Flanders Classics : « La Coupe du Monde doit devenir la compétition la plus attractive »
La saison 2020-2021 de cyclo-cross aura été largement impactée par le coronavirus. Pour preuve, seulement cinq des quatorze manches de la Coupe du Monde ont pu avoir lieu. En 2021-2022, seize manches sont programmées, entre début octobre et fin janvier (lire ici), avec, pour la première fois, trois situées aux Etats-Unis. Flanders Classics est devenu l'organisateur du challenge de l'UCI depuis 2020. Tomas Van den Spiegel, son directeur général, croit beaucoup en l'internationalisation de ce sport. Il s'est entretenu sur le sujet avec DirectVelo.
DirectVelo : La Coupe du Monde est répartie sur l'ensemble de la saison. Comment convaincre les têtes d'affiche comme Mathieu Van der Poel et Wout van Aert de participer à la totalité des seize manches ?
Tomas Van den Spiegel : Mathieu et Wout contribuent à la popularité de ce sport, mais nous devons les convaincre de l'attrait sportif. Sur le long terme, la Coupe du Monde doit être la compétition la plus attractive du marché. Les primes de départ et les prix en argent ne doivent pas avoir d'influence là-dessus. Il faut qu'ils aient envie spontanément de prendre part à la Coupe du Monde. Par exemple, l'an prochain, ils ont tout intérêt à rouler aux Etats-Unis pour reconnaître le parcours du Mondial.
La Coupe du Monde débutera en octobre par une trilogie aux Etats-Unis (Waterloo, Fayetteville, Iowa), le tout en huit jours. Pourquoi ne pas les avoir placés en janvier, en prélude du Championnat du Monde à Fayetteville ?
Ils n'étaient pas demandeurs pour janvier. De plus, à cette période, les conditions climatiques peuvent être dantesques. Waterloo et Iowa organisent également beaucoup d'activités en marge de la Coupe du Monde et le créneau du mois de janvier n'est pas possible pour eux. Les organisateurs de Fayetteville veulent d'abord faire un test avant d'effectuer les ajustements nécessaires en vue du Mondial. Je pense que cela peut être important d'aller reconnaître le parcours du Championnat du Monde en début de saison. Nous avons décidé de rassembler les épreuves pour éviter d'avoir une longue pause entre deux courses américaines.
Ton souhait est d'organiser les manches de Coupe du Monde le dimanche. Pourtant, la 11e manche à Anvers aura lieu un samedi, la veille de celle de Namur le dimanche 19 décembre. Pourquoi ?
Nous avions beaucoup de candidats, dont ceux de l'an dernier qui ont annulé et à qui nous avons promis de garder leur place. Nous avons également respecté la tradition. Par exemple, à Niel, il y a toujours une manche de Superprestige le 11 novembre. Nous avons conclu avec l'organisateur qu'il pouvait garder sa date. Il fallait donc chercher une place favorable. Du coup, combiner Anvers et Namur nous paraît être une bonne idée.
Il reste deux places vacantes, le 5 et 12 décembre. C'était pour te laisser plus de temps pour trouver un organisateur ?
Il est difficile de juger à distance. C'est pourquoi nous avons demandé à l'UCI un délai pour évaluer les candidatures afin de faire le bon choix. Nous voulons des projets qui s'inscrivent sur le long terme.
LE RÊVE DES JEUX OLYMPIQUES D'HIVER 2026
Le long terme, parlons-en. Ce n'est un secret pour personne que vous aimeriez voir le cyclo-cross intégrer le programme des Jeux Olympiques d'hiver en 2026 à Milan-Cortina. Par conséquent, voir une manche de Coupe du Monde sur la neige ne te déplairait pas.
Nous voulions organiser une manche, la saison dernière, à la station de Villars en Suisse. Ce n'est pas seulement mon rêve, mais également celui de l'UCI. Nous pensons que cela peut augmenter l'intérêt général pour notre sport. L'argent des fédérations est surtout dépensé sur des sports olympiques. Du coup, cela pourrait contribuer au développement économique de la discipline.
Avec un accès aux Jeux Olympiques, l'internationalisation est, selon toi, un des piliers majeurs du développement de la discipline. Tu veux donc mettre fin au monopole du calendrier belge ?
Il y a une surconcentration du calendrier en Belgique. Cela n'est pas évident pour développer le projet cyclo-cross d'un point de vue économique et sportif. Nous devons faire des concessions chez nous. Nous avons déjà donné aux manches du Superprestige des dates moins avantageuses (Flanders Classics organise également le Superprestige, NDLR). Il y a de la place pour un Superprestige et le X2O Trofee. Nous devons par contre nous poser la question de l'intérêt des cross indépendants, ne faisant pas partie d'un classement de régularité.
COMBINER LA COUPE DE FRANCE ET LA COUPE DU MONDE, C'EST RÉALISABLE
Comment juges-tu la répartition des seize manches ?
Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous devons veiller à un équilibre entre les pays. Nous avons deux manches en France, deux aux Pays-Bas, trois aux Etats-Unis, une en République Tchèque et deux que nous devons encore attribuer. Nous aimerions englober des pays comme l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni et la Suisse, mais nous devons nous assurer que ce ne sont pas des projets sur le court terme. L'Australie ? Melbourne s'est porté candidat. Nous ne fermons pas la porte, mais le rythme des saisons est différent entre l'Océanie et l'Europe.
Pour favoriser cette internationalisation, il faudrait que des stars d'autres pays que la Belgique et les Pays-Bas émergent.
C'est déjà le cas avec Thomas Pidcock qui est un coureur majeur pour le futur. La France montre beaucoup d'enthousiasme. Je ne me rappelle pas si la France a déjà eu deux manches en Coupe du Monde (C'est déjà arrivé à trois reprises, en 2004-2005, 2008-2009 et 2009-2010, NDLR). Le projet de Steve Chainel, Cross Team Legendre, grandit et j'espère qu'une pépite française en sortira, tout comme dans d'autres pays.
En ce qui concerne les coureurs français, comment pourront-ils combiner la Coupe de France avec les manches de Coupe du Monde ?
C'est le même problème pour les coureurs belges. C'est pourquoi nous avons conçu un calendrier rendant possible les combinaisons. C'est ainsi que nous avons concentré la période aux Etats-Unis pour ne faire qu'un déplacement. Dans l'ensemble, il y aura moyen de rouler les deux jours. Ce ne sera pas toujours facile, mais c'est réalisable. Cette saison, les coureurs ont couru à Courtrai le samedi et le dimanche à Tabor. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est faisable.