David Lappartient : « Ne pas rêver sur les montants des frais de formation »

Crédit photo DirectVelo.com

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On a beau être Président de l'Union Cycliste International, on n'en est pas moins licencié dans un club. David Lappartient assistait ce samedi matin à l'Assemblée générale du comité Bretagne en tant que délégué de son club, le VS Rhuys. DirectVelo a rencontré le nouveau Président de l'UCI et l'a interrogé sur une question qui intéresse le cyclisme amateur : les indemnités de formation des néo-pros en faveur des clubs formateurs.

DirectVelo : Les frais de formation en faveur des clubs amateurs vont-ils faire partie de la réforme du cyclisme pro que vous allez engager ?
David Lappartient : Dans cette réforme en cours, je souhaite plusieurs choses. Il me semble logique que les équipes professionnelles s'impliquent dans la formation des jeunes coureurs : soit sous la forme d'une équipe Continental ou d'une équipe réserve. Ensuite, il y a cette ancienne revendication d'indemniser les clubs qui ont formé un athlète et que j'ai d'ailleurs portée auprès de l'UCI quand j'étais Président de la FFC. Elle doit être intégrée dans la réforme du cyclisme professionnel mais ça doit être fait au niveau mondial.  Sinon ça peut fausser les règles de concurrence. Il appartient aux  fédérations nationales de déterminer la répartition entre les clubs formateurs. En effet, il y a les clubs de DN mais ils ne sont pas les seuls. Il y a les clubs qui les ont accueillis en Minimes, Cadets, Juniors. Eux aussi ont participé à la formation du coureur. Il peut y avoir des règles différentes selon les pays.  

Qui sont les partisans et les adversaires de ces indemnités ?
Il n'y a pas d'adversaires résolus. Mais il y a des arguments, comme ceux de la Ligue Nationale de Cyclisme qui disait : "on fait déjà des actions en faveur du cyclisme amateur et si on met en place ces indemnités en France, il faut que ça soit réalisé ailleurs sinon ça risque d'encourager le recrutement de coureurs venus de pays où ces frais n'existent pas". Il y aussi des différences selon les pays dans le système de formation. Parfois ce sont les fédérations qui s'en occupent directement, notamment dans les petits pays. Chez nous, nous avons la chance d'avoir des clubs de très grandes qualité, des clubs de Division Nationale qui font un très bon travail.

« NOUS N'ATTEINDRONS PAS LES PRIX DU FOOTBALL »

Il n'y a pas qu'en France, qu'on entend des voix demander des indemnités de formation. Récemment Axel Merckx en réclamait. Est-ce le bon moment pour aboutir ?
Il y a une opinion favorable sur le sujet et c'est une question que je défendrai dans la réforme du cyclisme professionnelle en 2018. Mais j'alerte seulement sur le montant de ces indemnités qui ne se seront pas celles du football.Je préviens ceux qui pourraient se mettre à rêver sur les montants que le budget de l'UCI c'est 1% du budget de la FIFA. L'intégralité du budget du cyclisme professionnel mondial, équipes et organisateurs compris, c'est 600 millions d'euros, c'est 2,5 fois le prix du transfert de Neymar. Nous n'atteindrons pas les prix du football. Dans mon esprit, c'est plus une reconnaissance du travail des clubs mais ce n'est pas de nature à boulverser l'économie du cyclisme amateur, il faut en être conscient.

Des équipes qui mettront en place une Continental, vont-elle s'affranchir des frais de formation ?
Nous devrons avoir des discussions sur les obligations des équipes pro sur la formation. Monter une Continental, ça a aussi un certain coût. Mais c'est différent de monter une équipe et de remercier les clubs qui ont formé les coureurs. Le principal sujet est l'évolution du modèle économique du cyclisme. S'il y a plus de moyens, les indemnités seront plus faciles à mettre en oeuvre.

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