Ben O'Connor a tout repris à zéro
Ben O'Connor a conclu le coup de force des NTT, ce samedi, sur la quatrième étape de l'Étoile de Bessèges dont l'arrivée était jugée en haut du Mont Bouquet (voir classement). L'Australien était présent dans l'échappée matinale en compagnie de six autres coureurs. À une petite cinquantaine de kilomètres de l'arrivée, deux de ses coéquipiers lancent les hostilités au sein du peloton, sans succès. C'est ensuite, un autre coureur de la formation WorldTour, Michael Gogl, qui place une offensive à l'avant du peloton, peu avant le pied du col de Trélis. Parti en contre, ce dernier prend quelques longueurs d'avance, tandis que ses autres coéquipiers Edvald Boasson Hagen et Michael Valgren attaquent à leur tour dans le col de Trélis. "Nous avons décidé de prendre la course en main aujourd'hui (samedi). C'était le plan : tenter quelque chose quand c'était pentu", expliquait Ben O'Connor, au micro de DirectVelo, au niveau du podium protocolaire.
« EDVALD (BOASSON HAGEN) S'EST DONNÉ UN MAL DE CHIEN »
Les NTT se retrouvent donc à quatre à l'avant, une fois que la jonction opérée à la fin de la descente du col de Trélis. Michael Gogl et Edvald Boasson Hagen roulent donc à fond pour Michael Valgren, le vainqueur de l'Amstel Gold Race 2018, et Ben O'Connor. "Nous nous sommes investis à fond pour arriver au pied de la dernière ascension avec un maximum d'avance". Finalement, le Danois Valgren ne peut suivre le tempo imprimé par l'Australien. "J'étais plus fort que lui, c'est la course, c'est comme ça. Je ne lui ai rien demandé. Ce sont simplement Gino (Van Oudenhove) et Bjarne (Riis) qui nous ont dit de faire comme ça". Très vite, le coureur de 24 ans n'a plus qu'un adversaire dans sa roue, son compatriote Simon Clarke (EF Pro Cycling). "Je savais que Simon était probablement plus rapide que moi. En restant avec lui jusqu'en haut, je n'étais pas certain de pouvoir l'emporter. Je devais donc le lâcher".
Ben O'Connor savait qu'il ne devait pas attendre la fin de la montée, qui était moins dure. "Nous avions reconnu cette montée avant le début de l'épreuve. Je savais où le distancer, sinon, ça aurait été tactique. Je n'avais plus qu'à espérer que mes jambes soient assez bonnes pour le faire", sourit-il après coup. Au terme d'une énième accélération, il parvient finalement à distancer l'autre « Aussie », Simon Clarke, vers la flamme rouge. "Je suis heureux d'avoir eu des jambes incroyables. On voulait absolument gagner et on a réussi une démonstration de force". L'Australien tient à remercier le travail de ses équipiers. "Edvald (Boasson Hagen) a tout donné pour moi, il s'est donné un mal de chien. Je l'ai fait pour lui, deux jours avant. Là, il l'a fait pour moi. C'est très spécial car c'est un coureur de classe mondiale. Il est vraiment investi. Tous ses efforts ont été récompensés", avoue celui qui avait perdu toutes ses chances au classement général en concédant du temps dès la première étape, à la suite des bordures.
« CETTE VICTOIRE CHANGE BEAUCOUP DE CHOSES »
Le vainqueur du jour retrouve donc ses qualités de grimpeur, grâce auxquelles il avait notamment pu s'imposer sur une étape du Tour des Alpes 2018 à Merano, en Italie, devant Thibaut Pinot. "Cela faisait un moment que je n'avais pas gagné". L'an dernier, il a même connu une saison particulièrement compliquée. "J'ai vraiment lutté. Rien n'allait dans le bon sens". Au bord des larmes, le garçon se rémémore ces moments qu'il a eu du mal à digérer. Son pire souvenir : le Tour d'Italie, sur lequel il espérait bien mieux. "J'ai essayé d'être bon, mais rien n'a fonctionné. J'ai souvent chuté aussi...".
Cette victoire au sommet du Mont Bouquet est "un nouveau départ" pour Ben O'Connor. "J'en avais vraiment besoin. En quelque sorte, j'avais décidé de tout reprendre à zéro cet hiver. L'an dernier, après toutes ces galères, je me demandais ce que j'allais devenir dans ce milieu... Mais cette victoire change beaucoup de choses. Je peux rêver à de nouvelles choses désormais, me projeter vers d'autres objectifs. Car jusqu'à présent, j'étais perdu et ne savait plus tôt après quoi courir. J'avais besoin de confiance". D'abord joueur de football et de cricket, l'Australien s'est mis au vélo sur le tard. "Ce n'est que ma quatrième année comme professionnel", rappelle-t-il. Marqué par ses mésaventures sur le dernier Tour d'Italie, il ne retournera pas sur la « course rose » cette saison. Il espère, en revanche, participer au Tour de France.