Paris-Nice : Et maintenant, le saut dans l’inconnu

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

C’est avec un sentiment particulier que les coureurs ont quitté les routes de Paris-Nice, ce samedi soir. Un jour avant le terme initial de l’épreuve, l’édition 2020 de la « Course au Soleil » s’est refermée avec les succès de Nairo Quintana et de Maximilian Schachmann (voir classements). Si c’est avec une émotion très étrange que les équipes ont quitté ce Paris-Nice, c’est parce que la fin de la course marque cette année le début d’un véritable saut dans l’inconnu. L’actuelle pandémie de coronavirus qui touche tous les continents a contraint le sport mondial à suspendre l’intégralité de ses événements. Ainsi, nul ne sait à l’instant-T quand la saison cycliste pourra reprendre. Seule certitude, ce ne sera pas avant, minimum, début avril. Mais tout le monde le sait : la reprise pourrait bien attendre encore plus longtemps…

“C’est toujours ça de pris”. Voilà en tout cas une phrase qui est revenue dans la bouche de plusieurs coureurs, ces derniers jours, sur les routes de Paris-Nice. Alors que de nombreux autres athlètes se voyaient déjà contraints de renoncer à d’autres compétitions, les participants de la course WorldTour française ont pris conscience de la chance de pouvoir encore courir en cette période délicate. “Il faut prendre les choses positivement. J’ai profité d’être ici, alors que certains coureurs sont déjà à la maison depuis 15-20 jours. Il y a même des coureurs comme Primoz Roglic ou Tom Dumoulin qui n’ont pas encore repris leur saison. Nous, on a déjà une quinzaine de jours de course dans les jambes, c’est bien”, résumait Romain Combaud pour DirectVelo à la veille de l’arrivée finale de Paris-Nice. “Cette situation particulière, on y pense tous depuis le début de la course. Mais je trouve déjà bien qu’ASO ait pu maintenir Paris-Nice. Certes, on a loupé le dernier jour, qui a été annulé, mais le général a de la gueule quand même et on a pu courir durant une semaine”.

« ON EN A PROFITÉ AU MAXIMUM »

Le coureur de Nippo-Delko One Provence est rejoint dans son discours par Cyril Barthe. La recrue de B&B Hôtels-Vital Concept a d’autant plus apprécié sa participation à Paris-Nice qu’elle n’était évidemment pas attendue, sa formation ayant été conviée à l’épreuve au dernier moment en remplacement d’équipes qui se sont désistées. On a pris la course au jour le jour, sans trop penser au lendemain. On s’adaptait aux bonnes ou aux mauvaises nouvelles chaque jour. Je me dis que j’ai eu la chance d’avoir un calendrier conséquent en ce début de saison. Être sur Paris-Nice était une très bonne surprise. C’était la seule course qui avait lieu alors on en a profité au maximum”.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? “Le plus important, selon moi, c’est de savoir le plus vite possible à quel moment on pourra reprendre la compétition. Le pire, ce serait de se préparer pour telle ou telle course et qu’à chaque fois, ce soit annulé à quelques jours du départ. Là, ce serait super épuisant physiquement comme mentalement. Par contre, si on sait à quel moment on va retrouver la compétition, on pourra adapter notre forme, au moins un minimum”, explique Julien Vermote. Comme tout le monde, le Belge de la Cofidis envisage aujourd’hui tous les scénarios possibles, y compris celui de reprendre la compétition sur une course majeure du calendrier. “S’il faut reprendre au Tour des Flandres ou sur Paris-Roubaix, ce sera super particulier. Mais ce serait toujours moins pire que de voir ces courses annulées”.

« ON SERA ENCORE PLUS MOTIVÉS »

Son compatriote Tom Van Asbroeck a du mal à se projeter. Je ne sais pas si ça va faire comme une trêve hivernale… C’est forcément une situation étrange. La seule chose qui est déjà certaine, c’est qu’on ne va pas courir pendant plusieurs semaines. Mais combien de temps précisément, personne ne le sait. L’équipe va nous donner des consignes. Ce qui est sûr, c’est que nous sommes des coureurs professionnels. Nous devons nous tenir prêts au cas où l’on puisse bientôt reprendre la compétition. Il va falloir tenter de maintenir une forme convenable mais sans courir, c’est forcément plus dur”. Le coureur d’Israël Start-Up Nation imagine, lui aussi, “pouvoir compenser le manque de jours de course plus facilement que les coureurs qui n’ont même pas pu disputer Paris-Nice”.

Romain Combaud, pour sa part, s’apprête à marquer une coupure, comme cela était prévu depuis qu’il a établi le programme 2020 durant l’intersaison. Mais après ? “Les instances de l’UCI vont décider de la suite à donner aux événements mais il faudra que les décisions soient annoncées assez tôt pour que les équipes aient le temps de s’adapter et de s’organiser, notamment en terme de logistique. Si ça dure un mois, deux mois… Tant pis, il faudra faire avec. On sera encore plus motivé lorsque l’on retrouvera les courses. Il faut relativiser. Mais si on a deux mois d’arrêt, c’est sûr que l’on repartira quasiment de zéro !”, prévient-il. 

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