Le Tour de l'Ardèche veut conserver ses particularités

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

6La 17e édition du Tour féminin de l'Ardèche (2.1) se termine ce vendredi, avec une dernière étape tracée entre Chomérac et Privas. Avant cette ultime journée de course, qui devrait voir le sacre final de la Néerlandaise Marianne Vos (CCC-Liv), déjà quadruple lauréate d'étapes, DirectVelo s'est entretenu avec le directeur de l'épreuve, Alain Couréon, pour aborder différents sujets comme la durée et la difficulté de l'épreuve, sa place au calendrier, le niveau particulièrement hétérogène de ce peloton, ou encore les délais très souples. 

DirectVelo : Le peloton de ce 17e Tour de l'Ardèche semblait très hétérogène, avec la présence de certaines des meilleures athlètes mondiales, face à d'autres filles au niveau beaucoup plus modeste. Est-ce un problème pour le déroulé de la course ?

Alain Couréon : Pour moi, ce n'est pas une problématique. Chez les filles, il est évident qu'il y a des niveaux différents. Nous avons de grandes championnes dans ce peloton. Cette année, nous comptions 48 Championnes, ou ex-Championnes nationales. Ensuite, oui, il y a des filles à la traîne... Mais le cyclisme féminin n'est absolument pas développé en France. Si on compare à l'Italie, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis... Ce n'est pas la même chose. En France, nous n'avons qu'une équipe de haut-niveau. Alors pour avoir d'autres concurrentes françaises, nous avons cette équipe régionale, cette entente. Les filles plus faibles apprennent face aux meilleures, c'est bien aussi. 

Sur ce Tour de l'Ardèche, on a vu tous les jours des filles finir les étapes très loin de la lauréate, parfois 1h30 plus tard... N'est-ce pas trop ? Ne faudrait-il pas des délais plus limités, comme dans les autres épreuves du calendrier ? 
Le problème, c'est que la sécurité devient vraiment difficile à assurer lorsque des filles se retrouvent très loin derrière. C'est pour ça que, de temps en temps, on est obligé, avec le coeur serré, de lui demander de s'arrêter. L'autre solution serait de la laisser continuer hors course, hors de la bulle, derrière la voiture balai. Mais je m'y refuse complètement. Pour moi, c'est inimaginable. Pour le reste, on tient tout de même à ce qu'un maximum de filles puissent terminer la course et repartir le lendemain.
 
Cette année, vous avez proposé aux concurrentes sept étapes, toutes accidentées. Souhaitez-vous rester sur ce format à l'avenir, ou envisagez-vous le retour d'une ou deux étapes plus abordables et intéressantes pour les sprinteuses, par exemple ?
Déjà, il faut préciser qu'il y avait une étape de plus cette année. Il faut trouver des villes que l'on peut relier facilement par du plat et en Ardèche, c'est compliqué. Avec les départs et les arrivées que nous avions cette année, c'était impossible. Il faudrait emprunter la D86, mais ce serait infernal en terme de sécurité et d'organisation. De toute façon, si on veut développer des courses féminines, il faut ce type d'épreuves difficiles. C'est de cette façon que les filles apprennent, et pas uniquement via des courses aux Pays-Bas, où vous avez un peloton groupé à l'arrivée tous les jours. Je ne les critique pas, ils n'ont pas de montagne... Mais il n'y a rien d'intéressant sur ce type de routes. Même sur le Tour de France : qu'aime le grand public ? Les étapes de montagne ! C'est ce qui attire le plus les suiveurs. Je pense que la plupart des filles ne se plaignent pas de ces profils.

« ELLES EN SONT CAPABLES »

Souhaitez-vous rester sur cette formule de sept étapes à l'avenir ?
C'est une question d'autorisations. Je remercie l'UCI de m'avoir accordé une étape supplémentaire car, par les temps actuels, ce n'est pas évident de rallonger les courses. Si on veut que les filles arrivent au même niveau que les hommes, il faut qu'elles disputent de longues courses par étapes, et elles en sont capables. 

Marianne Vos évoquait cette semaine le calendrier surchargé à cette période de l'année, avec Madrid, le Boels Ladies Tour ou encore le Tour de Belgique. Est-ce un frein pour le développement de votre épreuve ?
Je ne le pense pas, car nous avons déjà trop d'équipes (sourires). Il nous arrive même de devoir en refuser certaines, malheureusement. On a un haut-niveau. Cette date nous convient, je ne vois pas pourquoi on la changerait. En Ardèche, quelque soit le préfet, je n'aurais pas accès à toutes ces routes en juillet ou en août (rires).

Huit équipes se sont présentées à quatre, le premier jour. Comment peut-on empêcher une telle situation ?
Beaucoup des équipes présentent ici ont un petit effectif. Cette année, c'était particulièrement vrai. Mais il y a eu des problèmes sur différentes courses juste avant le Tour de l'Ardèche, avec beaucoup de chutes. Nous n'y pouvons rien. Espérons que ça se passe différemment l'an prochain.

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