Le meilleur et le pire de… Jérémy Bellicaud

Crédit photo Alexis Courthoud - www.girovalledaosta.it

Crédit photo Alexis Courthoud - www.girovalledaosta.it

Joie, déception et tristesse se côtoient souvent au cours d’une saison. Des heures d'entraînement, des galères oubliées pendant un court instant : le frisson de la victoire. Vous les avez suivis toute l’année sur DirectVelo et ils vous offrent leur meilleur et leur pire souvenir de cette saison 2019. Aujourd’hui, Jérémy Bellicaud revient sur son drôle de Tour du Val d’Aoste, durant lequel il est passé par toutes les émotions. De la prise du maillot jaune jusqu’à son abandon après avoir vécu un véritable calvaire, le futur professionnel de Wanty-Gobert n’est pas près d’oublier cette expérience italienne.

LE MEILLEUR…

« Au moment d’évoquer mes souvenirs les plus marquants de la saison, me vient en tête pour le meilleur comme pour le pire une seule et même course : le Tour du Val d’Aoste. En quelques jours, j’ai vécu le condensé de ce que peut ressentir un coureur pendant une saison. Je suis passé par toutes les émotions. Lors des deux premières étapes, j’ai eu de superbes sensations. J’étais vraiment au top. Pourtant, je ne m’étais pas préparé spécifiquement pour cet événement. J’étais simplement sur la lancée du Tour de Savoie-Mont Blanc et du Tour du Piémont Pyrénéen. Le Val d’Aoste n’était que du bonus. Grâce à mes très bonnes sensations, je me suis retrouvé maillot jaune après les deux premières journées de course. Honnêtement, à ce moment-là, je me suis dit qu’il y avait au moins un podium final à aller chercher. J’ai vu que j’étais parmi les plus forts de la course et je me suis dit que ça allait continuer.

Pour autant, on m’avait prévenu qu’il s’agissait de l’une des courses les plus dures du calendrier des Espoirs. Et je dois avouer que je ne m’attendais quand même pas à ça, à un tel chantier ! C’était très dur tous les jours, avec beaucoup de dénivelé et un niveau relevé. J’ai perdu beaucoup d’énergie lors des deux premières journées, mais également au terme de la deuxième étape. J’ai attendu un bon moment dans le froid avant de monter sur le podium protocolaire pour recevoir mon maillot jaune. Le contrôle anti-dopage a également duré longtemps. Sans compter qu’il allait encore y avoir un gros transfert pour aller jusqu’à l’hôtel le soir même. J’ai aussi commis l’erreur de ne pas faire attention à la récupération. Je me suis couché assez tard mais le lendemain, il y avait un maillot à défendre.

...ET LE PIRE

Dès les premiers kilomètres de la 3e étape, j’ai senti que ça n’allait pas trop. Je suis passé d’un coup, sans transition, d’une situation où je me sentais très fort, à un scénario catastrophe. J’ai vite compris que j’allais avoir du mal à conserver mon maillot. Je me suis dit qu’il fallait limiter la casse dans la dernière montée, mais finalement, j’ai pris un tir (30e à 9’38”, NDLR). Malgré tout, j’étais toujours 4e du classement général et je me suis dit que je devais me rattraper le lendemain. Sauf que c’était encore pire ! J’étais au fond du seau. La situation n’a fait que s’empirer au final des étapes. L’avant-dernier jour, j’ai terminé dans le grupetto. Mentalement, c’était dur. Lors de la dernière étape, je me mis dans le rouge dans la première descente… Je n’avais plus aucune force et j’ai dû abandonner.

Sur le coup, j’ai eu du mal à expliquer et à analyser cette situation. Désormais, avec le recul, j’ai évidemment essayé d’en tirer des enseignements. Je crois que j’avais trop enchaîné à cette période-là, sans prendre de temps de repos. J’étais devenu trop faible. D’ailleurs, les derniers jours du Val d’Aoste, je n’avais même plus d’appétit. J’ai dû tirer trop fort sur la machine. C’était trop, physiquement. J’aurais dû lever le pied après le Tour de Savoie-Mont Blanc. On m’avait prévenu, pourtant… Je pense aussi à la façon dont j’ai géré l’après-course le deuxième jour. Je ne referai plus ce type d’erreurs. Dans l’euphorie, je ne m’étais pas projeté sur la suite. J’ai pris de l’expérience sur cette course. Quand on est à ce niveau, on doit tout optimiser et penser au moindre détail. J’en ai vraiment pris conscience grâce à cette mésaventure. »

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