Pour une seconde, le tableau final du Tour du Jura est revenu à Pierre Bonnet (Team Pro Immo Nicolas Roux), ce dimanche, après la dernière étape disputée autour de Dole. Le coureur auvergnat raconte à DirectVelo.com comment il a renversé le classement d'une épreuve qui avait mal commencé pour lui.

DirectVelo.com : Cette victoire sur le fil, tu y croyais ?
Pierre Bonnet : Oui. Ce matin, j'avais fait mes comptes : les Espagnols de la Fundacion Euskadi, [les équipiers du leader Mikel Aristi, NDLR] n'étaient que quatre et je me demandais si le Centre Mondial du Cyclisme allait rouler pour la 2e place [le Marocain Anass Ait El Abdia termine 3e, NDLR]. Il y avait moyen de faire quelque chose, à la condition de faire la course d'entrée. Comme des gros groupes ont réussi à sortir, c'était bon signe ! [Revoir le direct de l'épreuve].

Mais tu n'as eu confirmation de ton succès qu'une fois la ligne franchie ?
Les écarts ont fait le yo-yo toute la journée. J'avais besoin de 2'01'' d'avance sur Mikel Aristi pour m'imposer et l'avantage maximal s'est limité à 2'30''. Donc, je devais jouer serré. Je me suis appuyé sur mes coéquipiers, qui ont réalisé un travail formidable, et j'ai gardé des forces pour les 30 derniers kilomètres. Ce n'est pas souvent qu'il y a un suspense aussi incroyable sur une course. C'est le « vélo spectacle », tel que je l'aime ! [rire]

« SI J'AVAIS PERDU POUR UNE SECONDE, J'AURAIS PLEURE ! »

Franchement, tu étais mal embarqué avec ton début d'épreuve : tu es rejeté à 4 minutes au classement général après la 2e étape.
Notre leader était Sébastien Fournet-Fayard. En tant que vainqueur sortant, nous voulions l'aider à faire le doublé. Je me suis dépensé pour lui et j'ai perdu deux minutes sur les deux premières étapes. Le deuxième jour, je me relève totalement dans le dernier kilomètre. Avec le recul, je me rends compte que j'aurais pu perdre le classement général pour une seconde ! Là, j'aurais pleuré... C'est mon échappée de samedi après-midi, un raid de 40 km en compagnie de Thomas Rostollan (AVC Aix-en-Provence), qui m'a rétabli au classement général.

Une échappée dont tu sembles avoir bien récupéré ?
Non, j'étais fatigué. Mais j'ai tout donné sur cette dernière étape. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut remporter une épreuve par étapes ! Dans mon cas, c'est même la première fois. Voilà pourquoi ce Tour du Jura constitue ma plus belle victoire. Pour le reste, je suis encore irrégulier...

Pourquoi ces variations dans tes résultats ?
Ce n'est pas à cause de ma santé : mon kyste au genou est résorbé depuis la fin mars. Mais je ne me sens bien que si le schéma de course est offensif.

Tu soulignes l'aide de tes équipiers du Team Pro Immo sur ce Tour du Jura. Quel est ton rôle au sein du club que tu as rejoint en hiver ?
Tout le monde est en bonne forme, donc tout le monde a sa chance. Au CR4C Roanne ou au CC Etupes, j'ai souvent été équipier, au service de futurs champions [Romain Bardet, Warren Barguil, Adam Yates, etc, NDLR]. J'ai tendance à m'installer facilement dans ce rôle. Mais avec ma nouvelle équipe, j'ai peut-être un peu plus d'ouvertures. Par contre, le week-end prochain, sur un parcours montagneux comme au Tour du Chablais, je vais reprendre un travail d'équipier. Alexis Dulin m'a beaucoup soutenu sur le Tour du Jura. Je veux lui rendre la pareille !

Crédit photo : www.tourdujura.com