Cyclo-sport : Bastien Tronchon, drôle de reprise
Bastien Tronchon n’a plus pointé le bout de son nez sur la moindre compétition depuis près de deux mois. Et pour cause : le sociétaire de l’équipe AG2R Citroën U23 a été victime d’une lourde chute lors du Tour du Loiret, mi-mai. “J’avais la clavicule cassée en trois morceaux et j’ai mis un peu de temps à m’en remettre. Au début, on m’avait dit que j’avais aussi le coude, le poignet et l’omoplate de touchés mais en fait, ce n’était pas le cas… Tant mieux”.
« ON NE LE FAIT PAS SOUVENT, VOIRE JAMAIS, CHEZ LES ÉLITES »
Après un stage avec son équipe pour retrouver le bon coup de pédale, et avant de se rendre sur le Tour des Deux-Sèvres en milieu de semaine, le solide gaillard a disputé, dimanche, la mythique Étape du Tour, la plus réputée des cyclosportives au monde. De nombreux anciens ou actuels coureurs Élites étaient d’ailleurs de la partie, au milieu des quelques 11 000 participants. “Je suis un coursier. J’avais vraiment envie de courir, de retrouver cette sensation. Il n’y avait pas grand-chose au programme avant le Tour des Deux-Sèvres alors je me suis décidé à faire cette grosse cyclo. C’était un petit défi personnel, ça m’a bien chauffé ! 4700 mètres de dénivelé sur 170 km, ce n’est pas rien. On ne le fait pas souvent, voire jamais, chez les Élites", tient-il à souligner après coup.
Trois cols mythiques étaient au programme de la journée : la Galibier, la Croix-de-Fer puis la montée finale vers l’Alpe d’Huez. Bastien Tronchon - qui avait déjà disputé plusieurs cyclosportives lorsqu’il évoluait encore dans la catégorie Juniors - s’est fait plaisir en se portant en tête de course très rapidement. Après une solide descente du Col du Galibier, il s’est même retrouvé seul en tête. “J’ai traversé la vallée tout seul et ça m’a sans doute coûté assez cher pour la suite”, sourit-il pour DirectVelo. La suite, c’est une première moitié d’ascension du Col de la Croix-de-Fer toujours seul à l’avant, après avoir attaqué le pied avec deux minutes d’avance. Jusqu’à ce qu’il ne soit repris par Loïc Ruffaut, puis par Stefan Kirchmair - futur lauréat - et une autre poignée de concurrents. "Ça m'arrangeait bien de ne plus être seul, après avoir passé les pentes les plus sévères. Je me suis retrouvé dans un second contre dans la vallée, c’était bien. On a été efficaces car on est arrivés au pied de l’Alpe d’Huez avec seulement trois minutes de retard”.
« L’UNE DES PLUS GROSSES JOURNÉES DE MA VIE »
Une fois dans l’Alpe d’Huez, c’est devenu “sauve-qui-peut” pour celui qui est tout de même parvenu à conserver une place dans le Top 15. “Franchement, c’était dur mais c’était sympa. Je me suis éclaté ! J’ai beaucoup apprécié. Et j’ai bien bronzé, j’ai une belle marque dans le dos (sourire). C’est dommage qu’il n’y ait pas un classement des +70 kg, j’aurais pu gagner quelque chose”, rigole le vainqueur de la Pelousey Classic (Toutes Catégories) en mars dernier. Bien qu’il ne s’agisse que d’une cyclosportive, Bastien Tronchon a aimé se tirer la bourre avec “de sacrés coursiers”. Pour une drôle de reprise. “C’était l’une des plus grosses journées de ma vie ! Avec tout ce qu’il y a autour, niveau organisation etc, c’était très long. Sportivement, j’aurais pu faire un Top 10 si j’avais mieux géré ma course et que je n’étais pas parti tout seul assez tôt, mais je voulais vraiment m’amuser et je l’ai fait”.
Et quand il n’y en a plus, il y en a encore pour Bastien Tronchon puisqu’après l’arrivée, il s’est offert - bien malgré lui - une énième ascension. “C’est la seule cyclo qui se dispute sur route fermée. C’était top mais du coup, on n’avait pas le droit de redescendre l’Alpe d’Huez. Sauf que mes parents m’attendaient au pied. J’ai dû monter le Col de la Sarenne et me taper encore 350 mètres de dénivelé pour redescendre de l’autre côté et rejoindre mes parents…”. Sachant qu’il avait déjà dû, au préalable, faire monter un sac en bus - mis à disposition par l’organisation - qu’il a ensuite retrouvé à l’arrivée. “Mais je ne pouvais pas mettre grand-chose dedans, sachant que j’ai aussi mes affaires pour le Tour des Deux-Sèvres puisque je retrouvais mes parents après avoir dormi chez un ami la veille…”. De quoi faire réaliser au garçon de 20 ans le confort dans lequel les athlètes sont tout au long de l’année chez les Élites, au sein d’infrastructures qui se rapprochent de plus en plus du monde professionnel. “On réalise que l’on est vraiment dans le luxe au quotidien, on ne s’occupe de rien. Là, ce n’était pas la même, bien que l’organisation était vraiment au top. Pour 11 000 concurrents, c’était vraiment impressionnant”.
Présent sur les routes du Tour des Deux-Sèvres en fin de semaine, Bastien Tronchon ne pourra pas suivre la 12e étape du Tour de France, identique, donc, à celle qu’il a disputée ce dimanche. Mais il ne manquera pas de regarder les meilleurs moments en replay. “Je verrai bien les temps qu’ils font dans les montées mais je crois qu’il n’y aura pas photo… J’étais vraiment à bloc dans la fin de la Croix-de-Fer puis dans l’Alpe d’Huez… Je ne savais plus trop où j’habitais. Je ne suis même pas sûr de reconnaître tous les endroits (rires)”.