À Cassel, des distances inhabituelles pour les femmes

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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En 2014, le Championnat de France des femmes au Futuruscope n’était long que de 94 kilomètres. Depuis, la course au maillot de Championne nationale a toujours dépassé la marque des 100 kilomètres. Mais cette fois, à Cassel, presque dix ans plus tard, la barre symbolique ne sera de nouveau pas franchie, avec 99 kilomètres à boucler depuis Hazebrouck. "C'est court, 100 kilomètres. On a ça quelques fois sur des courses à étapes, mais normalement c'est minimum 130. On aurait pu avoir un tour de plus, faire 113 n'aurait pas été de trop", note Juliette Labous. Un tour, "voire même deux" pour Evita Muzic. "Sur la course ça ne me dérange, je pense que ça va être magnifique. Mais sur un Championnat on s'attend à ce que ce soit un peu plus long, notamment quand on sait que l'on a 160 bornes sur les Championnats d'Europe et du Monde", ajoute Audrey Cordon-Ragot.

« ILS ONT VOULU LIMITER LA CASSE »

La raison principale évoquée est le mélange de coureuses professionnelles et amateurs. À Épinal, sur un circuit difficile, 46 femmes avaient rallié l’arrivée après 112,4 kilomètres. "Ce sera plus simple avec deux courses distinctes pour nous mettre plus de kilomètres, et un peu moins pour les amateurs", pense la représentante de Human Powered Health. "Ils ont voulu limiter la casse. Tout le monde a l'habitude de faire 100 kilomètres, même les DN en Coupe de France, elles les ont largement", ajoute Evita Muzic. Avec la professionnalisation, ce changement pourrait arriver dès 2024 (lire ici). "Peu de filles finiraient s'il y avait plus de distance, donc je peux quand même comprendre sur un parcours comme ça de faire seulement 100 kilomètres. La séparation est une bonne nouvelle, et j'espère que la distance sera augmentée", ajoute Juliette Labous.

Ce raccourcissement est plutôt paradoxal, compte tenu de la tendance qui vise davantage à réduire l’écart entre les distances masculines et féminines. "La course en ligne ne suit pas l'évolution du cyclisme féminin à plus haut niveau, mais c'est respectueux de ces filles amateurs qui viennent et qui veulent avoir une chance de figurer dans la course. Ça évoluera avec le temps, je ne serai plus sur le vélo d'ici là, mais on verra des Championnats de 150-160 kilomètres dans le futur", pense Audrey Cordon Ragot. Mais les femmes ne demandent pas forcément plus. "Quand on a des courses de 150-160 kilomètres, c'est déjà bien. Je pense qu'il n'y a pas besoin de faire plus pour l'instant, ce n'est pas les courses les plus intéressantes. Sur du 120-130, ce sont les plus belles courses", estime Juliette Labous. 

« ON PEUT LE FAIRE »

Evita Muzic reconnait même que le peloton féminin "n’est pas prêt à faire 250 bornes pour l’instant, clairement. Sur le Giro et le Tour on a toujours une étape de 170-180, toutes les Classiques font 150. C'est juste là où il y a un peu moins, mais on évolue bien quand même". Mais l’athlète de la FDJ-Suez se reprend. "Ou alors un Milan-San Remo, s'il s'en crée un, ça serait mythique, sourit-elle. Ça serait bien qu'on dépasse les 200 pour dire comme les mecs que c'est une course hyper longue avec un début facile". Car la course ne devrait pas pâtir de cette distance raccourcie. "Au moins, on réfléchit un peu moins. On assiste à des courses débridées quand ce n'est que 100 kilomètres, donc ça peut être sympa", espère Juliette Labous. "Finalement c'est encore plus difficile parce qu'il y a moins d'échauffement, ça part plus vite, c'est plus nerveux, et il y a plus de tension", énumère Audrey Cordon Ragot.

Si la course en ligne est raccourcie, le contre-la-montre était lui plus long que ce que les coureuses ont connu par le passé, avec 31,3 kilomètres. "Pour le chrono certains disaient que c'était long pour les filles. Mais je trouve que c'est correct", répond Juliette Labous, qui n’a pas participé au chrono. Audrey Cordon Ragot y était, et a aussi eu quelques commentaires sur la distance allongée. "On a eu des commentaires un peu sexistes qui nous demandaient « si ce n'était pas un peu trop long pour les filles », ironise-t-elle. Ce sont les kilométrages qu'on retrouve au plus haut niveau, et c'est plutôt les garçons qui peuvent dire que c'est un peu court, plutôt que nous trop long". Pour Evita Muzic, "c’était assez long mais pas insurmontable. On peut le faire". Finalement, il faut "différents parcours, différentes distances, pour que ça colle à un maximum de coureurs". Et à Cassel, il faudra de toute façon être forte.

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