Kasper Asgreen : « Je ne sprinte pas si mal que ça ! »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Jusqu’au bout, personne ou presque - mis à part dans le clan de la Deceuninck-Quick Step - n’a véritablement semblé envisager le possible succès de Kasper Asgreen sur le Tour des Flandres. Le Champion du Danemark s’est pourtant montré impressionnant dans la dernière partie de course, lui qui avait déjà fait preuve d’une énorme force physique pour remporter l’E3 Saxo Bank Classic il y a une semaine et demi. Mais voilà, le Scandinave a dû se coltiner l’épouvantail Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) jusque dans la dernière ligne droite d’Oudenaarde, et il est vrai qu’il semblait difficilement imaginable de voir Kasper Asgreen dominer le tenant du titre dans un sprint à deux. C’est pourtant bel et bien le scénario auquel nous avons pu assister, Mathieu Van der Poel ayant été obligé de renoncer et de s’avouer vaincu en plein sprint, au moment même où il voyait Kasper Asgreen le déborder sur sa gauche. Ce dernier s’offre ainsi, à 26 ans, le premier “Monument” de sa carrière. DirectVelo était présent lors de la conférence de presse d’après-course pour recueillir la réaction de Kasper Asgreen.

DirectVelo : Quelle fin de course !
Kasper Asgreen : Je me sentais bien dans les derniers kilomètres. J'ai décidé de faire confiance à mon sprint. J’ai laissé Mathieu (Van der Poel) en première position quand j'ai entendu que nous avions encore 25 secondes d’avance à la flamme rouge. Je pouvais ainsi décider du moment auquel lancer mon sprint.

Te pensais-tu capable de pouvoir battre Mathieu Van der Poel au sprint ?
Nous étions tous les deux à la limite. C'était un sprint sur la réserve, sur le peu d’énergie qu’il nous restait. Après une très longue course, difficile, je ne sprinte pas si mal que ça ! Je l’ai déjà fait par le passé.

Avant ce sprint final, n’as-tu jamais été tenté de ne pas collaborer avec Mathieu Van der Poel, sachant que tu avais encore des coéquipiers à l’arrière et que le coureur néerlandais est réputé très rapide au sprint ?
J’aurais pu le faire... À 10 kilomètres de l’arrivée, Mathieu et moi-même avions toujours besoin l’un de l’autre. Il y avait un très bon groupe derrière, et ils ont même commencé à revenir un petit peu. J’ai essayé de faire confiance à ma pointe de vitesse en collaborant pratiquement jusqu’au bout car sprinter dans un si gros groupe, c’est aussi risqué. C’est plus simple à contrôler quand on n’est que deux devant. Si on avait été repris, on aurait très bien pu se retrouver sans rien à l’arrivée. Mes directeurs sportifs m’ont dit d’y aller et de me faire confiance, de croire en mes jambes. Et je l’ai fait.

« NOUS AVONS FAIT LA COURSE PARFAITE »


Quelle était la stratégie de la Deceuninck-Quick Step à l’entame de la dernière heure de course ?
Avec Julian (Alaphilippe), on a beaucoup parlé après être partis une première fois dans le Taaienberg. On n’a jamais décidé que ce serait pour lui ou pour moi. Notre force, c’était justement d’avoir plusieurs cartes à jouer. L'attaque de Julian dans le Koppenberg n'était pas vraiment planifiée. Le plan était de sauter sur les coups lors de la deuxième ascension du Vieux Quaremont. Finalement, on peut quand même dire que nous avons fait la course parfaite. Wilfried Peeters et Tom Steels nous ont bien pilotés depuis la voiture. Ils connaissaient chaque centimètre carré de cette course. 

Avant le départ, tous les regards étaient braqués sur le trio Alaphilippe-van Aert-Van der Poel mais finalement, c’est toi qui l’emportes..
Ce sont sans doute les trois meilleurs mondiaux en ce moment. Ils gagnent beaucoup de courses, avec parfois des démonstrations impressionnantes. C’est donc normal, ils le méritent. Aujourd’hui (dimanche), j’ai réussi à les battre (Mathieu Van der Poel et Wout van Aert, NDLR) mais je crois qu’ils me battent plus souvent que l’inverse (rire).

Avec la forme éblouissante que tu affiches depuis quelques semaines, on imagine que tu aurais pu réaliser une nouvelle grosse performance sur Paris-Roubaix…
C’est dommage que ce soit reporté, ça aurait été super de pouvoir enchaîner avec Paris-Roubaix. Mais la santé est le plus important. Les autorités ont fait ce qu’elles ont pu et s’il a été décidé qu’il n’était pas possible de courir, alors c’est qu’il n’était pas possible de courir…

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Kasper ASGREEN