Benny Engels : « Le Tour du Piémont Pyrénéen va me manquer »

Crédit photo Joeri De Coninck

Crédit photo Joeri De Coninck

Après 24 ans comme directeur sportif, Benny Engels a tiré sa révérence à l'issue de cette saison. Il a commencé sa carrière en 1998 chez Soenens-Germond où il est resté derrière le volant pendant dix ans. Ensuite, il a passé trois années chez Beveren 2000 qui a donné naissance à EFC-(L&R-Vulsteke). Quand on lui demande ce qu'il va regretter le plus, il ne doit pas réfléchir très longtemps : les courses françaises. "Nous étions toujours bien reçus que ce soit à l'Essor Breton, au Tour de Moselle ou aux Trois Jours de Cherbourg", se souvient-il auprès de DirectVelo. Mais une course figure tout en haut de sa liste : le Tour du Piémont Pyrénéen. "Elle va me manquer. Pascal Baudron, l'organisateur, est formidable. Nous avons vraiment tissé une belle relation avec les années. C'est une épreuve où nous avons souvent bien figuré. Nous l'avons gagné avec Mauri Vansevenant. Je me souviens encore de Gilbert Duclos-Lassalle me dire que Mauri était impressionnant dans la montée du Soulor. C'est incroyable ce que ces gens réussissent à faire alors qu'ils n'ont pas un gros budget. Je leur tire mon chapeau". Si Benny Engels aimait tellement la France, c'est parce que son équipe était respectée et redoutée par la concurrence. "Quand les autres nous voyaient au départ, ils savaient que nous venions jouer les premiers rôles. Nous avons reçu beaucoup de compliments sur notre manière de rouler. J'avais le sentiment que nous avions plus de respect en France qu'en Belgique".

« JE RÊVAIS D'UNE MONTÉE EN CONTINENTAL »

Il faut dire qu'en Belgique, l'équipe EFC-L&R-AGS (son nouveau nom en 2022) doit faire face à la forte concurrence de Lotto-Soudal Development depuis des années. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il a décidé de raccrocher. "Depuis trois ans, nous avons vraiment du mal à lutter. Nous avons fait du bon travail mais nous manquions de moyens. Du coup, c'est difficile d'attirer les meilleurs coureurs". C'est d'ailleurs le regret principal de son aventure chez EFC. "Je rêvais d'une montée en Continental, un peu comme Home Solution-Soenens le fait en 2022". Il espère que la fusion avec Gaverzicht-BE Okay apportera quand même une stabilité (financière) au projet mais selon lui, combler la différence avec les équipes de pointe sera difficile. "La mission s'annonce compliquée. J'ai l'impression que tout est fait en fonction des équipes de développement des WorldTeams et puis, c'est tout. De plus, il y a un manque d'intérêt pour la catégorie Espoirs provoqué par cet effet de mode de voir des Juniors passer directement chez les pros. Je peux le comprendre car certains vivent déjà comme des pros, mais des équipes comme la nôtre sont nécessaires pour les coureurs de la deuxième zone. Sans une équipe comme EFC, que serais-tu devenu des Yves Lampaert ou des Piet Allegaert ? Ces gars n'étaient pas des champions en Juniors mais nous leur avons laissé le temps de grandir et ils ont bien évolué".

LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE ESPOIRS 2008, LA VICTOIRE MARQUANTE

De plus, l'homme de 52 ans ne supportait plus l'évolution du cyclisme avec cette obsession pour les données de puissance. "Désormais, il faut faire des tests pour avoir une chance dans le vélo. Auparavant, ça n'existait pas comme maintenant. De plus, ce n'est pas parce qu'un coureur affiche des données de puissance intéressantes que ça fera de lui un champion. Je me rappelle encore l'exemple de Jelle Wallays. Il avait fait des tests médiocres mais nous lui avons donné une chance en tant qu'Espoir 1 et il gagne cinq courses. Et maintenant, regardez son palmarès : deux Paris-Tours et un A Travers la Flandre".

Dans la boite à souvenirs de Benny Engels, une course reste gravée : la victoire de Jan Bakelants à Liège-Bastogne-Liège en 2008. "Il était tellement fort, il avait une telle classe sur le vélo. C'est sans doute avec lui que nous avons connu les succès les plus notables. Il attaque après 20 kilomètres. J'ai dû le canaliser et lui ai demandé d'attendre La Redoute pour se débarasser de ses adversaires sans quoi il n'aurait jamais gagné. C'est là qu'un directeur sportif peut faire la différence, en apportant ces 20% qui permettent au coureur de s'imposer". Une autre course l'a marqué : le succès de Floris De Tier au Tour de Namur en 2013. "À l'époque, il venait du cyclo-cross où il ne s'était pas imposé. Il était un peu moqué. Il fait 3e de sa première course par étapes au Tour du Pays Roannais et ensuite, il enchaîne en gagnant le général du Tour de Namur à la Citadelle de Namur. Finalement, c'est devenu un bon pro."

WIM FEYS : « CE SERA BIZARRE SANS MON ACOLYTE »

Impossible de faire cette rétrospective sans citer son collègue Wim Feys avec lequel il a passé quatorze saisons, d'abord chez Beveren 2000 puis EFC. "Nous avons toujours bien travaillé ensemble. La relation a toujours été claire. J'étais le deuxième directeur sportif. Les décisions importantes étaient prises par Wim. Nous étions sur la même longueur d'onde, même si je dirais qu'il était plus autoritaire que moi, ce qui ne m'empêchait pas de taper du poing sur la table quand ça n'allait pas."

En 2022, Wim Feys sera le patron sportif de la fusion entre Gaverzicht-BE Okay et EFC-L&R-Vulsteke. Benny Engels va lui manquer. "On se connait par cœur. Nous avions la même vision et nous partageons les mêmes avis sur les sélections. Nous n'avons eu aucune dispute en quatorze ans. Ce sera bizarre sans mon acolyte." D'ailleurs, c'est la fin d'une époque chez EFC puisqu'à côté de la retraite de Benny Engels, le responsable de l'équipe, Michel Pollentier, se retire également du milieu et le directeur sportif Kenny Desaever a accepté l'offre de Van Moer Logistics Team. "C'était un rêve de travailler avec eux. Il faudra que je m'adapte. Je suis sûr que ça ira. Je serai avec des plus jeunes, comme Jonathan Breyne, Stijn Devriese et Tom Vlerinck et moi, je serai le vieux crouton de la bande".

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