Aude Biannic y pense encore. Plusieurs jours après le Championnat de France sur route Femmes, la sociétaire de la formation Movistar se demande toujours comment elle aurait dû manoeuvrer dans les derniers kilomètres, face au collectif de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. Heureusement, elle va très rapidement trouver l’opportunité de tourner la page. “J’ai du mal à digérer ce Championnat, et la déception de la course en ligne. C’est bien de pouvoir enchaîner rapidement sur le Giro : ça me permet de pouvoir passer à autre chose. Malgré cette déception, j’ai vu que j’étais en bonne condition. J’aborde ce Giro motivée, et avec de la confiance”.

« JE NE VOIS PAS POURQUOI J’AURAIS DÛ ATTENDRE AUDREY »

Avant de se tourner définitivement vers son cinquième Tour d’Italie, la Championne de France 2018 a donc eu le temps de ressasser, et de visionner les images de samedi dernier. “Après la course, j’ai lu pas mal de commentaires sur internet… Des gens qui disaient que je n’avais pas forcément bien couru, ou qui réagissaient aux propos d’Audrey (Cordon-Ragot, lire ici). Je me posais des questions, et je voulais revoir ce qu’il s’était vraiment passé, avec du recul”, explique-t-elle pour DirectVelo. Verdict ? “C’est très clair dans ma tête maintenant. Je ne vois vraiment pas pourquoi j’aurais dû attendre Audrey. Elle n’arrivait plus à boucher le trou, elle était cuite et ne m’aurait pas aidée à rentrer. S’il restait encore un tour entier à ce moment-là, pourquoi pas. Mais à trois bornes de l’arrivée… Du coup, je ne regrette rien”.

Affaire classée pour celle qui veut désormais faire de cet échec une force. “C’est toujours de l’expérience en plus. Cette défaite me servira, c’est sûr. Ce qui ne tue pas rend plus fort. J’ai manqué de confiance en moi durant ce Championnat. Je me suis persuadée que les autres étaient plus fortes que moi. Mais quand j’entends, après la course, Jade (Wiel) ou Victorie (Guilman) dire qu’elles étaient cuites et que j’aurais dû les attaquer… J’avoue que je ne me sentais pas plus forte qu’elles. Et pourtant, c’était peut-être le cas, donc”. Aude Biannic ne trouve-t-elle pas là une raison d’avoir, finalement, des regrets ? “C’est le seul regret que je peux avoir, alors. J’aurais dû attaquer dans la dernière bosse”.

« JOUER LA VICTOIRE, C’EST ENCORE AUTRE CHOSE »

Le circuit de la Haye-Fouassière est maintenant derrière l’athlète de 28 ans. Ce vendredi, c’est le Tour d’Italie qui débute. Aude Biannic devait y jouer le rôle d’équipière pour Mavi Garcia. 11e de l’épreuve l’an passé, la Majorquine en avait fait son plus grand objectif de la saison 2019, mais elle s’est fracturée la clavicule à l’entraînement, fin juin. “Il va falloir redéfinir les rôles dans l’équipe désormais. Dans tous les cas, je partirai toujours dans l’optique d’aider d’autres filles sur les étapes les plus dures. Et puis, pourquoi ne pas jouer ma carte sur des étapes accidentées mais accessibles pour moi”, lance Aude Biannic.

7e du Circuit Het Nieuwsblad ou encore 15e des Strade Bianche cette saison, elle est persuadée de pouvoir rivaliser avec les meilleures, dans un bon jour. “Je suis toujours là sur les courses WorldTour. J’arrive à faire la course dans le final. Jouer la victoire, c’est encore autre chose. Il faut avoir l’habitude de ça. Mais tout reste possible. Un podium, pourquoi pas… Il faut prendre une belle échappée et ensuite, ça dépend de qui s’y trouve”. Ne reste plus qu’à espérer avoir de la réussite lors des dix jours de course de ce Tour d’Italie.