Teutenberg, de conseiller technique à doyen des Mondialistes

Doyen des participants au Championnat du Monde contre-la-montre Elites, Lars Teutenberg a une sacrée histoire derrière lui. Agé de 44 ans, l'Allemand est actif depuis plus de 25 ans dans les pelotons. DirectVelo.com a rencontré l'ancien conseiller de... Tony Martin et Bert Grabsch, après l'arrivée de son premier Mondial.

DirectVelo : 44 ans, et premier Championnat du Monde...
Lars Teutenberg : Il y a d'autres coureurs plus âgés qui ont déjà participé à un Mondial. Mais c'est un contre-la-montre ! Je me suis entrainé toute l'année juste pour cela. Aujourd'hui, j'ai réalisé qu'il me manquait des courses sur route dans le final. J'ai eu du mal dans la dernière côte. J'aimais vraiment bien la première partie, mais le final était très difficile, surtout après un chrono si long. J'ai fait quelques critériums, et beaucoup d'entrainement, essentiellement des séances courtes et des intervalles car je n'ai pas beaucoup de temps. Je suis amateur ! C'était trop dur pour quelqu'un qui ne fait pas le Tour de France ou d'autres courses. Tu as besoin de la distance des longues courses pros pour conserver un bon niveau jusqu'à l'arrivée. Mais je peux dire que j'ai tout donné, donc c'est bon !

« GAGNER L'IRONMAN »

Tu as une sacrée carrière derrière toi...
J'ai été professionnel essentiellement sur la piste. Puis j'ai travaillé comme responsable technique pour la Team High Road, pour  les tests aérodynamiques notamment. Maintenant, je travaille pour le fabricant de cycle Scott. Je m'occupe des performances techniques des équipes Orica Green Edge et IAM Cycling. Et je travaille aussi avec des triathlètes. La semaine prochaine, je partirai à Kona avec Sebastian Kienle et Luke McKenzie. Je veux gagner l'IronMan avec le nouveau modèle Plasma 5. Moi, je ne ferai pas ça, car je ne sais pas nager ni courir.

Pourquoi était-ce si important de participer au Mondial pour toi ?
J'ai toujours passé tous les tests techniques moi-même pour mieux comprendre les sensations des coureurs. J'ai beaucoup appris. J'aurais bien voulu avoir toutes ces informations quand j'étais jeune pour me développer. Les jeunes coureurs n'écoutent et ne suivent que rarement les suggestions. J'ai voulu montrer à tous ceux-là qu'en profitant des avantages techniques, tu améliores tes performances. Si tu fais tout bien, que tu écoutes les experts, que tu fais les entrainements de fond, des intervalles, des tests aérodynamiques, tu peux aller vite et arriver à un bon niveau, même si tu n'as pas un très gros moteur.

« PARFOIS, TONY (MARTIN) N'EN FAIT QU'A SA TÊTE »

Chez High Road, tu as donc eu l'occasion de travailler mais aussi de rouler avec Bert Grabsch et Tony Martin, deux Champions du Monde contre-la-montre ?
J'ai collaboré avec Bert Grasch, je m'occupais de sa position. L'année avant qu'il soit Champion du Monde, il m'avait battu d'à peine une seconde au Championnat d'Allemagne contre-la-montre. J'ai compris que je n'étais pas le plus mauvais rouleur contre-la-montre. Nous avons beaucoup travaillé avec Tony Martin. C'est agréable de voir que quand les gars suivent tes conseils, ils deviennent presque imbattables comme Tony les dernières années.

Comment décrirais-tu ces deux coureurs ?
Tony Martin est plus ouvert pour les nouvelles technologies. C'était par exemple sa volonté d'essayer de rouler avec des pneus et plus des boyaux. Il a quand même été trois fois Champion du Monde contre-la-montre avec des pneus, alors que pour les autres professionnels, c'est juste bon pour les entrainements. Mais parfois, il n'en fait qu'à sa tête et dit que c'est impossible. Alors, je teste moi-même et je lui prouve que c'est possible. C'est alors plus facile de lui faire accepter.

« JE NE CONNAIS PRESQUE AUCUN COUREUR CAR ILS SONT TROP JEUNES »

C'est assez paradoxal, tu as aidé tes concurrents à progresser ! Car en 2012 par exemple, tu avais terminé 3e du Championnat d'Allemagne contre-la-montre, derrière Grabsch et Martin...
C'était un très beau podium. Ca me faisait plaisir d'être derrière ces deux Champions du Monde avec qui j'ai travaillé. Nous avons été concurrents sur les Championnats nationaux, mais ici, aux Mondiaux, nous ne sommes pas adversaires. De toute façon, Tony Martin et moi ne courrons pas dans la même catégorie.

L'as-tu encore conseillé avant le contre-la-montre de ce Mondial ?
Avant le départ, je lui ai encore donné des informations sur la descente, les risques qu'il pouvait prendre ou non. J'avais reconnu le parcours avec lui et j'ai pu lui donner des conseils ! Je suis ici depuis une semaine, et j'ai fait beaucoup de sorties de reconnaissance sur le circuit, pour bien le connaitre. Alors qu'il faisait son premier tour lundi, je connaissais déjà beaucoup mieux le parcours car j'avais déjà suivi le contre-la-montre par équipes des Dames, et que j'y avais roulé ... J'avais déjà beaucoup de choses en tête que j'ai pu lui dire pour qu'il soit plus rapide sur le parcours, sans qu'il ait besoin de plusieurs jours pour savoir ce qu'il devait faire.

Nikias Arndt, troisième coureur de la sélection allemande n'a que 22 ans, il pourrait être ton fils...
Oui, en effet ! J'ai une très bonne relation avec les coureurs en général. Maintenant, quand je vais faire mes courses, je ne connais presque aucun coureur car ils sont trop jeunes. C'est mon compagnon de chambre et nous nous sommes bien amusés. Nous avons parlé beaucoup des à côtés de la course ensemble.

« JE PEUX ETRE PLUS RAPIDE QUE JENS (VOIGT) »

Tu as aussi du côtoyer Jens Voigt et suivre attentivement son record de l'heure ?
Pour un non-spécialiste, et avec toutes ses courses sur route, c'est un bon résultat. Jens n'a pas eu beaucoup de temps pour se préparer car il fait beaucoup de courses par étapes aux Etats-Unis. Je suis presque sûr que j'ai roulé plus de kilomètres sur piste et sur mon vélo de chrono cette année que ce que Jens a fait pour préparer son record de l'heure. Maintenant, je vais m'y attaquer !

Tu crois pouvoir battre le nouveau record de Jens ?
Je dois juste espérer que les machines ne s'y mettront pas avant, sinon, ce ne sera pas possible. Je ne vais pas m'entrainer uniquement sur la piste, mais cette saison, j'ai déjà fait beaucoup de kilomètres sur piste. Selon les données que j'ai déjà accumulées, je sais que je peux être plus rapide. Je ne ferai ça que l'an prochain, car je suis encore trop jeune pour ça maintenant (rires). Il me reste encore des tests pour l'UCI concernant le passeport biologique à passer, mais ça devrait être en ordre rapidement.

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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