Le Limousin, la petite Belgique du cyclo-cross

Dans une terre de maquis comme le Limousin, une petite étincelle suffit pour raviver la flamme. Les 10 et 11 janvier 2004 à Limoges, le Championnat de France de cyclo-cross est cette étincelle, le point de départ pour redynamiser la discipline dans la région, initié par Gérard Rogues, le président de la commission cyclo-cross de l'époque.

Pourtant il pleut pendant deux jours, les coureurs sont maculés de boue. Pourtant, Clément Cid (UC Condat), la meilleure chance à domicile rate sa course chez les Juniors. Mais trois semaines plus tard, sous le maillot de l'équipe de France, il se classe 4e des Championnats du Monde à Pontchâteau. Tellement heureux qu'il franchit la ligne les pattes en l'air.

Onze ans plus tard, le Limousin est redevenu une place forte du cyclo-cross en France. A Albi, sur la première manche de la Coupe de France, les maillots verts du Comité sont montés trois fois sur le podium.

François Trarieux, le conseiller technique sportif du comité voit plusieurs atouts dans les bonnes performances d'ensemble des Limousins. "D'abord, c'est une terre de cyclo-cross, traditionnellement. C'est la région d'André Dufraisse, cinq fois Champion du Monde, le Français le plus titré. Il y a une culture forte du cyclo-cross" rappelle-t-il à DirectVelo. Par exemple, il y a même un Championnat UNSS de cyclo-cross qui permet de brasser les jeunes coureurs de toutes les fédérations et de détecter les bons coureurs en UFOLEP.

Cette culture se reflète d'abord dans les clubs. "Il y a des clubs phare dans le cyclo-cross comme l'UC Condat qui a sorti Clément Cid. Les éducateurs dans les clubs sont formés. D'autres clubs comme Creuse Oxygène ont compris l'intérêt du cyclo-cross à partir du titre de Champion de France Juniors de David Menut en 2010 . Les clubs se convertissent grâce aux résultats de leur coureurs" insiste François Trarieux.

« LE HAUT-NIVEAU FAIT VENIR LE PUBLIC ET LES LICENCIES »

Le CTS mise d'ailleurs beaucoup sur le rapprochement entre les jeunes pousses et les Elites, pour donner envie aux cadets ou juniors de courir dans les sous-bois. "Dans chaque département nous avons organisé des stages et des épreuves d'initiation à partir des pupilles, sur le même circuit que les épreuves Elites. Ça les motive. J'ai même remarqué que les parents restent quand il y a une belle épreuve Elites, avec David Menut -notre photo- par exemple, pour voir la course." Son credo est : "le haut-niveau fait venir le public et les licenciés dans les clubs."

La commission cyclo-cross joue aussi son rôle. "Depuis 15 ans, elle relance un calendrier important, structuré avec une seule épreuve par jour." Son Président Jean-François Morange se déplace sur les manches de la Coupe de France. Grâce à cela, il a su faire évoluer les circuits des épreuves limousines au plus près des canons nationaux.

CYCLO-CROSS OBLIGATOIRE AU PÔLE

Mais la grande force du comité, c'est son pôle Espoirs. "Il est ouvert depuis 2001. Et depuis le début, les entraîneurs ont toujours imposé la pratique du cyclo-cross" précise François Trarieux. C'est donc au pôle que les Menut, Morichon, Gay, Bonnet ont découvert la discipline. "La mécanique reste la même. Quand il y a des têtes d'affiche, ça dynamise les clubs en interne." Donner envie, toujours. Même chose chez les féminines. "Audrey Menut, la première fille à se lancer dans le grand bain, a suscité des vocations."

Le comité Limousin essaie de mettre ses coureurs dans les meilleurs conditions sur les Coupe de France et les Championnats de France. "Nous partons avec cinq mécanos. Quatre dans les postes de secours, à raison d'un par coureur, et un au camion" énumère le CTS qui souhaite "que l'équipe technique soit la plus performante possible pour aider les coureurs."

« UNE BONNE GENERATION »

Au moment des choix dans les sélections, le technicien s'oblige à préparer l'avenir. "Nous favorisons un peu les Cadets 1 pour leur faire découvrir le haut-niveau. Mais parfois nous sommes aussi tributaires des générations." Il reconnaît d'ailleurs qu'en ce moment "nous  sommes gâtés de côté-là."

Enfin, dernier atout du Limousin, sa petite taille. Trois départements, c'est tout (1). "Cela permet de concentrer le haut-niveau sur une seule course. Nos épreuves sont devenues une référence" apprécie François Trarieux. Au point d'attirer les spécialistes du Grand Sud-Ouest, Calmejane, Plas ou Herbreteau. Mais que deviendra cette concentration après le redécoupage des régions (2)?

(1) La Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne
(2) Le Limousin sera intégré à la nouvelle région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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