La formation FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope misait beaucoup sur les premières courses italiennes de la saison, à commencer par les Strade Bianche. Malheureusement, l’épreuve transalpine a été officiellement annulée l’avant-veille de l’événement. Du côté de la WorldTour française, on a pourtant souhaité y croire jusqu’au bout. “Trois filles de l’équipe étaient déjà en Italie. Cecilie (Uttrup Ludwig) était super motivée et elle était déjà prête à faire une première reconnaissance de plusieurs chemins. Heureusement, nous avions senti le vent tourner et j’avais demandé aux trois autres filles de l’équipe de repousser leur voyage”, résume auprès de DirectVelo le manager général de l’équipe, Stephen Delcourt. “Le staff avait pour sa part accepté de dormir à la frontière car on ne voulait pas s’enflammer à aller directement jusqu’à Sienne”. Tout ce beau monde a finalement été contraint de rebrousser chemin après un déplacement… pour rien. “J’avais laissé le choix au staff comme aux filles d’y aller ou non, après avoir demandé un avis médical. Il se trouve que toutes les filles étaient super motivées pour cette épreuve mythique. Avec l’épilogue que l’on connaît. Je n’ai pas envie de revivre ça…”.

Difficile, pour autant, de se mettre à l’abri d’autres péripéties par les temps qui courent. L’épidémie de coronavirus provoque de véritables casse-têtes au sein des équipes. C’est ainsi que Stephen Delcourt a décidé de se laisser plusieurs jours pour faire un point complet sur la situation avant de prendre d’autres décisions. “On se met en stand-by pendant quatre jours. On veut se donner ce temps de réflexion pour planifier convenablement la suite des événements. L’annulation des Strade Bianche n’est peut-être que la première d’une longue liste. À l’instant-T, je ne sais même pas si nous disputerons la prochaine course WorldTour aux Pays-Bas. Aura-t-elle lieu ? Personne ne peut l’affirmer”.

UNE SITUATION DÉLICATE QUI RENFORCE LA COHÉSION DU GROUPE

Conséquence de cette situation extrêmement confuse et changeante, Stephen Delcourt a multiplié les échanges téléphoniques ces dernières 48h, notamment avec Eusebio Unzue, le manager de la Movistar, ou encore avec l'équipe masculine de la Groupama-FDJ. Histoire de prendre la température et de partager les points de vue. “Pour les Strade, il était forcément très compliqué de prendre LA bonne décision. Mitchelton-Scott a décidé très tôt de ne pas venir. De notre côté, les sponsors et les médecins avaient donné leur feu vert et on avait l'ambition de gagner”.

Comme d’autres équipes, Stephen Delcourt concède avoir déjà “perdu de l’argent ces derniers jours” avec ces déplacements effectués « dans le vide ». “Mais je suis hyper satisfait du comportement des filles et du staff. Je sens un vrai groupe et une belle solidarité”. Philosophe, le manager tient également, en conclusion, à relativiser la période actuelle, aussi délicate soit-elle pour lui comme pour l’ensemble de ses troupes. “La situation n’est pas simple. Quand on voit nos homologues de la Groupama-FDJ coincés en quarantaine aux Émirats… Personne ne veut vivre ça. Mais d’un autre côté, c’est quoi, deux semaines en quarantaine, quand on voit que l’on vient de perdre l’un des nôtres, qui faisait l'unanimité, à 40 ans, questionne-t-il en évoquant la mort de Nicolas Portal. C’est tellement triste. Le reste paraît si peu important finalement…”.