Lucas Dubau : « J'y ai pensé toute la nuit »
Effacés les mauvais souvenirs de Lanarvily et du guidon cassé, balayée la malédiction de Quelneuc où il avait entrevu le maillot bleu-blanc-rouge des Cadets en 2012 avant de se faire sauter sur la ligne par Anthony Kuentz. Lucas Dubau a enfin vaincu le signe indien et conquis son premier maillot de Champion de France. Ce samedi, c’était la course d’équipe parfaite, celle dont les frères Dubau rêvaient depuis des mois. Après être sorti seul dans l’avant-dernier tour, Lucas Dubau a profité de sa force du jour et du travail de protection de son frère Joshua en contre pour toucher le Graal à Quelneuc-Carentoir (Morbihan). Sur le circuit breton, le Rémois du Team Peltrax-Braquet Libre s’est imposé devant… son frère Joshua et Maxime Bonsergent (voir classement). La cerise sur le gâteau. Lucas Dubau est revenu sur son sacre et sur ce doublé auprès de DirectVelo.
DirectVelo : On imagine que tu ne pouvais pas rêver à un meilleur scénario que celui-ci !
Lucas Dubau : J’y avais pensé toute la matinée, et déjà toute la nuit avant. En fait, toute la semaine ! Pour moi, c’était un rêve. J’avais déjà fait 2e à Quelneuc ici et je ne pensais vraiment pas être Champion de France. Finalement, j’y arrive et franchement, je ne réalise pas.
« TAISEZ-VOUS, VOUS ALLEZ ME PORTER MALHEUR »
Avec ton frère Joshua, vous avez semblé contrôler la course de façon idéale…
“Idéale”, je ne sais pas car je pensais que ça allait être plus physique que ça avec des trous plus importants. Quand tu te retrouves avec encore sept coureurs pour la victoire à la mi-course, ce n’est pas l’idéal car il y a encore beaucoup de choses qui peuvent se passer. Quand Joshua est sorti, j’ai fait le tempo pour ne pas trop que ça roule derrière lui. Je voulais qu’il creuse l’écart mais tout le monde était encore frais pour rouler. De mon côté, j’ai vu que j’étais encore à l’aise et j’ai mis une grosse attaque. Même avec dix mètres d’avance, je me suis dit qu’il fallait insister et je ne voulais plus lâcher.
En 2012, tu avais donc décroché la médaille d’argent ici : un souvenir douloureux ?
C’était très très douloureux. Je m’étais dit que j’étais maudit à Quelneuc. Même en Juniors, j’avais entamé le dernier tour en tête et j’avais fini 4e ! Sur le Championnat de France 2012, c’était pire car j’étais en tête à quinze mètres de la ligne d’arrivée… Du coup, je me suis dit que ça allait encore être pareil. J'ai imaginé que j’allais dérailler ou être victime d’une crevaison. Quand j’entendais les gens me dire : “c’est bon t’es Champion de France”, j’avais envie de leur répondre, “taisez-vous, vous allez me porter malheur !”. Mais bon, ça l’a fait et je suis très heureux. Ce Championnat, c’était l’objectif de l’année. Et on fait 1 et 2 avec Joshua, c’est magique.
« UN ET DEUX, C’EST TRÈS FORT »
Vous étiez aussi fort l’un que l’autre ?
Des fois c’est lui, des fois c’est moi. Si mon frère avait gagné, ça aurait été exactement pareil pour moi. Faire un et deux, c’est très fort ! Il peut lui aussi dire que c’est une victoire, même s’il ne porte pas le maillot ce soir.
Vous avez parfaitement joué la course d’équipe !
A chaque fois, les autres étaient obligés de faire l’effort. D’abord pour rentrer sur Joshua et après sur moi. J’en ai clairement profité. Cela dit, on ne peut pas parler d’une course d’équipes. Antoine (Benoist) et Yan (Gras) sont très forts en ce moment et il fallait les surveiller, mais pas parce que c’était deux coureurs du Team Chazal-Canyon en particulier. On n’a pas raisonné en équipe.
« EN DEUX COURSES, JE RÉUSSIS MA SAISON »
Tu vas maintenant te tourner vers le Mondial…
J’ai fait un beau podium à Namur sur un circuit très difficile et je suis aujourd’hui Champion de France. Je suis en forme pour ce Championnat du Monde. Cela dit, j’irai sans pression. Les résultats suivent quand on se fait plaisir avant tout. Donc je ne me fixerai pas d’objectif de résultats.
Tu t’apprêtes à conclure ta dernière saison chez les Espoirs. C’était le moment ou jamais pour marquer de ton empreinte la catégorie d’âge !
C’est vrai qu’il y avait un ultimatum. Quand j’ai vu les places que je faisais en Coupe du Monde en début d’année…. Mais finalement, en deux courses, je réussis ma saison et je suis vraiment content. Tous les ans, on courait après. L’an dernier, j’avais cassé mon guidon et je n’avais pas pu jouer le titre. Depuis Cadets, mon frère et moi attendions ce titre.