Mathieu Burgaudeau : « Je suis encore embêté »
Voilà Mathieu Burgaudeau dans le grand bain. Ces dernières semaines, le Vendéen a fait ses débuts chez les professionnels avec la formation Direct Energie à l’occasion de différentes épreuves en Espagne. A partir de ce vendredi, le coureur de 20 ans va prendre part à sa première course sur le territoire français de la saison, à l’occasion de l’exigeant Tour du Haut-Var, où il accompagnera notamment le tenant du titre, son coéquipier Jonathan Hivert, ainsi que Lilian Calmejane. Toujours embêté par des problèmes de dos, le Vendéen espère pouvoir s’exprimer à 100%, mais pourrait potentiellement être encore diminué de longues semaines. DirectVelo fait le point avec le néo-pro.
DirectVelo : Comment se sont déroulées tes premières courses en tant que coureur professionnel, en Espagne ?
Mathieu Burgaudeau : J’ai commencé ma saison au Challenge de Majorque, avant d’enchaîner avec le Tour de Murcie et la Clasica de Almeria. J’avais de bonnes sensations à Majorque, je me sentais bien. J’étais franchement content de moi. Mais ensuite, j’ai souffert sur les courses suivantes. Les courses étaient relevées, il y avait de la grosse bagarre et j’ai passé trois journées pas simple du tout. J’étais dans le dur, mais j’espère que ça reviendra vite.
Qu’est-ce qui était le plus dur ?
C’est surtout quand ça accélère sérieusement en fin de course… Dès qu’il fallait faire un effort violent, je n’étais pas vraiment capable de le faire. C’est comme si j’avais du mal à mettre en route. Peut-être que c’était parce que je n’avais pas couru le week-end entre Majorque et Murcie. De toute façon, ça reste intéressant car je vais devoir apprendre à gérer ces périodes-là. Chez les amateurs, c’était forcément différent. Maintenant, je vais devoir travailler la gestion d’un entre deux courses.
« JE SAVAIS À QUOI M’ATTENDRE »
D’un point de vue psychologique, as-tu facilement digéré ce désormais statut de coureur professionnel ?
Je pense l’avoir plutôt bien absorbé, oui, même si sur le coup, ça reste impressionnant de prendre le départ d’une course à côté d’un coureur comme Alejandro Valverde. Mais je n’ai pas fait de complexe par rapport au monde professionnel. J’avais déjà été stagiaire et ça m’a sûrement aidé. Je savais à quoi m’attendre. Alors de ce côté-là, je l’ai bien vécu.
As-tu trouvé chez Direct Energie ce que tu imaginais ?
Complètement. Je ne suis pas vraiment surpris car quand tu cours au Vendée U, tu connais déjà bien les coureurs et les mécanismes de l’équipe pro. On est assez proche. L’ambiance est au top et je retrouve l’esprit de camaraderie que je connaissais au Vendée U. Ca aide à se sentir bien dans le groupe, et ça facilite l’intégration comme l’envie de se sacrifier pour le groupe. Cela dit, quand il faut être sérieux, on sait aussi faire la part des choses. Je trouve que l’on est dans le parfait compromis.
Comment abordes-tu le Tour du Haut-Var, qui débute ce vendredi ?
Le profil est bien accidenté. Ce sont des parcours que j’aime bien, mais le niveau sera très élevé, avec des mecs comme Pinot ou Bardet. Ca va rouler fort ! Ce seront trois journées difficiles, avec notamment une belle étape de 200 kilomètres la deuxième journée. Dans l’équipe, nous aurons de belles cartes à jouer avec Lilian (Calmejane) ou Jonathan (Hivert). On va faire au mieux pour les mettre dans de bonnes dispositions. J’espère apporter le maximum de mes capacités à l’équipe.
« J’AI VRAIMENT ÉTÉ DIMINUÉ PENDANT L’HIVER »
Y’a-t-il une certaine appréhension, à l’idée de subir sur des courses comme celle-ci ?
Forcément, au départ de la 1ère étape, je vais espérer être dans une bonne journée. Quand on est en pleine possession de ses moyens, c’est quand même plus agréable de se battre, plutôt que de calculer en permanence le moindre effort car tu subis. Si ça ne répond vraiment pas, alors il faudra s’adapter et courir différemment, c’est tout. J’ai conscience que le Tour du Haut-Var est une course difficile et j’espère vraiment avoir les jambes. Ce sera la même chose le week-end suivant, puisque je courrai soit en Ardèche, soit dans la Drôme.
Où en es-tu de tes problèmes de dos, que tu disais ne pas avoir totalement soignés ?
(Il souffle). Ca met beaucoup de temps à passer, malheureusement… Je pense être sur la bonne voie, mais je suis encore embêté. Cet hiver, j’ai passé un IRM qui a éclairci la situation, et c’est déjà ça. Jusque-là, je ne savais pas trop d’où ça venait. Ce n’était pas localisé. En fait, j’ai deux disques (vertébraux) qui sont abîmés. J’ai suivi un traitement pour me soigner. Depuis, je fais un travail spécifique, tous les jours. Ca me soulage, mais ça met du temps, et je n’ai pas de garanties. Si le travail que j’ai mis en place n’est pas assez efficace, alors malheureusement, il faudra passer par des infiltrations dans les prochaines semaines. En attendant, je vais voir quelle sera l’évolution des prochains jours, mais je crois à un rétablissement.
Tu as toujours des douleurs en course ?
C’est plutôt hors compétition, en fait. Quand le corps est chaud, ça va encore… Mais dans la vie de tous les jours, ce n’est pas le top. Je vais régulièrement voir mon ostéopathe pour qu’il me remette tout ça comme il faut, mais ce n’est pas tip-top. Cet hiver, pendant la préparation hivernale, je n’arrivais même pas à mettre de braquet. Je ne pouvais pas forcer. J’ai vraiment été diminué pendant l’hiver et je n’ai pas pu me préparer comme je l’espérais. Heureusement, ça va quand même mieux, sinon, j’aurais vraiment souffert en compétition.
« J’AURAIS DÛ ÊTRE PLUS VIGILANT »
On t’imagine frustré de débuter ta carrière professionnelle de cette façon...
A ce niveau-là, quand tu n’es pas à 100%, c’est compliqué. C’est forcément dommage et frustrant, mais je sais ce que j’ai à faire. J’ai hâte d’être au top de ma condition, pour pouvoir exprimer mes capacités. C’est mon rêve. En attendant, le staff connaît la situation. Ils sont à l’écoute et on va tous tâcher de faire au mieux.
L’an dernier, ces problèmes de dos t’avaient déjà empêché de réaliser une saison complète. Faudra-t-il faire attention à ne pas trop courir cette année en tant que néo-pro ?
Pas forcément. Cette situation ne m’inquiète pas trop car en Espoir 1, j’avais pu faire une grosse saison, avec pas mal de jours de course, alors que je débarquais tout juste chez les Espoirs. Quand je suis bien physiquement, je récupère assez vite. Je réagis bien aux charges de travail. Le vrai problème, c’est mon dos. Pour le reste, je ne suis pas inquiet. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’avenir, au moindre pépin physique, j’écouterai mon corps et je me stopperai directement.
Tu penses avoir fait une erreur l’an passé ?
Le problème a duré car je ne m’en suis pas occupé directement. J’aurais dû être plus vigilant. J’ai laissé traîner et il ne faut jamais le faire. Mais bon, j’apprends. C’est une expérience de vie.