Tour de France : Sur les traces de... Rein Taaramäe

Crédit photo Régis Garnier - www.velofotopro.com

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C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs.
Pour ce nouveau numéro, Jean-Philippe Duracka, actuel directeur sportif du Team Pro Immo Nicolas Roux (DN1), évoque Rein Taaramäe (Direct Energie), qu’il a connu à la Roue d’Or Saint-Amandoise.

« J’ai connu Rein lors de sa deuxième année en France, en 2007. C'était l'année de ses 20 ans. Sur le vélo, il était sûr de sa force. Nous avions deux autres Estoniens, Tanel Kangert et Kalle Kriit. Avec ce type de coureurs, le travail du directeur sportif est facile. Je n’avais pas grand-chose à leur dire, ils avaient tout compris. Ils étaient craints par leurs adversaires. Ils étaient toujours performants alors il y avait de la suspicion… On n’aime pas trop quand des coureurs étrangers dominent. Au départ, certains se demandaient comment ils allaient pouvoir les battre. Je me suis régalé !

« IL N'AVAIT PEUR DE RIEN »

Ils avaient fait un triplé au Kreiz Kreizh Elites. Ils avaient pris un tour à tout le monde sur le circuit final. C’était impressionnant. Je me souviens également du Tour de Franche-Comté. Tanel avait pris le maillot de leader le premier jour. L’équipe a vite perdu plusieurs coureurs. Kalle était lui un peu moins bien. Rein a contrôlé le peloton pendant quatre étapes. Il a fait à lui tout seul le boulot d’une équipe entière. Il voulait même gagner la dernière étape. Il était parti à vingt kilomètres de l’arrivée mais Jérémie Derangère l’avait accompagné. Il n’avait pu faire mieux que 2e mais c’était impressionnant. Avec Rein, je n’avais qu’à compter les points… Il était toujours motivé. S’il avait prévu de faire 200 kilomètre et qu’il ne pouvait pas y aller, il remplaçait sa sortie par six heures d’home-trainer. Parfois, il neigeait et il allait rouler sur les traces que les voitures venaient de faire. Il n’avait peur rien.

« LE RESPECT DU COACH »

Nous avions une belle équipe, il y avait aussi des Français performants comme Yannick Martinez. C’est l’année où je me suis le plus régalé. J’ai une belle équipe au Team Pro Immo Nicolas Roux mais celle de Saint-Amand, en 2007, était supérieure. Il y avait les trois Estoniens mais il n’y avait pas de clan. Rein parlait déjà bien français à l’époque. Quand nous n'étions que tous les deux dans la voiture, c’était un moulin à parole. Mais dès qu’il y avait des coéquipiers, il ne disait plus un mot (sourires). Je n’ai que des bons souvenirs avec lui. Aujourd’hui, je ne regarde pas le grand sportif mais l’homme… Il a toujours su dire merci. Il avait le respect du coach et pour moi, c’est aussi important qu’une victoire. C’est pareil avec Tanel.

« ILS PRENAIENT DES DÉCISIONS ENTRE EUX »

Il faut admettre que parfois, ils prenaient des décisions entre eux. Ils étaient tellement supérieurs… Mais ils m’écoutaient. Rein est un gars très respectueux, hyper attachant et charmant. Il passait pendant ses sorties d’entraînement à la maison. Il venait manger les tartes que ma femme préparait. Il la remerciait toujours. Je suis toujours en contact avec lui, tout comme avec Tanel. Ils m’appellent et prennent des nouvelles. Il y a un suivi relationnel qu’on n’a pas toujours avec les Français. C’est l’un ou l’autre qui nous proposent des Estoniens régulièrement. Il y a eu Martin Laas et Karl-Patrick Lauk notamment. On se fait confiance. Ils savent qu'ils doivent me proposer des Estoniens de haut-niveau, sinon ça n'a pas d’intérêt pour nous.

« JE PENSAIS QU'IL FERAIT UNE PLUS GRANDE CARRIÈRE »

Avec la Route d'Or Saint-Amandoise, nous avons essayé de devenir la réserve de Cofidis. Nous avions des rapports privilégiés avec Bernard Quilfen, alors directeur sportif chez Cofidis, qui habitait à Saint-Amand. Nous avions un peu de matériel, ils ont engagé Rein mais ce n’est pas allé plus loin. Rein est vite monté dans la hiérarchie mondiale mais j’ai l’impression qu’il stagne un peu aujourd'hui. Quand il est parti, je me suis dit que ça allait devenir un très grand pro. Franchement, je pensais qu’il ferait une plus grande carrière. Tanel, qui est un très bon équipier chez Astana, a davantage progressé. »

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Portrait de Rein TAARAMÄE