Jumbo-Visma, à deux ça va mieux
Le duel entre les Jumbo-Visma et les Groupama-FDJ bat son plein dans les cols pyrénéens. Dans un décor sublime et au terme d’une étape une nouvelle fois haletante et longtemps indécise, ce sont finalement les jaune-et-noir qui ont imposé leur loi (voir classements), alors que Lenny Martinez et ses coéquipiers avaient envoyé un message fort la veille. En début de course pourtant, ce sont les hommes de Jérôme Gannat qui ont frappé les premiers en plaçant plusieurs pions à l’avant, tandis que le maillot jaune Johannes Staune-Mittet était piégé dans un troisième groupe, un temps repoussé à près d’une minute. “Le début d’étape a été extrêmement nerveux, ça roulait super fort et ça attaquait dans tous les sens. On n’a plus que quatre mecs en course, ça rend forcément les choses plus compliquées à contrôler. (Enzo) Paleni était devant, ça devenait dangereux mais on a quand même réussi à très bien s’en sortir et à rentrer”, relate, pour DirectVelo, le leader de l’épreuve. “Tijmen (Graat) et moi étions devant. La FDJ avait plein de mecs mais ils n’ont pas roulé. C’était une erreur de leur part. J’ai dit à Tijmen de se relever et de rouler dans le troisième groupe, il l’a super bien fait et tout est rentré dans l’ordre”, se félicite pour sa part Archie Ryan.
Sur cette cinquième et avant-dernière étape, la Conti franc-comtoise a fait le choix de tout miser sur Reuben Thompson, agacé de collectionner les places d’honneur et bien décidé à prendre le maximum de risques pour tenter de renverser le général, quitte à tout perdre. Alors, dans le Port de Lers (12.6 km à 6.2%), Lenny Martinez a tenté de propulser le Néo-Zélandais en se sacrifiant. “Coup de chapeau à Lenny Martinez pour s’être totalement sacrifié pour Reuben (Thompson), c’est la classe. J’ai trouvé ça super beau”, lâche après coup le futur lauréat de l’étape.
LE COUP DE FUSIL DU SOLDAT RYAN
L’attaque tranchante de Reuben Thompson a fait le tri et ce sont cinq coureurs qui se sont retrouvés à basculer au sommet de cette difficulté, le coureur de la Conti Groupama-FDJ étant isolé avec Mathys Rondel (VCP Loudéac), Fernando Tercero (EOLO-Kometa) et la doublette de la Jumbo-Visma, Ryan-Staune Mittet. “La FDJ a fait tout le boulot dans la deuxième ascension et ça a fait une grosse sélection. J’étais confiant quant aux capacités d’Archie de gagner l’étape. Pour ma part, j’ai crampé dès le pied et pendant toute l’ascension… J’ai quand même réussi à contrôler la situation mais c’était chaud”, admet le maillot jaune, qui a pu compter sur le soldat Ryan pour lui sauver la mise. “C’était incroyable, il a été énorme. Il était déjà très fort au Tour de l’Avenir mais je le préfère quand il porte le même maillot que moi”, sourit-il.
Le scénario de la course était idéal pour Archie Ryan, de loin le plus à l’aise dans les pentes les plus abruptes de Goulier-Neige, troisième et dernière grosse ascension de la journée, en haut de laquelle était jugée l’arrivée. “Je suis super content mais en fait, je n’étais pas du tout concentré sur la victoire d’étape dans un premier temps. Le plan était surtout de garder le maillot avec Johannes, c’était la priorité. Ils se sont regardés alors j’ai pu y aller”. L’Irlandais avait d’abord écœuré Reuben Thompson en le maintenant à une poignée de secondes du groupe maillot jaune. “On a essayé de gérer au mieux. On l’a volontairement laissé juste devant car si on était revenu plus tôt, on aurait pu se faire contrer”. En réalité, les derniers adversaires de la Jumbo-Visma étaient en bout de piste et Archie Ryan a laissé tout le monde sur place au moment de lâcher un coup de fusil dans les deux derniers kilomètres. “J’ai senti que c’était bon pour le général et que Johannes avait la situation sous contrôle, même s’il a longtemps été à la limite”. Un temps mise en difficulté, la doublette irlando-norvégienne réalise finalement le doublé. “On peut être pleinement satisfaits”, s’amuse Johannes Staune-Mittet. Il reste désormais une journée à tenir.