Tour de Saône-et-Loire : les N1 dans l'incompréhension

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Autour d’une bière, des coureurs tentent d’oublier une longue journée. “On noie notre chagrin”, plaisante l’un d’entre eux en joignant une photo à son message. 162 concurrents devaient prendre ce mercredi à 11h50 le départ de la première des quatre étapes du Tour de Saône-et-Loire, deuxième manche de la Coupe de France N1. Mais ce mardi matin, les premières rumeurs d’une annulation commencent à circuler. Certaines équipes, en pleine reconnaissance, tombent de haut en apprenant la nouvelle par hasard en croisant notamment des agents des routes. D’autres voient des bénévoles sur le point de déflécher le parcours. Vers midi, tout s’accélère. Les téléphones chauffent. “Il nous restait encore trois heures de route. Comme l’organisation avait encore un espoir, on a fait le choix de finir le trajet”, rapporte le Champion de France Axel Mariault. Des clubs disent à leurs coureurs de ne pas faire le déplacement en attendant des nouvelles, des prestataires font déjà demi-tour. Beaucoup d’équipes venues dans la foulée du Championnat de France cherchent à savoir si elles doivent plier bagages.

« ON AURAIT SANS DOUTE FAIT AUTREMENT »

Pendant ce temps, l’organisation attend des nouvelles après une intervention ministérielle. L’après-midi est interminable. Personne n’y croit vraiment mais il y a toujours un peu d'espoir. Des coureurs patientent à des entrées d’autoroute pour savoir s’il faut venir, d’autres galèrent dans les transports en commun en se demandant s’il est utile de se diriger vers Mâcon. Vers 16h, de nouvelles rumeurs surgissent. “On m’a dit que c’était bon. La course aura lieu”, indique alors à DirectVelo un directeur sportif. Il demande à ses coureurs de venir. Mais à 17h30, tout le monde est fixé (lire ici). L’épreuve est bien interdite, il n’y aura pas de Tour de Saône-et-Loire cette semaine.

L’heure est à l’incompréhension. Ils sont nombreux à regretter le timing. “On peut imaginer qu’une organisation qui a eu l’accord de la FFC pour recevoir une Coupe de France ait fait le maximum. Les organisateurs doivent être au fond du trou. Mais on peut regretter le manque de communication, confie Christian Milesi (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme). Ils auraient dû faire part des difficultés. On a dépensé 1500 euros, on aurait sans doute fait autrement si on avait su”. Clément Dupuy va dans le même sens. “Je ne suis pas en colère mais je suis déçu qu’ils aient mal anticipé leur truc, lâche le directeur sportif d’AG2R Citroën U23 Team. Je ne sais pas si ça vient de la fédé ou de l’organisateur qui n’a pas assez suivi le dossier. Ils ont mal communiqué”.

« ON NE COMPREND PAS LES MOTIFS »

Les deux clubs se trouvent près de la Saône-et-Loire, et étaient rentrés après le Championnat de France. Ce n’était pas le cas de nombreuses N1 passées des Vosges à la région mâconnaise dès le samedi soir. Comme l’Occitane CF. "Ça m'emmerde un peu car toutes les équipes éloignées avaient été compréhensives après le Championnat en limitant les déplacements, observe Romain Campistrous. Les organisateurs ont essayé de sauver leur course jusqu’au dernier moment, on ne peut pas leur en vouloir… Mais s’il n’y avait pas d'accord, il y avait sans doute moyen de nous prévenir”. Le Team U Nantes avait permis à Louis Barré et Jordan Jegat d’aller directement sur place. “Le club avait mis beaucoup de moyens pour rien au final, souffle Axel Mariault. C’est chiant pour tout le monde. Il y a beaucoup d’annulations cette année mais là c’est la veille au soir… Ça aurait été différent de le savoir avant. On ne comprend pas les motifs. Il n’y a rien de précis, c’est un peu bizarre”. Les membres de l’organisation sont venus à la rencontre de certaines équipes dans la soirée pour leur en dire plus.

Quelques clubs se trouvaient alors déjà bien loin de Mâcon. “On a une partie de l’effectif qui est rentrée. Les gars ont annulé leurs congés et iront finalement bosser mercredi”, dit Romain Campistrous. Les Nantais ont essayé de trouver, en vain, des courses dans le coin. Ce mercredi matin, Chronopost doit livrer à Axel Mariault, en Saône-et-Loire, son maillot bleu-blanc-rouge. Il devra patienter pour l’étrenner. A deux heures de route, AG2R Citroën U23 Team est rentrée en Savoie après être arrivée dans la matinée. “On avait payé un gîte. La dame nous a fait comprendre qu’elle avait refusé des réservations et qu’il allait falloir payer”. Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme a choisi de rester ensemble pour dîner. “On fait ça pour garder du plaisir”. Christian Milesi demandera à ses coureurs de couper quelques jours. “Un sportif doit s’adapter à ça”. Chacun tentera de trouver du positif là où il peut. Même s'il espérait enfoncer le clou pour séduire une équipe pro, Axel Mariault va pouvoir souffler un peu après avoir été beaucoup sollicité depuis son sacre. Romain Campistrous sera à l’heure samedi à un mariage célébré près de Roanne (Loire). En espérant qu’il ait le cœur à faire tourner les serviettes.

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