Maxime Bonsergent est perturbé, et agacé. Rien ne se passe comme le crossman l’espérait en ce début de saison. Ce week-end encore, le désormais ex-sociétaire du VC Château-Gontier a connu une grosse mésaventure à La Mézière (Ille-et-Vilaine) à l’occasion de la deuxième manche de la Coupe de France. “J’étais en septième position lorsque j’ai commencé à avoir des soucis avec mon vélo. Je ne faisais que dérailler”, explique celui qui sort des rangs Juniors, auprès de DirectVelo. Il perd alors de précieuses places et de nombreuses secondes. “J’ai eu le souci encore une fois et la chaîne a même sauté quatre fois d’affilée. A ce moment-là, je n’avais plus le choix, j’ai dû courir jusqu’au poste de dépannage”.

« IL FAUT ACCEPTER LA DÉCISION »

Après d’interminables minutes à pied, il est enfin soulagé d’arriver au poste de dépannage. Dans la précipitation, il dépose son vélo dès le début de la zone, alors que son clan se trouve à l’autre extrêmité. Le voilà qui est à pied et foule à grandes enjambées le sol breton, sans machine à la main, jusqu’à enfourcher sa nouvelle bicyclette. Maxime Bonsergent reprend alors sa marche en avant en essayant de combler le retard accumulé, mais il est soudainement prié de s’arrêter par les juges à l’arrivée au moment de passer la ligne d’arrivée pour l’avant-dernière fois. Le Champion de France Juniors de cyclo-cross en titre est mis hors-course pour avoir effectué plus de cinq pas sans vélo. “Sur le coup, je n’ai vraiment pas compris ce qu’il se passait et pourquoi on me demandait d’arrêter. Puis on m’a expliqué la raison de ma disqualification. J’ai trouvé ça très dur. Je ne connaissais même pas cette règle. Et puis, je me dis qu’il y a deux poids deux mesures. Il y a peu, j’ai vu Wout Van Aert faire demi-tour pour repasser au stand (1). Là, c’était dangereux. Mais dans mon cas, ça faisait quoi ? J’ai fait 25 mètres sans vélo, c’est vrai, mais j’ai déposé mon vélo dans la zone de dépannage. Je ne crois pas avoir gagné beaucoup de temps à courir sans vélo, mais bon, il faut accepter la décision”.

Amer, le dernier lauréat de la Bernaudeau Junior est vexé de se voir “hors-course” au classement. “J’ai l’impression d’avoir triché ou d’avoir mis un coup de poing à quelqu’un. C’est frustrant”. Maxime Bonsergent est d’autant plus peiné qu’il n’en est pas à sa première explication de texte avec les commissaires cette saison. “Sur la première manche à Besançon, je m’étais déjà fait engueuler pour avoir aidé une fille à remettre sa chaîne alors qu’elle était en grosse galère. Et récemment, j’ai vu Mathieu Van Der Poel être aidé par un spectateur après avoir eu un souci au niveau de la roue arrière. Les règles ne sont pas très claires”, peste celui qui avait connu une autre péripétie à Besançon en s’accrochant avec Sandy Dujardin à l’arrivée. Ce dernier était alors tombé dans le sprint final. “Je connais bien Sandy et il n’y a pas eu de soucis. On s’est frotté mais ça fait partie du jeu. Il avait essayé de passer alors qu’il n’y avait pas trop la place. Mais il n’y avait aucun problème entre nous. C’est un fait de course. Sandy lui-même est venu dire aux commissaires que c’était réglé. Sauf que cela m’a quand même coûté ma place en Equipe de France pour les Championnats d’Europe”.

« FRANÇOIS (TRARIEUX) EST VENU ME DIRE QU’IL N’AVAIT PAS AIME MON GESTE »

En effet, Maxime Bonsergent avait retenu l’annonce du sélectionneur national François Trarieux : les cinq premiers à Besançon seront sélectionnés. “J’ai terminé 5e mais François est venu me voir à l’arrivée pour dire qu’il n’avait pas aimé mon geste et que Sandy avait beaucoup plus roulé que moi pendant la course, et qu’il préférait donc le prendre lui”.

Voilà qui commence à faire beaucoup pour un garçon qui avait déjà fait malencontreusement tomber Jérémy Montauban l’an passé sur le circuit de Nommay. “Là encore, ce n’était pas de chance et ce sont des choses qui arrivent. Jérémy est un bon copain”. Décidément, rien ne sourit actuellement pour celui qui admet ne pas parvenir à être aussi régulier qu’il l’espérait en ce début d’exercice 2017-2018. Conséquence directe de ces résultats décevants : Maxime Bonsergent n’est une nouvelle fois pas retenu en Équipe de France pour les deux prochaines manches de la Coupe du Monde. “Je dois l’accepter et continuer de travailler, sans me focaliser totalement sur l'Équipe de France. Je veux profiter de mon nouvel environnement pour travailler encore plus dur. Et ça reviendra”.

« ON ME DIT QUE JE VAIS ME CRAMER LA GUEULE... »

Car à 18 ans seulement, le voilà qui vient de passer professionnel dans le structure de l’Armée de Terre, bien que l’équipe Continental francilienne puisse éventuellement ne pas repartir en 2018 (lire ici). “Je crois que cette année, beaucoup de gens veulent me faire comprendre que j’ai de la chance et que je n’ai pas forcément ma place chez les pros. On me dit que je vais me cramer la gueule… Mais les gens se trompent. Ce sont des jaloux !”.

A l’image de Benjamin Thomas, Morgan Kneisky ou Fabien Canal dans un passé récent, l’Armée de Terre a en réalité recruté Maxime Bonsergent dans le but premier de le voir s’épanouir en cyclo-cross, du moins pour l’instant. “Je ne vais pas faire 50 jours de course sur la route en pro en 2018. Je ne suis pas prêt pour ça, ce n’est pas l’idée. Je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. Je vois plutôt ça comme un schéma à la Julian Alaphilippe, même si je ne me compare pas du tout à lui et que je suis extrêmement loin de son niveau”.

Pour le moment, Maxime Bonsergent va simplement prendre quelques jours pour décompresser, avec des cross régionaux. “Puis je retournerai courir en Belgique pour progresser”. La rage au ventre.

(1) Le règlement autorise un coureur à faire demi-tour pour rejoindre l'entrée du poste de dépannage, à condition de ne pas avoir dépassé la sortie du poste et à condition, aussi, de ne pas gêner les autres concurrents qui sont dans le sens de la course (article 5.1.039 du règlement UCI)