Aude Biannic : « J'ai perdu mon sang-froid »
Aude Biannic n'est pas parvenue à conserver son titre. Championne de France en 2018, la sociétaire de la Movistar Womens Team a dû rendre les armes face au collectif de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope en surnombre dans le final du circuit de La Haye-Fouassière (Loire-Atlantique). Très déçue de sa médaille de bronze (voir classement), la Bretonne a tout de même fait le point avec DirectVelo.
DirectVelo : Tu as attendu le final pour passer à l'action...
Aude Biannic : Je ne savais pas quelle allait être ma condition physique. J'étais bien au chrono, mais la chaleur a eu raison de moi. J'ai réalisé de bonnes performances sur le Tour de Grande-Bretagne il y a deux semaines, donc je me doutais que les jambes étaient là. J'ai vu dès le début que j'étais vraiment bien. J'ai essayé de bien m'arroser pour ne pas avoir un coup de chaud dans le final. Je me suis désintéressée de la course dans les premiers tours pour faire mon effort dans les derniers tours. J'ai eu un peu chaud quand j'ai vu qu'il y avait deux minutes d'avance pour l'échappée. J'avais peur que ça soit un peu trop. Au final, ça l'a fait, mais pas au sprint.
Tu as dû lutter à une contre trois !
Il y a toujours une possibilité de gagner. Je n'avais pas envie de laisser mon maillot. J'aurais bien voulu le porter une année de plus. J'ai tout donné pour revenir sur les deux filles qui étaient devant (Jade Wiel et Marie Le Net, NDLR). Avec deux minutes de retard, ce n'était pas gagné d'avance. Je suis sortie avec Victorie (Guilman) dans la roue. Je me suis dit que ça allait être compliqué parce qu'elle n'allait pas m'aider. J'avais tout le travail à faire pour rentrer devant. Une fois revenue, j'aurais dû réagir différemment. J'ai perdu mes moyens dans le final. Je voulais tellement gagner que je me suis un peu énervée et je n'ai pas bien calculé ma stratégie. Je n'ai pas eu de sang-froid.
« J'AURAIS DÛ FAIRE AUTREMENT »
As-tu envisagé d'attendre Audrey Cordon-Ragot qui était seule en contre ?
Après la course, je me dis que j'aurais dû l'attendre. Ça aurait peut-être été plus facile à deux contre trois, mais je savais que j'avais plus de fraîcheur que Jade (Wiel) et Marie (Le Net) qui avaient fait pas mal de kilomètres à l'avant. Je ne savais pas comment Victorie (Guilman) était et je ne savais pas si elle jouait avec moi ou non. Au sprint, Audrey (Cordon-Ragot) était meilleure que tout le monde. Ce que je voulais, c'était gagner. Faire 2e ou 3e, je m'en fichais. J'ai essayé le tout pour le tout à une contre trois. Je me disais que la fraîcheur allait peut-être l'emporter. J'aurais dû faire autrement.
La déception semble grande...
J'étais déçue sur la ligne d'arrivée. Les autres n'ont pas collaboré avec moi. Elles ont joué avec mes nerfs. J'ai perdu mon sang-froid et ça m'a énervée. Pour moi, à trois, elles devaient rouler parce qu'Audrey revenait derrière et qu'elle était plus rapide au sprint. Elles ont joué, elles ont gagné. C'est moi qui ai perdu.
Tu as même coupé ton effort avant la ligne !
On ne retient que la première, donc 2e ou 3e, ça ne changeait pas grand-chose pour moi. Je voulais ramener le maillot chez Movistar. J'ai tout fait pour. J'ai lancé de loin parce que Jade (Wiel) est plus explosive que moi, avec sa pratique du cyclo-cross. J'ai vu que j'étais battue. Maintenant, je laisse mon maillot à Jade Wiel et c'est à elle de bien le porter pendant une année.