Alexandre Blain : « Encore des rêves plein la tête »
Le voilà de retour dans une formation française ! Après un exil de cinq ans de l’autre côté de la Manche, Alexandre Blain a rejoint cet hiver le Team Marseille 13-KTM. L’équipe qui attirait le plus le coureur niçois, "avec cet esprit sudiste". A 34 ans, l’ancien pensionnaire des formations Cofidis, Endura Racing puis Raleigh n’a pas signé dans l’équipe provençale pour finir sa carrière "pépère". L’ancien lauréat du Tour de Normandie a toujours des rêves de Paris-Roubaix ou de Tour de France, et s’imagine même chez les professionnels à l’horizon… 2023 ! "Si une équipe m’en laisse l’opportunité, moi je veux bien faire une carrière à la Davide Rebellin, jusqu’à 42 ou 43 ans", sourit-il pour DirectVelo.com.
DirectVelo.com : Début février, tu es passé près d’un gros coup aux Fumades, sur la 2e étape de l’Etoile de Bessèges ?
Alexandre Blain : En y repensant le soir-même, je me suis dit que ça aurait pu être la première victoire de l’équipe, et même la première victoire française de la saison (2e au sprint derrière le Belge Roy Jans, NDLR). Cela aurait pu être un beau coup médiatique. Mais on peut dire la même chose de la seconde place de Julien (Loubet) sur la Classic Sud-Ardèche. A chaque fois, la victoire nous tendait les bras. Cela prouve qu’il faut vraiment courir au millimètre, et avoir de la réussite.
On sent l’équipe Marseille 13-KTM homogène et solide en ce début de saison…
Même si nous n’avons pas encore pu gagner de course, nous ne sommes pas passés loin à différentes reprises. Tout le monde est dans le rythme, l’équipe est dans une bonne dynamique. Il faut dire que l’on avait fait une grosse préparation hivernale dans l’espoir de marquer les esprits dès le début de saison. On a pas mal tourné autour jusqu’à présent. On va bien finir par en claquer une. En tout cas, tous les feux sont au vert. D’un point de vue purement personnel, j’ai retrouvé de très bonnes sensations dès le début de saison, alors que je ne savais pas trop où j’allais en être.
« EN ANGLETERRE, J’AI FAIT MON PETIT BOUT DE CHEMIN »
En ce début d’année, tu as remis les compteurs à zéro après cinq ans en Angleterre ?
Ce séjour à l’étranger aura été une bonne expérience. Ce changement de cap avait été d’autant plus important pour moi que j’avais connu deux années vraiment difficiles avec la Cofidis (2008-2009). A la fin de ma deuxième saison chez Cofidis, j’étais quasi dégoûté du cyclisme sur route. J’ai failli tout arrêter pour m’orienter sur le triathlon. Mais l’équipe Endura Racing m’a finalement redonné goût à ce sport. J’ai fait de très belles rencontres, j’ai découvert ce fameux « fighting spirit » à la British. L’enrichissement culturel a été énorme pour moi durant ces cinq années. Mes saisons chez Endura Racing ont été les plus belles avec un très bon calendrier. Le projet du Team Raleigh était aussi très intéressant, même si tout est un peu tombé à l’eau en fin de saison dernière. Durant ces années, j’ai pu gagner plein de courses. Aujourd’hui en Angleterre, je suis connu et reconnu. J’ai fait mon petit bout de chemin là-bas, même si ça n’a pas fait les grands titres des journaux français.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec le Team Raleigh ?
En 2015, je devais encore courir pour cette équipe. J’étais bien pris en charge et bien payé là-bas. Mais je n’étais plus satisfait du calendrier et du management. J’ai donc souhaité casser mon contrat avec l’équipe. Je suis arrivé à une croisée des chemins. J’ai eu une trajectoire particulière pour un coureur cycliste professionnel. Déjà, je suis passé professionnel tard, à 27 ans. Aujourd’hui, j’ai besoin de m’amuser sur le vélo. J’ai besoin d’avoir des objectifs. Et ça n’aurait plus été le cas avec cette formation. J’aurais pu rester dans ce petit confort que j’avais su me construire en Grande-Bretagne. Mais je voulais tenter un nouveau défi, une nouvelle aventure en France.
« JE ME SENS TOUJOURS SUPER JEUNE »
D’où cette arrivée au Team Marseille 13-KTM ?
J’ai contacté Fred (Frédéric Rostaing, manager général du Team Marseille 13-KTM). Il s’était déjà intéressé à moi les années précédentes. On s’était toujours tournés autour en quelque sorte. J’ai vraiment insisté en lui parlant de ce que je pouvais apporter à l’équipe. Avec les grosses saisons que j’ai pu faire en 2011 ou 2012, je pense sans prétention aucune que je méritais de retrouver une Conti Pro à cette époque-là. Cet hiver, c’était peut-être plus compliqué pour moi de me vendre. J’avais bien conscience que Marseille était sans doute ma seule véritable opportunité. De toute façon, c’est l’équipe qui m’attirait le plus, avec cet esprit sudiste. Et puis le calendrier du Team Marseille 13-KTM est le plus beau de toutes les équipes de troisième division. C’est aussi ce qui m’a motivé dans ce projet.
Te revoilà donc dans une formation française à maintenant 34 ans. Comment imagines-tu la suite de ta carrière ?
J’ai 34 ans c’est vrai et lorsque je regarde les listes d’engagés sur les courses, je réalise que je suis l’un des plus vieux. Pourtant, je me sens toujours super jeune dans ma tête et j’ai encore des rêves plein la tête. Aujourd’hui, je rêve de disputer un nouveau Paris-Roubaix (77e en 2009, NDLR). J’aimerais également faire le Tour de France à l’horizon 2017, puisque c’est le projet du Team Marseille 13-KTM.
« J’AI TRES ENVIE DE GAGNER LE TRO BRO LEON »
Cette saison 2015 n’est donc qu’un tremplin vers une carrière qui est emmenée à durer encore un long moment ?
Si une équipe m’en laisse l’opportunité, moi je veux bien faire une carrière à la Davide Rebellin, jusqu’à 42 ou 43 ans. Je m’imagine continuer encore très longtemps, sincèrement. Encore une fois, venir à Marseille était un risque pour moi, mais un risque à prendre. Je ne suis pas venu dans cette équipe « pépère » pour faire mon jubilé. C’est un vrai challenge ! Je suis motivé et boosté à fond. Maintenant, pensons déjà à 2015. Chaque chose en son temps. Je veux être le fer de lance de l’équipe. Frédéric Rostaing compte aussi sur moi là-dessus. Je dois transmettre cette envie, ce tempérament de guerrier. Je serai à fond toute l’année. A plus long terme, l’idéal serait de grandir avec l’équipe, qui espère passer en deuxième division mondiale. Je veux aller au bout de ce projet.
Pour cela, il faudra faire ses preuves via de nouveaux résultats ?
Bien sûr, et je vais d’ailleurs rentrer dans une période que j’affectionne. L’objectif numéro 1, ce sera le Tro Bro Leon. C’est une course que j’ai très envie de gagner avant la fin de ma carrière. Plus généralement, toute la période avril-mai me convient avec des courses telles que la Route Adélie, la Roue Tourangelle, les Quatre jours de Dunkerque, le Tour de Picardie, les Boucles de la Mayenne ou encore la Ronde de l’Oise. Je vise clairement un pic de forme pour cette période. Si l’équipe se rend sur le Tour d’Autriche au mois de juillet, ce sera également un rendez-vous important, notre Tour de France à nous en quelque sorte.
Crédit photo : Team Marseille 13-KTM