Paris-Tours Espoirs était la dernière ligne droite du Team Limousin, cette structure formatrice emportée par la fusion des comités régionaux dès cet hiver. Le maillot vert et blanc n'apparaissait pas seulement sur les différents Championnats de France comme c'est le devoir de tout comité mais aussi sur des épreuves de référence Espoirs et Juniors pour offrir une expérience de haut niveau aux jeunes du comité le plus « petit » de métropole (1700 licenciés). Dimanche, il a soigné sa sortie en s'affichant dans une échappée d'une dizaine de coureurs pendant 160 km.

"Ça restera un souvenir unique, raconte Thomas Acosta, qui a fait briller le Limousin en tête de course, jusqu'à 10 km de l'arrivée. J'en ai bavé parce que j'ai cassé mon vélo la veille et que j'ai couru Paris-Tours avec un 'mulet'. Je termine avec le dos cassé et des douleurs aux ligaments. Mais quelle satisfaction ! C'était comme si j'entrais dans le monde des grands". Acosta, 20 ans, n'avait jamais frotté dans un peloton à aussi haut-niveau du calendrier. Une expérience rendue possible seulement par sa première (et donc dernière) sélection avec le Limousin.

« UNE FORMATION ACCELEREE »

La soirée s'est prolongée sans effusion par un repas cheeseburger entre François Trarieux, coordinateur du Team et Conseiller technique régional (CTR), et Jean-Paul Baronnet, assistant de l'équipe et Secrétaire général du comité. "On arrête avec un pincement au cœur, car cette fin nous est imposée, commente le premier. Le Team Limousin s'arrête avec la dissolution du Comité du Limousin", qui va rejoindre le Comité d'Aquitaine et celui de Poitou-Charentes au sein d'un puissant Comité Nouvelle-Aquitaine, puisque la carte de France du vélo va d'ici janvier épouser celle des nouvelles grandes régions.

Le « Team » (ou « club ») Limousin avait été relancé entre le début des années 2000 et 2009 par Pierre-Yves Chatelon, actuel sélectionneur de l'Equipe de France Espoirs, alors en poste dans ce comité profondément rural, sous la forme d'une équipe de DN Espoirs. Après une année d'interruption, François Trarieux avait repris le projet en 2011, avec l'appui du Pôle Espoirs de Guéret, dans la Creuse (lire les détails du projet). "Nous avons offert aux jeunes de la région une autre approche du vélo : ils couraient entre eux et non pas les uns contre les autres, explique Trarieux. Et nous avons permis aux clubs locaux, qui organisent des courses ou animent une école de cyclisme, de garder leurs coureurs auprès d'eux. Ils nous les confiaient pour des épreuves plus relevées au calendrier. Nos coureurs n'étaient pas contraints daller dans d'autres comités pour s'engager dans une équipe DN. Ainsi, nous avons permis aux clubs du Limousin de vivre".

« UN PEU NOSTALGIQUE »

L'équipe au maillot feuille d'arbre puisait ses racines dans le peloton Ufolep : les meilleurs coureurs, venus au vélo sur le tard, vers 18 ou 19 ans, étaient repérés par les dirigeants régionaux, orientés vers le calendrier FFC et promus ensuite dans le Team Limousin. C'est ainsi que de nombreux Juniors ou Espoirs sont passés sans grande transition d'épreuves 3e catégorie à des grands rendez-vous internationaux. Cette "formation accélérée" (dixit Trarieux) a été récompensée de plusieurs victoires, comme celles de Luc Leblanc sur une étape de la Vuelta Ampurdan 1986 (déjà...) ou Thibault Nuns à la Bernaudeau Junior en 2012 (voir ici), en passant par des titres de Champion de France.

"Avec l'arrêt du Team Limousin, je suis un peu nostalgique, témoigne Thomas Chassagne (Creuse Oxygène Guéret), qui a passé quatre ans dans l'équipe régionale. Le Team Limousin, c'était un apprentissage et un état d'esprit. Nous n'étions pas les favoris, alors nous passions à l'offensive, pour essayer". Lui-même s'est échappé sur les trois plus grandes épreuves qu'il a disputées, Ronde de l'Isard, Paris-Roubaix et Paris-Tours. Et de conclure : "C'est grâce au Team Limousin que j'ai découvert le 'vrai' vélo".

Dimanche, sur Paris-Tours Espoirs, comme plusieurs pensionnaires habituels du team régional étaient engagés sous le maillot de Creuse Oxygène, l'équipe avait adopté pour la première fois une formule « mixte », sollicitant deux coureurs du SA Mussidan, en Aquitaine : Thomas Acosta, qui s'est jeté dans le raid du jour, et Antonin Boissière. Peut-être une préfiguration de ce que deviendra cette équipe formatrice. Il incombera aux nouveaux dirigeants du Comité Nouvelle-Aquitaine, élus en décembre prochain, de décider si le modèle du Limousin doit être étendu à l'ensemble de la région ou si la formation du cyclisme sur route doit rester l'apanage des clubs division nationale.