Przemyslaw Kasperkiewicz : « Je suis bien plus heureux »
En pleine pandémie de coronavirus, les coureurs cyclistes européens sont privés de compétitions depuis début mars. Tout doucement, certaines manifestations sportives sont organisées dans des conditions particulières comme en Allemagne (lire ici) ou encore en République tchèque (lire ici). Du côté de la Pologne également, le cyclisme semble prêt à reprendre ses droits. Une première compétition va ainsi avoir lieu dans les prochains jours, un critérium. Pour autant, Przemysław Kasperkiewicz ne s’y rendra pas. “C’est à l’autre bout du pays. Je ne vais pas faire quatre heures de voiture pour une course de 80 kilomètres. Je ne suis plus à ça près. Ce jour-là, il sera plus raisonnable et plus logique de faire une nouvelle sortie de foncier, dans la continuité de ce que je fais depuis un moment”, explique-t-il auprès de DirectVelo.
UNE COURSE WORLDTOUR EN LIGNE DE MIRE POUR CET ÉTÉ
Le sociétaire de l’UC Nantes Atlantique est concentré sur ses objectifs à moyen et long terme. Bien qu’il attende “avec impatience” le retour des compétitions, ce n’est pas sur ce type d’événement que se jouera son avenir. Et il le sait. “J’essaie de prendre du recul sur toute cette situation. Bien sûr, ce n’est pas évident d’être privé de courses, de ma passion. Mais d’un autre côté, j’ai passé les huit dernières années de ma vie à bouger de droite à gauche, pour le vélo. Ma maison, c’était ma valise. Pour une fois, j’ai pu prendre le temps de me poser, profiter de chez moi, avec mes proches. Ce n’est pas désagréable”.
Psychologiquement, l’ancien coureur professionnel du Team Delko Marseille Provence promet se porter très bien, plus motivé que jamais. “J’avais coché un certain nombre de courses en début de saison et elles ont toutes été annulées : le Tour de Normandie, le Tour de Bretagne, le Tour du Loir-et-Cher… C’est comme ça, je passe à autre chose. J’ai un contrat avec l’équipe et je compte bien l’honorer à 100%. On a un groupe formidable, avec des gens super, que ce soit les coureurs, les directeurs sportifs ou tous les autres membres du staff. Je me sens très bien ici, beaucoup mieux que ces dernières années. Je suis bien plus heureux. Je n’ai pas envie d’être négatif, je garde le sourire. Je veux simplement garder la forme et faire de belles choses en fin d’année”.
POSITIVE ATTITUDE
Ces belles choses, justement, elles pourraient se faire et s’écrire sur les routes françaises, mais aussi en Pologne. “J’ai envie de faire quelque chose lors du Championnat national qui, si tout va bien, devrait être organisé du 22 au 24 août. Mais avant ça, je pense déjà au Tour de Pologne”. L’épreuve doit se tenir début août, exceptionnellement sur cinq jours seulement. L'athlète de 26 ans espère pouvoir s’aligner sur la course WorldTour avec la sélection nationale. “Ils me connaissent bien et si je leur dis que je suis prêt, je pense qu’ils me feront confiance. Ils connaissent ma mentalité, je ne suis pas le genre de mec à prendre la place d’un autre coureur juste pour être au départ, si ça ne va pas. Mais là, je vais tout faire pour être au top début août”.
Przemyslaw Kasperkiewicz a déjà participé deux fois au Tour de Pologne dont une fois en 2014, alors qu’il n’avait que 20 ans. “Je m’en souviens très bien. C’était une superbe expérience. J’avais pris deux échappées et j’avais eu le maillot de la combativité sur une étape”. Solide mentalement, le garçon ne se laisse pas abattre au moment d’évoquer son avenir dans le monde du cyclisme, bien que conscient qu’il lui sera difficile de retrouver une place chez les pros, plus encore dans le contexte actuel. “Si plusieurs équipes arrêtent, comme la CCC, ça va laisser beaucoup de coureurs sur le marché. Et on sait aussi que depuis quelques temps, les coureurs très jeunes intéressent les formations professionnelles. Pour ceux qui ne remplissent aucune de ces deux cases, comme moi, ça s’annonce plus compliqué. Mais je n’ai peut-être jamais été aussi fort et aussi motivé. Alors sait-on jamais…”. D’autant que l’ancien vainqueur d’étape sur le Tour de Bretagne en a vu d’autres. “Quand tu viens d’un pays de l’est, tu as appris à te battre depuis petit. Pour les coureurs cyclistes polonais, c’est plus dur que pour les coureurs français, belges ou espagnols… On doit faire encore plus de sacrifices, ne jamais être à la maison, au pays… Tout ça m’a coûté beaucoup d’énergie, m’a usé psychologiquement. Mais ça m’a aussi donné encore plus de forces et de volonté”.