer qu'avec une équipe du comité régional et, chez nous, l'Orléanais a fait le choix des jeunes depuis deux ans. Je me plie à cette décision. Elle correspond d'ailleurs à ma philosophie. Mais je sais que je serais très motivé de courir une saison avec le maillot tricolore comme objectif.
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Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com