Victor Lafay, « une réussite » pour Bourg-en-Bresse
Victor Lafay débute ce dimanche, avec Cofidis, chez les professionnels, à l'occasion de la Polynormande (1.1). Le Haut-Savoyard en a terminé avec une carrière amateur qui est passée par des très bas puis des très hauts. Après deux années compliquées au Chambéry CF, où des problèmes de genou l’ont perturbé, il s’est révélé en 2017 sous les couleurs de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme. En moins de douze mois, le grimpeur-puncheur a remporté le Championnat de France Espoirs, une étape du Tour de Savoie Mont-Blanc (2.2) et s’est classé 2e du Championnat d’Europe Espoirs. Une réussite qu’il doit en partie à sa rencontre à Bourg-en-Bresse avec Christian Milesi. Le directeur sportif, qui entraînera le néo-pro jusqu'à la fin de la saison, évoque leur complicité pour DirectVelo.
DirectVelo : Voilà, Victor Lafay n’est plus un coureur de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme mais un professionnel de Cofidis...
Christian Milesi : C’est une énorme satisfaction. Nous faisons ce job d’éducateur pour vivre ces moments-là. La relation que nous avions fait, c’est encore plus agréable à vivre. Nous sommes contents pour lui. Il y a de l’émotion. Un cycle se termine, une “relation” se termine même si elle est faite pour durer jusqu’à la fin de l’année, en entraînement. Il s’est passé un petit truc, humainement, avec Victor. C’est spécial de se dire que c’est terminé. Nous avons lavé son vélo pour la dernière fois le week-end dernier au Tour de la Tarentaise, nous l’avons coaché pour la dernière fois… Nous partions pour gagner la dernière course avec lui.
Mais il a abandonné l’épreuve dès la 2e étape… Est-ce un regret ?
Oui, même s’il n’avait rien à prouver sur cette course. Il aurait aimé s’imposer mais les reprises sont souvent un peu difficiles pour lui. Son genou l’a gêné. Il a préféré lever le pied avant d’avoir très mal. Il a arrêté pendant la deuxième étape, il n’a pas fait, mardi, le GP de Cours-la-Ville où il était prévu. Mais le principal a été fait. Sa dernière “vraie” course avec nous restera le Tour de Savoie Mont-Blanc, où il a remporté une étape.
« ON PEUT LUI PROMETTRE UNE CARRIÈRE SYMPA »
Tu aurais imaginé ça quand il est arrivé en 2017 ?
J’y croyais… Mais je ne pensais pas qu’il allait pouvoir être vice-Champion d’Europe, surtout qu’il avait le titre dans les cannes. On savait qu’il avait quelque chose. J’ai toujours pensé que c’était un coureur qui n’allait pas “que” passer pro. Il aime le vélo et le plaisir est essentiel à ses yeux. Il fait les choses car le plaisir est son moteur. Il y a du sérieux et de l’entraînement derrière tout ça.
Victor, c’est ta plus belle réussite en tant qu'entraineur ?
Chaque cas est différent. Encore une fois, nous avons pu jouer un rôle. Nous avons eu la structure qui lui correspondait au bon moment. Ce n’est pas évident de le dire, mais oui c’est une réussite.
Comment le vois-tu évoluer chez les pros ?
Il y a une part d’incertitudes mais clairement, ça peut être un très bon coureur pro. Il a un potentiel et il a montré des choses en peu d’années de vélo qui font qu’on peut lui promettre une carrière sympa.
« RETROUVER UNE EXPÉRIENCE COMME CELLE-LÀ »
C’est une belle publicité pour le club ?
Oui, nous avons un jeune qui a été Champion de France Espoirs, qui passe pro. Victor a accompagné notre montée en puissance qui date de quatre-cinq ans, ça a validé notre montée en DN1. Le plus important pour une structure est d’avoir son créneau. Nous jouons à côté de réserves d’équipes pros, d’équipes avec plus de budget. Notre approche avec les coureurs, notre calendrier et notre état d’esprit est un créneau qu’on assume et qui correspond bien à certains coureurs. Nous étions convaincus que ça pouvait le faire et ça se transforme avec Victor. C’est très bien. Le stage de Rémy (Rochas), chez Delko Marseille-Provence KTM, le valide aussi. C’est une pierre de plus à l’édifice.
Le but est de trouver le nouveau Victor Lafay ?
Oui… On a aujourd’hui la structure qui permet d’avoir des Juniors qui étaient en Equipe de France et qui sont dans une logique de progression “fédérale”. Nous les intéressons. Par ailleurs, j’ai toujours été attiré par les coureurs qui ont une histoire particulière. Quand l’aspect humain est plus important que le reste, c’est un projet qui m'intéresse. On sait faire dans notre structure. Il y a des coureurs de l’effectif qui veulent passer chez les pros, d’autres veulent atteindre leur limite. J’espère qu’on retrouvera dans le futur une expérience comme celle de Victor. On fait ce boulot pour ça.