Ronde de l'Isard : Des Français vaillants et orgueilleux

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Pour les isards, la période du rut débute à l’automne. Chacun cherche alors, petit à petit, à marquer son territoire, à partir de 800 mètres d’altitude et jusque sur les plus hauts sommets, dans le froid et le brouillard. Pour les coureurs de la Ronde du même nom, disputée la semaine passée à des dates inhabituelles mais qui pourraient désormais perdurer (lire ici), l’objectif était sensiblement le même dimanche dernier : braver des conditions météos difficiles tout en profitant des hauts sommets pyrénéens pour poser sa patte sur l’épreuve et laisser une empreinte indélébile au palmarès.

Sur leurs terres, les Espoirs du pays avaient évidemment une envie toute particulière de s’illustrer à l’occasion de l’une des compétitions U23 les plus réputées du calendrier. Mais voilà neuf ans qu’aucun coureur français n’est parvenu à inscrire son nom au palmarès de la Ronde de l’Isard. Entre 2008 et 2012, quatre des cinq lauréats étaient de l’Hexagone : Guillaume Bonnafond (2008), Alexandre Geniez (2009), Kenny Elissonde (2011) et Pierre-Henri Lecuisinier (2012). Depuis, ils sont sept à être montés sur le podium final de l’épreuve sans jamais atteindre la plus haute marche. Il faut dire que la concurrence est rude et que certaines des plus grandes promesses du cyclisme mondial ont fait le déplacement. C’était encore le cas la semaine passée et c’est d’ailleurs un coureur habituellement membre d’une WorldTeam, Gijs Leemreize, qui l’a emporté en disputant l’épreuve avec la réserve de la Jumbo-Visma.

LA REVANCHE DE MATÉO ALLARD ET D’ALOÏS CHARRIN

Les tricolores n’ont pas démérité pour autant. Certains ont joué leur va-tout jusqu’au bout, à l’occasion d’une dernière étape dantesque, dimanche. C’est notamment le cas de Matéo Allard et de l’équipe AG2R Citroën, qui a su placer ses trois meilleurs grimpeurs dans l’échappée du jour. “On était un peu déçus de notre semaine. On voulait prendre notre revanche et on a fait le spectacle”. Situation identique du côté de la Swiss Racing qui avait aussi placé trois pions à l’avant. “On voulait se rattraper. Hier (samedi), on avait fait une montée tranquille pour être plus frais. On n’avait pas le choix de bien faire. On a joué un coup tactique”.

Pendant quelques kilomètres, on a alors assisté à un drôle de scénario avec quatre coureurs en tête, dont trois AG2R. Trois et demi, même, puisque l’intrus n’était autre qu’Aloïs Charrin, ancien de la maison. “C’était bien d’être à quatre coureurs qui se connaissent bien, ça permettait d’être efficaces”, s’amuse Matéo Allard. Pas aussi efficaces que Gijs Leemreize pour autant. Impérial dans les ascensions mais plus encore dans les descentes, le Néerlandais a mis tout le monde d’accord. “Il nous a repris dans le Col d’Agnes. Il ne roulait pas beaucoup plus vite donc on a basculé avec lui mais il descendait comme un malade. Au début Valentin (Paret-Peintre) a essayé de le suivre. Mais il a pris beaucoup de risques et il est parti. On ne l’a plus jamais revu”.

YAËL JOALLAND, POUR BORIS ZIMINE

Scénario identique avec le Suisse Alexandre Balmer, lequel a battu des records dans les parties descendantes malgré une chaussée détrempée (lire ici). “Je n’ai pas tout compris. On était à 80 km/h et on se faisait quand même lâcher”, ajoute l’Espoir 1ère année d’AG2R Citroën. Aloïs Charrin, pourtant adroit d’ordinaire, a lui aussi été en difficulté dans les descentes de cols. Malgré toute sa bonne volonté. “D’habitude, j’aime bien les descentes mais là, ce n’était pas le cas. Je me faisais lâcher du groupe alors que normalement, c’est l’inverse. J’ai subi. C’était le point négatif de la journée”. S’ils se contentent d’un accessit à l’arrivée, les deux athlètes se disent heureux d’avoir fait le spectacle et d’avoir pu animer cette dernière étape. “On termine sur une bonne note, ça fait du bien”, lâchent l’un et l’autre. “Dans ces conditions météo, de toute façon, il valait mieux être devant, ça nous sauve”, appuie Aloïs Charrin.

Au classement général, c’est Yaël Joalland qui termine finalement meilleur français (voir classements). Non sans avoir souffert. “Les conditions de course étaient les mêmes pour tout le monde, mais j’ai eu vraiment très froid dans la longue descente. Je perdais le contrôle de mon vélo, je n’arrêtais pas de trembler. Je ne pouvais rien faire. J’ai été obligé de ralentir alors que j’étais dans le groupe des favoris… C’est con, j’avais les jambes pour rester avec eux. Mais si je continuais comme ça, j’allais tomber”, résume pour DirectVelo celui qui n’oublie pas de rendre hommage à son directeur sportif. “Il faut titrer l’article sur Boris Zimine !”, plaisante-t-il même. “Il a fait deux ans avec nous et a laissé une très grosse empreinte. Il a mis du cœur pendant deux ans et on est fier de l’avoir eu avec nous. Ça nous a fait grandir, c’est grâce à lui”. Et Yaël Joalland lui a bien rendu avec ce bon résultat au général. “On est content de ce qu’on a fait, même si mon rêve était de finir sur le podium”.  À la bagarre jusqu’au bout, les Français n’ont pas grand-chose à regretter. 

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