La Grande Interview : Joshua Dubau

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Difficile de choisir entre Joshua et Lucas Dubau au moment de décider de la Grande Interview de la semaine. Pourquoi l'un et pas l'autre ? Finalement, DirectVelo a choisi l'option Joshua. Sans vraiment pouvoir l'expliquer mais forcément en orientant les questions sur la relation des jumeaux.
Le coureur du Team Peltrax-Braquet Libre reste sur une dernière saison Espoirs pleine, avec une 4e place au Championnat d'Europe, une 3e à Nommay en Coupe du Monde, une victoire finale en Coupe de France et une médaille d'argent à Quelneuc, derrière son frère Lucas. Garçon ambitieux, il se présentera ce dimanche au départ du Championnat du Monde Espoirs avec des rêves de podium.

DirectVelo : On peut supposer que tu nourris quelques ambitions pour le Championnat du Monde de cyclo-cross...
Joshua Dubau : C’est la dernière épreuve d’une belle saison au niveau international. Je pense notamment à ma 4e place au Championnat d’Europe qui aurait pu se conclure encore mieux sans cette maudite chute dans le final. J’aimerais bien accrocher le podium, ce dimanche, même si je sais que rien ne sera facile. Une médaille ce week-end, ça serait vraiment bien !

Comment as-tu vécu cette ultime semaine ?
J'ai chuté à Hoogerheide (Pays-Bas) la semaine dernière. Ça a perturbé ma course mais pas plus. Ça n'a pas changé mes ambitions personnelles pour le Mondial. Ça sera une autre course à Valkenburg. Cette semaine, j'ai fait quelques intensités mais j'ai privilégié la récupération. Le but est d'arriver le plus frais possible au départ du Mondial. Les sensations sont bonnes actuellement. J'ai terminé sur le podium à Nommay (3e) même s'il manquait quelques favoris au départ.

« C'EST RAREMENT UN PROBLÈME »

Une fois de plus, il y aura deux Dubau au départ du Mondial... Est-ce une vraie force ?
On court presque tout le temps ensemble. En tout cas, c’est rarement un problème. C’est un paramètre cela dit : quand Lucas est devant et même si je me sens costaud, c’est délicat de revenir sur la tête avec deux ou trois gars dans la roue. Mais on ne peut pas parler de réel problème ou de désavantage. Et parfois c’est l’inverse.

Vos coéquipiers n’ont jamais ressenti le « groupe Dubau » dans le groupe ?
Pas vraiment. C’est l’équipe qui prime. Quand Lucas est là, c’est un coéquipier un peu « spécial » mais un coéquipier comme les autres. On a une complicité, c’est évident mais qui n’est pas au-dessus de la logique d’équipe.

Et à l’inverse, quand tu es aligné sur une course où ton frère est absent ?
Ça se gère tranquillement même si je préfère qu’il soit là évidemment. Nous avons avons chacun notre destin individuel à faire évoluer. Mais bien sûr, je préfère quand il est là.

Même quand il gagne devant toi comme à Quelneuc ?
Franchement, oui. La victoire à titre personnel c’est le top. Mais par exemple au Championnat de France, en janvier, nous avons fait premier et deuxième. Je n’ai que de la joie au moment où je passe la ligne. Je n'ai absolument aucun regret et je préfère infiniment que ce soit Lucas qui finit devant plutôt que n’importe qui d’autre. Quand on a les deux premières places, on ne peut pas faire mieux.

Au niveau familial, tu gagnes la Coupe de France, lui le Championnat. Tout le monde est content finalement.
Franchement, le Championnat de France c’est le top. Tu as en plus le maillot bleu-blanc-rouge. La Coupe de France n’était pas un objectif pour moi. Même si c’est satisfaisant de l'avoir gagnée, je pense qu’un titre de Champion, c’est au-dessus.

« JE SUIS PLUS SANGUIN »

Avec Lucas, avez-vous le même caractère ?
On se ressemble beaucoup mais on a des différences. Je suis sans doute plus direct, plus « sanguin » que lui. De son côté, il est ultra-perfectionniste dans le sport, ce que je ne suis pas ou du moins pas autant. Il est sans doute plus calme et plus posé. Mais pour l’essentiel, on est semblable.

Et côté études, vous faites la même chose ?
Je suis en deuxième année de STAPS et Lucas est dans la même filière. On passe beaucoup de temps ensemble et on est effectivement très proche. L’un des avantages pour le cyclo-cross, c’est que l’on s’organise assez facilement pour dégager du temps d’entraînement pour aller rouler ensemble.

Et avant cette filière universitaire, vous étiez déjà scolairement ensemble ou c’est un état de fait depuis la fin du lycée ?
On est ensemble depuis un moment. On a fait le même bac et c’est vrai que quand il a fallu choisir une orientation, dans la mesure où on est tous deux passionnés de sport, la volonté commune d'aller en STAPS n’a été une surprise pour personne.

On peut supposer que le début du vélo c’était ensemble également ?
Lucas a dû commencer un an avant moi, à 13 ans. A l’époque je faisais pas mal de course à pied. Durant la première année de Lucas, j’allais rouler avec lui de temps en temps, ça m’a bien plu et je l’ai donc suivi l’année suivante.

C’est « relativement » tard pour commencer alors même que tu es issu d’un milieu familial très cycliste ?
C’est vrai. En fait, mon père, quand on était gamin, n’était pas très chaud pour que nous fassions du vélo en dilettante. Pour lui, soit on le faisait très sérieusement pour atteindre des objectifs et des résultats soit il valait mieux faire autre chose. On s’est lancé justement quand on avait la volonté de faire du vélo et de "performer" dans la discipline et qu’on a réussi à le convaincre. Je crois que Lucas était motivé depuis un moment.

« FAIRE UN PEU PLUS DE ROUTE »

Ton papa n’a pas du être déçu car dès ses débuts, ça a marché pour Lucas et rapidement après pour toi ?
Effectivement. Lucas a bien marché dès la catégorie Cadets. Moi également avec un certain décalage au niveau des résultats.

Est-ce que de ce fait qu'il est celui des deux qui donne le plus de conseils à l’autre, encore aujourd’hui ?
Je ne crois pas. J’ai su l’aider et le conseiller quand il était un peu en dedans. Et pareil pour lui qui m’a régulièrement aidé, soutenu et conseillé. On sait se dire les choses quand on observe un problème chez l’autre, ou du moins un aspect améliorable.

On peut imaginer que vos trajectoires sportives se séparent un jour ?
Ça ne nous fait pas peur. Ça fait partie du parcours d’un sportif de faire des choix et de changer de direction. Aucun souci là-dessus.

Pour ton frère et toi, cyclisme c’est avant tout le cyclo-cross et exclusivement cette discipline ?
Le cyclo-cross prend beaucoup de place mais on fait aussi beaucoup de VTT. A présent, on a un gros calendrier VTT en saison. En Juniors, j’ai eu des bons résultats et en Espoirs ça commence à venir avec une 4e place aux Championnat de France il y a deux ans. Depuis la saison dernière, je m’essaie un peu sur la route et je vais essayer d’en faire un peu plus par la suite.

Pourtant, tu étais plutôt réfractaire à la route jusqu’alors ?
Plutôt en effet. J’ai longtemps préféré le VTT ou le cross car quand on a la caisse, qu’on est en forme, on est devant et pas loin de la gagne. Sur la route c’est différent : c’est un sport d’équipe, la stratégie de course est fondamentale. Mais ça commence à m’attirer. La difficulté c’est la compatibilité avec le calendrier VTT. C’est ma dernière année Espoirs. On verra ensuite pour faire encore plus de route.

« LES JO, ÇA SERAIT UN RÊVE »

Justement, si on en revient au VTT. Il y a l’ambition de suivre les traces paternelles et représenter la France aux Jeux olympiques (NDLR : Ludovic Dubau a fait les JO 2000 à Sidney en VTT) ?
Ce serait un rêve. Et si j’arrive à l’atteindre là encore ce sera pour "performer". Évidemment pour 2020 ce peut être un peu juste. Mais 2024 pourquoi pas. Et ça sera en France en plus…

Côté cyclo-cross, on voit les nouvelles structures UCI apparaître. Ce sont des choses qui t’attirent pour la suite ?
Honnêtement je n’y pense pas trop. Ce n’est guère possible de vivre du cyclo-cross en France, je pense. Donc c’est vrai que j’ai tendance pour le moment à me focaliser sur mes études sans trop réfléchir à ma manière de courir, et avec qui, quand je ne serai plus Espoir.

Quand tu repenses à l’« exigence » paternelle - le vélo c’est du sérieux - il y a près de dix ans. Tu penses que ton frère et toi vous avez fait le boulot ?
Franchement, oui. Longtemps, nous avons plutôt fait des places et depuis quelques temps on est plus dans la « gagne » et c’est aussi grâce à lui. Il a su nous conseiller, nous aider à des moments-clés.

Il est fier de Lucas et toi ?
Je crois oui. J’espère. Il est toujours avec nous. Il nous emmène en voiture, il reste sur les courses. Il est hyper impliqué pour nous. De temps à autre, il roule avec nous. Il a toujours été très présent pour nous.

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