Steven Henry : « Avec Benjamin, on a tout connu »

Crédit photo DirectVelo

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Les pistards français se sont envolés vers le Japon et on atteri à Tokyo pour aller prendre leur quartier au village olympique des pistards, à l'écart du "grand" village de Tokyo. Avant le départ, DirectVelo a fait le point avec Steven Henry, l'entraîneur national de l'endurance, sur la dernière ligne droite de la préparation de l'équipe de France qui aura des ambitions dans les courses en peloton.

DirectVelo : Les coureurs sont-ils dans la forme attendue avant de partir pour Tokyo ? (l'interview a été réalisé mi-juillet NDLR)
Steven Henry : On espère mais on a très peu d'épreuves pour se jauger par rapport aux adversaires. Les championnats d'Europe auraient été intéressants (ils devaient avoir lieu fin juin mais ont été reportés NDLR). A Fiorenzuola, dans une phase de reprise, ils étaient en très bonne forme par rapport à la concurrence. Benjamin allait déjà très bien. Donavan montait en niveau par rapport au printemps. Par rapport aux valeurs de Watts qu'on relève ils étaient dans les clous.

« REPRODUIRE CE QUI A DÉJÀ FONCTIONNÉ »

Où en sont vos adversaires ?
On se sait pas comment sont les Australiens, les Néo-Zélandais voir même les Danois qu'on n'a pas revu depuis Berlin 2020. Tout le monde a bossé, tout le monde doit être dans les clous même si des  coureurs de certaines nations ne semblent pas extraordinaires. Mais ils sont peut-être dans d'autres phases d'entraînement. Les Danois devraient être des épouvantails en Américaine mais on ne sait pas dans quel état Michael Morkov va finir le Tour. On verra sur place.

Est-ce que c'est important pour Benjamin et Donavan de participer au Tour de Wallonie ?
Oui, car ça permet de remettre un dernier bloc route avant de partir. Sinon leur dernière course aurait été le Championnat de France et leur dernier bloc, le Tour de Suisse pour Benjamin et des courses en Belgique pour "Dino". Certains de nos adversaires comme Michael Morkov vont sortir d'un gros bloc avec le Tour de France et très peu de piste. Nous essayons de reproduire ce qui a déjà fonctionné très bien avant le Mondial à Berlin où on a mélangé des blocs piste et l'Etoile de Bessèges.

« COMME SI C'ÉTAIT UNE COURSE COMME UNE AUTRE »

En quoi était-ce important d'aller aux 6 Jours de Fiorenzuola ?
Ils ont fait trois jours de suite d'Américaine. C'est important pour rectifier des choses dès le lendemain. Il nous faudrait ça en France. Après une Coupe des Nations ou un Championnat du Monde, on fait des débriefs vidéos mais l'épreuve suivante ça peut être trois mois après ou un an et demi... En Italie, un des axes de travail était d'enchainer les sprints en Américaine.

Benjamin Thomas fait parti des favoris pour l'Omnium, est-ce que c'est facile à supporter ?
Il ne se prend pas trop la tête. Il sait qu'il sera attendu, comme à Berlin, même si ça reste les JO avec une pression différente. On se concentre sur ce que lui fait, sa préparation, ses courses. On y va comme si c'était une course comme une autre, même si c'est facile à dire, et on ira course après course en faisant le point entre chaque. Avec Benjamin, on a tout connu depuis 2014. On a l'expérience de Pruszkow en 2019, où avec un point après le scratch, il vient faire 2e.

« TRAVAILLER LE RÔLE DU REMPLAÇANT »

Morgan Kneisky, le remplaçant, vous accompagnera...
C'est important d'avoir un remplaçant. Morgan assume totalement ce statut. Il apporte son expérience. Avec Virginie Nicaise, la préparatrice mentale, on a travaillé ce rôle de remplaçant, très développé en sport co', pas trop chez nous. C'est être là, s'impliquer dans les entraînements, apporter de l'envie, avoir la banane à chaque fois. C'est hyper important pour les deux titulaires.

Chez les filles, comment est venue l'idée de sélectionner Coralie Demay sur le deuxième quota de la vitesse femmes ? (lire ici)
On s'est gratté la tête pour retirer une fille de la poursuite. Mais courant mai,  on a appris que cette place de la vitesse était disponible. C'est venu petit à petit et c'est devenu évident à la fin de notre stage à Roubaix. Si une fille était vraiment en-dessous, nous n'aurions pas fait ce choix. Mais elles étaient très proches les unes des autres, c'était compliqué de retirer une sixième fille. On a fait le choix de sortir Clara de la poursuite pour prioriser les courses en peloton. Nous allons jouer à cinq sur la poursuite.

« LE SOIR DE L'OMNIUM ON SERA CONCENTRÉ SUR LA MADISON »

Qu'est-ce que ça change d'être à l'écart du village olympique de Tokyo, à Izu ?
Pour nous pas grand chose. Je suis très centré sur la performance. Quand il y a des titres mondiaux le vendredi à l'Omnium, le soir j'embête Benjamin pour sa récup' parce que ça renchaîne derrière. Je ne suis pas trop quelqu'un à se disperser et à profiter du moment. Le soir de l'Omnium, quelque soit le résultat, on sera tout de suite concentré sur la Madison que ce soit pour les gars ou les filles. Ils commencent à bien me connaître. On sera en mode Championnat du Monde. Nous serons dans un village où il n'y aura que des pistards. On y va pour gagner des médailles. Peut-être qu'à la fin de leurs épreuves, ne pas voir d'autres sportifs, d'autres disciplines, ce sera peut être un regret. Mais pendant les compétitions, c'est focus sur la performance, ils savent qu'on sera hyper rigoureux là-dessus.

Et toi, est-ce que tu aurais aimé aller voir d'autres sports ?
La piste c'est à la fin des Jeux. Mais si nous avions fini avant et qu'on aurait pu aller voir des matchs de basket ou de hand, parce que j'adore le hand, ça m'aurait fait plaisir. Mais le contexte est comme il est et on fait avec.

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