Après Jasper Stuyven et Jasper De Buyst, c'est au tour de Jasper Philipsen de se placer sous la coupe d'Axel Merckx, au sein d'Axeon Hagens Berman. "J'adore ce prénom", plaisante le manager belge pour DirectVelo avant de continuer avec sérieux. "C'est un simple hasard, ce sont juste trois coureurs de bon niveau." Le Limbourgeois tentera de suivre le même chemin autrefois emprunté par Nathan Van Hooydonck, son ancien coéquipier chez BMC Development Team qui interrompt ses activités. "Quand j'ai apris l'arrêt de BMC Development Team, je suis vite entré en contact avec Jasper, dans le courant du mois d'août. Il a demandé un délai de réflexion jusqu'après le Championnat du Monde. Finalement, il a signé chez nous pour deux saisons et nous en sommes ravis." Avec Jasper Philipsen pour les deux prochaines saisons et Remco Evenepoel en 2019, l'équipe américaine retrouve un accent belge plus prononcé. Avec un point de chute à Meise près de Bruxelles lors de la tournée européenne, les liens avec le plat pays sont bien établis.

EN CONTI PRO POUR LE TOUR DE CALIFORNIE

Axel Merckx entame sa dixième campagne en tant que manager de l'équipe fondée en 2009 sous le nom de Trek-Livestrong. En neuf années, 35 coureurs sont devenus professionnels en Conti Pro ou dans le World Tour. Mais en 2018, c'est l'équipe elle-même qui franchit le Rubicon et grimpe au niveau Continental Pro. Pourtant, le projet reste le même : former de futurs champions de demain. La question qui se pose dès lors : pourquoi avoir effectué le bond vers la Conti Pro? "Pour deux raisons, la première pour augmenter nos chances de disputer le Tour de Californie. Cette épreuve est la plus importante de l'année pour nos sponsors. Hagens Berman développe son budget dans cette optique. La seconde, pour proposer un programme où nos jeunes coureurs pourront davantage dépasser leurs limites", explique-t-il. Par ailleurs, les deux sponsors principaux sont inversés l'an prochain dans la dénomination de l'équipe pour devenir Hagens Berman-Axeon.

D'ailleurs, le Bruxellois préfère utiliser le terme de "Continentale améliorée" pour définir son équipe, qu'il veut différencier des autres formation de la deuxième division. "Nous aurons une ambition tout autre que la plupart des Conti Pro qui visent des résultats pour obtenir des invitations pour les épreuves WorldTour. Je ne critique pas ce type de projet mais le nôtre est différent. Nous restons dans une dynamique de formation pour les amener dans le WorldTour, c'est l'ADN de notre projet." Toutefois, Axel Merckx espère les conserver plus longtemps pour éviter de voir partir ses talents trop tôt."Certains se précipitent à aller dans le WorldTour alors qu'ils feraient mieux de patienter une année supplémentaire. Avec cette montée en deuxième division, notre programme comportera davantage de courses pros."

« JE SUIS FAVORABLE A UN SYSTEME DE COMPENSATION FINANCIERE »

Il est donc hors de question d'envisager des invitations WorldTour. "Le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège ne m'intéressent pas. Attention, pas à titre personnel bien entendu mais dans l'intérêt du team, il convient d'effectuer les bons choix. Sur ce genre d'événements, mes garçons prendront des raclées et peuvent perdre courage. Cela n'aurait rien de positif hormis la satisfaction illusoire d'avoir disputé un monument du cyclisme." En revanche, Axel Merckx se montre largement plus ouvert à un programme de courses hors catégorie et de classe 1 sans pour autant "bombarder" le planning, semaine après semaine. "Des épreuves en Europe comme le Tour de Belgique ou le Tour de Wallonie sont intéressantes car la différence de niveau est moindre. Ils pourront se mesurer à d'autres professionnels sans ressentir le grand écart. De plus, les distances correspondent plus à mon jeune groupe." En outre, il s'attache à se présenter sur les grands rendez-vous Espoirs de l'année, comme le Triptyque des Monts et Châteaux ou Liège-Bastogne-Liège espoirs. "C'est sur ce genre de course où je veux voir des résultats car ils seront opposés à ce qui se fait de mieux chez les moins de 23 ans."

Avec le retrait de BMC Development Team, Axeon-Hagens Berman fera d'ailleurs figure d'épouvantail sur la scène Espoirs en 2018. "Je ne me réjouis nullement de leur départ. Cela illustre bien la problématique du financement chez les Espoirs Cette équipe forme depuis plusieurs années les meilleurs talents et enchaine les résultats. Cependant, le cas de BMC Development Team est complexe car elle est reliée à la maison mère BMC Racing Team. Je peux concevoir qu'il est difficile d'accepter de voir un jeune partir chez un concurrent comme Sky pour prendre le cas de Pavel Sivakov plutôt que de le voir s'engager chez BMC. Le partenaire se demande pourquoi il investit de l'argent et se demande s'il ne serait pas préférable de garder l'argent et de le dépenser quand ce talent arrivera chez les professionnels. De plus, Sky ou les autres équipes WorldTour profitent de tout le boulot de formation. Je partage ce sentiment d'injustice. D'ailleurs, il serait temps que l'UCI intervienne à ce propos. Je suis favorable à l'instauration d'un système de compensation financière pour ce type de transfert. Il est normal que les deux parties soient satisfaites."