A 27 ans, Jérôme Giaux fait office de "papy" du peloton amateur belge. Le coureur de Bofrost-Prorace, qui évoluera toujours dans la structure brabançonne l'an prochain, repartira en 2014 pour une nouvelle saison à ce niveau. Il tentera de rattraper quelque peu son année 2013 où la victoire lui a tourné le dos. Sans langue de bois, le Rochefortois analyse sa saison écoulée, son avenir et donne également son avis sur le cyclisme amateur belge où amateurs et professionnels se mélangent de plus en plus. Entretien pour www.directvelo.be.

DirectVélo : Quel bilan tires-tu de ta saison 2013 ?
Jérôme Giaux : Ce fut une année marquée par la régularité. J’ai toujours été présent quand je le devais. Il m’a seulement manqué une belle victoire.

Quels furent les bons et moins bons moments ?
Le Tour du Jura reste un agréable souvenir. Avant de pouvoir endosser le maillot de leader, j’avais pris beaucoup de plaisir lors de l’étape matinale disputée dans des conditions climatiques dantesques. L’après-midi, en revanche, j’en avais bavé, tétanisé par le froid mais j'avais tout de même réussi à garder la tunique. On peut dire que ça réchauffe en quelque sorte. Le Tour Nivernais Morvan constitue également un chouette souvenir malgré que j’échoue de peu. Parfois, c’est plutôt l’expérience humaine vécue sur certaines courses, certains tours qui en font des bons souvenirs et pas forcément le résultat. Côté négatif, je retiendrai Bruxelles-Zepperen en ouverture de saison. Je termine troisième et pourtant, le souvenir que je garde de cette course, c’est de m’être royalement ennuyé sur le vélo. Un de mes plus mauvais souvenirs, cette année, reste néanmoins le Triptyque Ardennais. La condition était là mais un virus en a voulu autrement.

Tu pensais tout de même remporter plus de courses...
Certainement. Je reste un gagneur au fond de moi. Mais gagner cinq, six ou sept kermesses sur une saison, je l’ai déjà fait. Je n’ai pas besoin de prouver à nouveau que je sais le faire. D’ailleurs, la course de Wolvertem fut ma dernière kermesse en 2013 et elle avait lieu début juin. Je préfère cibler un ou deux objectifs et me préparer en conséquence. Mais on n’est jamais à l’abri d’un imprévu et donc, quand on réduit le nombre de courses, on réduit aussi ses chances de succès.

« JE N'AI PLUS GRAND CHOSE A PROUVER »

Si on prend tes trois dernières saisons, qu'est-ce qu'il t'a manqué pour franchir un palier supplémentaire ?
Sincèrement, vu la conjoncture actuelle, ce n'est pas le genre de question que je me pose. Comme dans beaucoup de sports, de métiers, ce n’est pas forcément les qualités et les résultats qui priment (sic).

Tu avais déclaré, il y a peu à DirectVélo, que tu espérais encore passer professionnel. Est-ce toujours le cas ?
Honnêtement, je n’ai plus grand chose à prouver. Je pense avoir assez démontré depuis que je suis passé chez les espoirs que j’avais les qualités requises et les résultats qui suivaient. Dès lors, je ne vais pas pleurer pour décrocher un hypothétique contrat pro. Je n’ai d'ailleurs pas fait de démarche cette année.

« CONTINUER A VISER LES EPREUVES AUX PARCOURS FATIGANTS »

Tu resteras chez Bofrost-Prorace en 2014 : on te sent chez toi dans cette formation ?
Oui, tout à fait. Si c’est pour rouler sans contrat, autant rester dans une structure où j’ai mes points de repères. On a établi une relation de confiance depuis longtemps. Nous nous connaissons depuis des années, aussi bien Benny Willems qu’Eddy Verhoeven pour ne citer qu’eux. Ces deux personnes représentent bien plus que mes directeurs sportifs, ce sont des amis. Concernant l’effectif pour la prochaine saison, je pense que le staff a réalisé un bon mercato. L’effectif s’est renforcé sur plusieurs fronts. Il n’y a que le départ de Thomas Ongena qui m’attriste. C’est quelqu’un d’entier, un super gars.

Quelles seront tes ambitions pour l'an prochain ?
Je vais continuer à viser les courses aux parcours fatigants. C’est ce qui me convient le mieux. Le Triptyque Ardennais, le Tour du Jura, le Tour du Nivernais Morvan, le Tour de Liège, le Tour de Namur, seront pointés au calendrier.

« 2014, UNE ANNEE CHARNIERE POUR LE CYCLISME »
 
En tant que coureur expérimenté du peloton amateur belge, comment vois-tu la future saison avec l'arrivée de nouvelles continentales et qui compteront en leurs rangs de nombreux anciens professionnels ?
C’est le plus bel exemple que la crise fait rage dans le cyclisme. Les coureurs sous contrat dans des formations plus huppées ont dû se résoudre à voir plus petit. Tout profit pour ces équipes de moindre envergure. 2014 sera certainement une année charnière. Il faut dire aussi qu'en Belgique, il existe un problème de catégorie. C’est une drôle de catégorie combinant des amateurs à des "soi-disant" professionnels. Soi-disant car les équipes n’ont généralement pas les moyens ou les invitations pour assumer un programme complet à ces coureurs. D’où l’idée de la Fédération d’ouvrir certaines courses amateurs aux "pros" de ces équipes. En revanche, ils doivent faire les championnats nationaux dans la catégorie pro. C’est évident puisqu’ils ont signé un contrat et acquis une licence pro. Mais c’est bien la preuve que la Fédération a un souci dans la hiérarchisation de ses catégories. Donc les élites sans contrat se tournent de plus en plus vers une licence "amateur-masters" car le niveau amateur s’élève et certains coureurs n’y trouvent plus trop leur compte.

Quand tu vois le nombre de continentales et les coureurs qui s'y trouvent, ne te dis-tu pas que tu aurais ta place dans une de ces structures ?
Sincèrement, comme je l'ai stipulé plus haut, je n’ai pas cherché à faire les démarches pour essayer de rejoindre une de ces formations. Puis, de toute façon, on participe plus ou moins aux mêmes courses, qui plus est avec le nouveau règlement. Puis autant se sentir bien dans une bonne structure non-continentale que d’être malheureux dans une structure de bras cassés (sic).

Crédit Photo : Martine Lainé