Cecilie Uttrup Ludwig : « Souriez ! Le vélo, c'est la belle vie »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Et si elle était la nouvelle attraction du peloton féminin ? A seulement 21 ans, Cecilie Uttrup Ludwig semble promise à un grand avenir. Leader du classement UCI des jeunes, la Danoise a encore marqué les esprits sur les récents Championnats d'Europe, disputés chez elle, à Herning. Certes, la lumière s'est surtout posée sur son équipière et amie Pernille Mathiesen, l'autre grande et jeune espoir mondiale venue, elle aussi, du Danemark. Cette dernière réalise le doublé chrono et route sur ces Championnats continentaux. "Mais Cecilie était peut-être aussi forte que Pernille. Elle perd le chrono pour 4 secondes et sur la course en ligne, elle a attaqué plein de fois pour durcir la course ! Et c'est elle qui dit à Pernille d'y aller quand elle sent que c'est le meilleur moment", explique Catherine Marsal, à la tête de la sélection féminine danoise, auprès de DirectVelo. 

La médaille d'argent de Cecilie Uttrup Ludwig sur le chrono est d'autant plus remarquée que ce type de circuit, tout plat et venteux, n'était absolument pas pour lui convenir. "Être sur le podium ici au Danemark, à la maison, c'est quelque chose d'encore plus incroyable, d'autant que ce n'était pas vraiment le profil de chrono que je préfère. Ca me rend encore plus heureuse".

« J'AI TRES VITE VU LE POTENTIEL IMMENSE DE CETTE FILLE »

Sportivement, la sociétaire de la formation Cervélo-Bigla espère aller très loin. "Je suis persuadée que je peux encore beaucoup m'améliorer. Il ne faut jamais cesser de vouloir apprendre, ça doit être l'objectif numéro un. J'apprends tout le temps. Le fait que ça marche si bien et si vite n'est que du bonus car mon objectif principal, c'est de devenir l'une des meilleures au monde d'ici quelques années. Et pour ça, il faut encore que je progresse physiquement et tactiquement. Je m'entraîne très dur pour ça et je crois que je suis dans la bonne direction"

Sa coach nationale, Catherine Marsal, lui imagine un grand avenir. "J'ai très vite vu le potentiel immense de cette fille. Elle sprint bien dans les petits groupes, elle fait des bons chronos, elle s'en tire bien sur le plat, elle grimpe comme une malade... Elle a un très bon sens de la course, c'est inné chez elle. Je pense qu'elle ira très loin. Il faut lui laisser encore du temps mais dès les Mondiaux 2018 en Autriche, ça pourrait être franchement intéressant !".

« ELLE EST RAYONNANTE »

Auteur d'une progression fulgurante ces deux dernières saisons, celle qui avait déjà été vice-Championne d'Europe sur route Espoirs à Plumelec (voir ici) marque aussi les esprits par son côté décalé une fois descendue du vélo. "Ce sourire constant caractérise bien Cecilie, elle est comme ça dans la vie de tous les jours ! Quand elle faisait des présentations au lycée, des exposés... Elle sortait du lot de la même façon. Elle était tellement expressive, elle dégageait vraiment quelque chose", raconte son père, Tommy, qui l'a accompagnée sur de nombreuses courses ces dernières saisons. Catherine Marsal ajoute : "C'est rare de voir Cecilie de mauvaise humeur ! Ça arrive, mais même là, c'est avec le sourire. Elle va vous faire sentir qu'elle n'est pas bien, pas contente, mais elle ne va pas foutre la merde ! Elle est comme ça au quotidien : elle va toujours dire merci aux mécanos, aux soigneurs... Elle est rayonnante. Ce sont des qualités qui sont très recherchées dans une équipe. Elle sait avoir les mots qu'il faut".

« J'ADORE DÉCONNER ! SINON... QUELLE VIE CHIANTE ! »

Ainsi, lorsque Cecilie Uttrup Ludwig se présente en salle de presse suite à sa médaille d'argent à Herning, elle ne manque pas de saluer de nombreux journalistes et photographes, avant d'amuser la galerie une fois le micro allumé. "Elle a aussi fait une interview pour un média danois après la course... j'ai revu la vidéo après coup : elle m'a fait tellement rigoler ! Elle imitait un ronflement, elle soupirait pour expliquer que la course était chiante et qu'il fallait donc que les Danoises attaquent pour réveiller tout le monde. Elle est spontanée et naturelle". Quand on l'interpelle sur sa bonne humeur contagieuse, la Danoise éclate encore de rire. "Je suis simplement heureuse d'être là, tellement passionnée par le cyclisme ! Je prends du plaisir à être-là, tout le temps, sur chaque course. Je suis un vrai cheval de course, j'adore ça, j'ai besoin de ça. Comment pourrais-je ne pas être heureuse avec les résultats que j'ai ?",questionne-t-elle, avant d'enchaîner. "J'adore déconner ! Sinon.... quelle vie chiante ! Pourquoi faudrait-il faire la gueule ? Pourquoi faudrait-il se plaindre quand tu as la chance de pouvoir remuer ton corps dans tous les sens ? Tu vois le truc ? Il faut voir le bon côté des choses... Il y a de quoi être heureuse. Souriez ! Le vélo, c'est la belle vie ! C'est comme ça qu'on profite... C'est comme ça que je vois la vie et c'est comme ça que je veux vivre ma vie ! Et pas seulement sur le vélo mais aussi dans ma vie de tous les jours".

« ELLE A LE SENS DU SACRIFICE »

Mais la meilleure jeune du dernier Tour d'Italie n'est pas là uniquement pour rigoler. Consciente de ses qualités, l'ancienne nageuse est devenue particulièrement ambitieuse. "Ce qui m'étonne encore plus que sa progression physique, c'est sa progression mentale. Elle a pris une carrure de leader, de capitaine de route... Elle gère super bien les gros événements avec de la pression et ça va énormément lui servir pour le reste de sa carrière. Sur ces Championnats d'Europe, lorsque j'ai terminé mon speech d'avant-course, elle a pris la parole et a joué les capitaines de route. C'est la même chose en course. Cecilie a tout lu, tout compris. Elle a le sens du sacrifice, elle sait être réellement heureuse pour ses équipières si ce n'est pas à elle que ça sourit, comme la semaine dernière. Elle a un esprit d'équipe très fort. Si tout va bien, elle ira très loin", conclut Catherine Marsal.

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