Les pistards français sont dans la phase finale de leur préparation pour le Championnat du Monde. Du 2 au 6 mars prochain à Londres, Franck Durivaux va pouvoir procéder à un état des lieux, cinq mois avant les Jeux Olympiques de Rio. Comme le confie l'entraîneur national à DirectVelo, "les athlètes sont concentrés sur leurs objectifs". Mais à l'ombre des As de la vitesse française, c'est difficiles pour les jeunes pousses de voir la lumière.

DirectVelo : L'ambiance est-elle comparable à celle de l'an dernier, avant les Mondiaux qui se déroulaient en France ?
Franck Durivaux : C'est un petit peu la même dans le sens où les athlètes sont concentrés sur leurs objectifs. Ces objectifs ont été annoncés en même temps que leur sélection. Certains savaient plus ou moins à quoi s'attendre dès le départ et d'autres ont eu des consignes très précises, notamment Quentin Lafargue sur la vitesse individuelle. Tout le monde est parti sur un même schéma de conquête pour obtenir les meilleurs résultats possibles sur l'ensemble de ces Championnats du Monde.

As-tu hésité au moment de faire ta sélection ?
Il n'y avait pas trop d'hésitation possible car on avait on avait vu ce qu'on voulait voir sur les courses qui se sont déroulées cette année. Nous nous sommes également basés sur les résultats des années précédentes. Avec le suivi d'entraînement, on sait au jour le jour où en sont les coureurs. On avait donc beaucoup d'éléments qui nous permettaient de confirmer les choix qui avaient été faits en amont, même si on a toujours un œil sur ce qu'il se passe en Coupe du Monde ou sur les autres compétitions. Bien entendu, ceci est aussi bien valable pour les hommes que pour les femmes.

UN VRAI TEST AVANT LES JEUX

Tu travailles en collaboration avec Laurent Gané. Peux-tu détailler le fonctionnement de votre binôme ?
Laurent est là pour une période de huit mois qui nous emmènera jusqu'aux JO de Rio. Chacun de nous deux a son propre rôle. On échange beaucoup parce qu'il faut prendre garde à ne pas tenir de double-discours aux coureurs. Lui est manager général de l'équipe et coach sur la piste. Il est au cœur même de l'action et œuvre au côté des coureurs le jour des compétitions en s'occupant de l'aspect tactique. En ce qui me concerne, je suis d'avantage dans l'analyse comme sur le choix des braquets, le comportement des adversaires, etc. J'essaie aussi de prendre du recul sur tout ce qui est fait à l'entraînement pour que les athlètes n'oublient pas les bases le jour J.

Comment gère-t-on une saison qui comporte deux événements majeurs ?
A la différence de l'an dernier, les Championnats du Monde ne sont qu'une étape qui validera le travail de préparation effectué cet hiver. Il faudra ensuite continuer sur cette lancée jusqu'aux Jeux qui représentent le point d'orgue de la saison. Les Mondiaux nous permettront de recueillir des nouveaux éléments dont il faudra tenir compte pour Rio.

« BEAUCOUP D'ABANDONS CES DERNIERES ANNEES »

Peux-tu nous dire où se situe la relève ?
Il y a eu quelques moments de doute l'hiver dernier sur ce qui était mis en place, notamment pour Charlie Conord et Benjamin Edelin. J'ai eu un peu de mal à répondre à la sollicitation des Élites et à me consacrer complètement à leur progression. On a pu redresser la barre en discutant beaucoup avec eux. Ils sont maintenant dans une phase de forte progression. Nous avons récemment procédés à des tests en laboratoire sur des vélos ergocycles qui sont très prometteurs. Mathilde Gros a un réel potentiel et elle a besoin de beaucoup courir pour acquérir des automatismes en compétition. Thomas Copponi et Melvin Landerneau préparent eux le passage chez les "grands". Il faudra qu'ils confirment les attentes lors des Championnats d'Europe Espoirs, en juillet prochain. Ils devront passer un cap pour espérer être sélectionnés pour les Championnats d'Europe Élites qui auront lieu au mois d'octobre.

Comment faire en sorte qu'ils ne lâchent pas en cours de route ?
Ce qui est difficile, c'est l'organisation de la saison de manière générale. On maintient un peu la carotte en les emmenant en compétition pour qu'ils progressent, mais aussi en leur donnant des objectifs pour qu'ils soient impliqués en équipe de France. Cette année ils sont barrés par les meilleurs mais il est important de leur faire comprendre que s'ils veulent avoir leur chance, ils faut qu'ils redoublent d'efforts pour espérer concurrencer ceux qui sont titulaires. Ce n'est pas facile pour eux parce que l'élite française est au sommet et que ceux qui sont là comptent bien y rester. Il faut que les plus jeunes prennent exemple sur eux. Bien sûr certains se découragent. On a eu beaucoup d'abandons ces dernières années mais le haut niveau c'est ça aussi. Il faut qu'ils se retroussent les manches et qu'ils ne se posent pas trop de questions, sinon ça va être compliqué pour eux.

Crédit photo : Gautier Duet - DirectVelo.com