Tour de France : Sur les traces de Thibaut Pinot
A l'occasion du Tour de France 2016, DirectVelo lance la rubrique "Sur les traces de...". L'objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l'a connu chez les Amateurs.
Rendez-vous ce dimanche avec Thibaut Pinot. Le témoin ? Romuald Lefèvre, dirigeant de l’AC Bisontine, où a couru Thibaut Pinot des Cadets à sa deuxième saison Juniors.
« Depuis les rangs Juniors, Thibaut a toujours été quelqu’un de besogneux. Il a toujours travaillé très dur, et il aime ça. Je l’ai toujours connu avec cette envie de mieux faire, de progresser. Comme tous les coureurs, je pense qu’il a vite rêvé d’en faire son métier. Dès le début, on a senti qu’il avait de vraies qualités et du caractère. Sauf que lui, contrairement à d’autres, a vraiment été au bout. Ce n’est pas facile car même en ayant du talent, entre rêver de faire carrière et y parvenir, il y a une sacrée marche à franchir.
« IL NE LÂCHE JAMAIS RIEN »
Surtout, Thibaut est un battant, un guerrier. Les gens doivent vraiment comprendre que c’est quelqu’un qui ne lâche jamais rien. En revanche, c’est vrai que sur le coup, il vit très mal les échecs. Je le vois chez les pros, mais c’était déjà le cas lorsqu’il était chez nous, à Besançon. Lorsqu’il réalisait une contre-performance, comme sur le Championnat de France Juniors ou sur la Classique des Alpes, il marquait vraiment le coup. Il se renfermait sur lui-même et il ne parlait pas beaucoup. Mais ça passe vite. Le soir même à l’hôtel, généralement on pouvait quand même discuter et il admettait deux-trois erreurs qu’il avait pu commettre. En tout cas, il faisait tout pour se rattraper le plus vite possible.
« EN GUADELOUPE, SPÉCIALEMENT POUR LUI »
Depuis les Juniors, il est capable de faire des trucs énormes quand il est en forme. Je me souviens par exemple de la Flèche Ardéchoise en 2008 : il m’avait bluffé. Il avait gagné la 1e étape en faisait exploser tout le monde, dans les Gorges de l’Ardèche, sur un parcours très dur. Le lendemain, il avait battu tous les records sur le contre-la-montre en emmenant un gros braquet. Puis le dernier jour, il avait encore été le plus fort mais avait laissé gagner un équipier. Déjà à cette époque-là, nous n’hésitions pas à mettre toute l’équipe à son service, car il offrait des garanties. Je me souviens que nous étions même partie en Guadeloupe, spécialement pour lui, pour qu’il apprenne sur un parcours taillé pour ses qualités. Ce n’est pas rien !
« THIBAUT N’A PAS CHANGÉ »
Au-delà de ses qualités physiques, Thibaut est d’abord et surtout un garçon attachant. On le croit renfermé, mais c’est le premier à déconner. Et puis, je trouve qu’il est resté super humble. Il n’oublie pas d’où il vient. En 2014, lorsqu’il a terminé 3e du Tour de France, nous avons reçu un colis. Il nous avait envoyé un maillot blanc de meilleur jeune, dédicacé avec inscrit : ‘‘en souvenir des années passées au club’’. Je l’ai également croisé récemment sur la route des Championnats de France à Vesoul. Il était avec son frère Julien et Arthur Vichot. Ils se sont arrêtés cinq minutes pour discuter. Thibaut n’a pas changé. C’est un super mec ».