Lilian Calmejane : « Ça me ressemble »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Alors que certains coureurs présents sur le Tour de France ont souffert sur le Tour de l’Ain, Lilian Calmejane a répondu présent. Frustré d’avoir été écarté de la course à un Top 10 au général après avoir chuté dans la descente du Col de Portes le mardi, le Tarnais d’Intermarché-Circus-Wanty souhaitait faire la course à l’avant ce mercredi lors de l’étape-reine, disputée entre Oyonnax et Lélex-Monts Jura. Présent dans l’échappée de cinq coureurs, il s’est accroché dans la montée de Menthières pour aller chercher la 3e position à l’arrivée, sa meilleure place de la saison. Celui qui finit également meilleur grimpeur du Tour de l’Ain est revenu sur sa journée pour DirectVelo et fait le point sur sa carrière, huit mois après son arrivée dans la WorldTeam belge.

DirectVelo : Tu as passé une bonne partie de la journée à l’avant sur l’étape-reine du Tour de l’Ain et tu vas faire 3e à l’arrivée…
Lilian Calmejane : Mardi, je bascule en haut du col de Portes à 15 secondes du groupe qui se joue la 4e place. J’ai pris un silex dans la descente, ce qui m’a fait tomber. C’était donc fini pour le général. Ça ne parait pas grand-chose mais j’avais l’idée de profiter de la forme du Tour de France pour faire un Top 10 voire un Top 5 au général. EF n’était plus qu'à cinq au départ, c’était difficile à contrôler si un groupe de costauds sortait. On est parti à 18 dans le col du Berthiand. C’était un bon groupe mais ça ne s’entendait pas. On est ressorti à cinq dont Pierre-Luc (Périchon) mais il n’y avait pas vraiment de grimpeurs avec nous. Je me suis dit que si on n’avait pas plus de deux minutes d’avance, ça serait difficile. J’ai bien géré mes efforts notamment dans le col de Menthières. Je me suis retrouvé dans le groupe qui se jouait la 3e place. J’avais perdu du temps au général, j’étais donc un peu moins marqué avec Simon Pellaud donc on est ressorti. Je fais 3e de l’étape, ça fait longtemps que je n’avais pas fait de podium. Il faut se satisfaire de ça. C’est un bon résultat.

« HEUREUX SUR MON VÉLO ET DANS LA VIE »

Tu avais besoin de refaire un podium ?
Non, je suis heureux sur mon vélo et dans la vie. Ce dont j’ai besoin c’est d’être en bonne santé, de voir ma fille grandir, d’être bien dans mon équipe et c’est le cas aujourd’hui. Maintenant gagner une course, ça me ferait plaisir mais ça ne va ni changer ma vie, ni changer mon palmarès.

Tu as choisi d’enchaîner le Tour de France et le Tour de l’Ain…
J’avais deux options, soit la Clasica San Sebastian, soit le Tour de l’Ain. San Sebastian, c’est une course WorldTour. Cette année sur 63 jours de course, j’en ai 52 en WorldTour. Honnêtement, le WorldTour c’est génial mais tellement compliqué de faire des résultats. Je suis resté concentré pour le Tour de l’Ain, je me suis dit que je rentrerai à la maison après et que je profiterai des miens au mois d’août. J’ai pris du plaisir et c’est un format de course attractif ici. Les étapes sont courtes et punchy. Contrairement au WorldTour, on retrouve la sensation d’être attaquant et acteur de la course. Quand on est coureur, on a besoin de ça car dans le WorldTour, surtout le Tour, on a beau être bien parfois on finit 50e de l’étape. Je ne regrette pas du tout d’être venu ici. Il y avait des jeunes aussi dans l’équipe, j’ai pris du plaisir à coacher et à être en chambre avec Alexy (Faure Prost). C’est un garçon qui sort des Juniors, il est talentueux nous avons pu le voir (il a fini 14e à Lélex, NDLR).

Comment juges-tu ta saison ?
C’est compliqué de faire un bilan. Je suis satisfait sur le plan collectif et de mon intégration. L’équipe me demande beaucoup collectivement donc parfois c’est dur d’aller chercher le résultat derrière. J’ai eu des satisfactions qui peuvent ne pas paraître grand-chose mais à Paris-Nice d’être tout le temps devant et faire 16e du général, c’est quand même solide. À chaque fois que j’ai fait des courses en Classe 1, j’ai bien marché. Je fais 4e à Majorque, 5e au Tour des Apennins et 3e d’une étape au Tour de l’Ain. Ce ne sont pas des victoires mais quand je fais des courses en dessous du WorldTour, je réponds présent. Peut-être que l’année prochaine, il faudrait que je choisisse un calendrier où j’alternerai un peu plus entre WorldTour et Classe 1 pour pouvoir respirer et espérer lever les bras. La saison n’est pas finie, j’ai toutes les courses en Italie à mon programme. Je pense que je suis capable de gagner encore mais il faut se rendre à l’évidence, ça sera sûrement en Classe 1 et pas en WorldTour. À moins que toutes les étoiles ne soient alignées. Je pense qu’on a quand même un peu retrouvé le Lilian Calmejane d’avant.

« TRANSMETTRE CE QUE ME L’ON A APPRIS »

Tu as trouvé ce que tu voulais à l’étranger ?
Complètement. Il y a déjà le fait d’avoir une autre approche, de parler tout le temps en anglais avec ses collègues et sa direction. J’avais besoin de ça et pour l’instant, je suis heureux. Ça me ressemble. J’ai commencé le vélo chez DirectEnergies chez Jean-René (Bernaudeau). On était l’outsider qui grandissait. J’ai besoin d’être dans une équipe qui veut grandir mais pas avec des moyens énormes, qui reste humble. J’ai parfaitement trouvé mon compte dans cette équipe belge.

Tu as envie de quoi maintenant dans le vélo ?
Ce qui me motive, c’est le Tour de France même si ça peut paraître fou de dire ça. J’ai pris du plaisir car ça reste un événement de fou. J'ai envie de gagner une étape sur le Giro. Ça fait le mec qui a des rêves qui ne sont pas à sa portée mais quand je vois le Giro de cette année, j’y crois. Il faut que je m’attache à ça pour continuer à faire des sacrifices. Et j’aimerais transmettre tout ce que l’on m’a appris. Je suis quand même un bout-en-train, je n’ai jamais perdu ça. Dans un groupe, j’adore apporter de la bonne humeur, déconner et voir des jeunes grandir et s’épanouir. Je veux tenter des choses en course et transmettre ça. À 30 ans, c’est vraiment un truc dans lequel je prends du plaisir.

Les coureurs disent souvent que le vélo a changé ces dernières années, avec l’arrivée de la nutrition, la multiplication des stages en altitude… Tu arrives à t’y retrouver encore ?
L’approche contrôlée du vélo a énormément changé pour des mecs comme moi ou Julian (Alaphilippe). Le fait de tout le temps peser ses pâtes ou son porridge, ça nous paraît pesant et absurde. On le respecte mais parfois je choisis d’écarter ce système car je me connais un peu et je prends les choses avec un peu plus de légèreté. À tort ou à raison, je ne sais pas mais j’ai besoin d’avoir de la liberté dans mes choix d'entraînements et nutritionnels pour être heureux sur le vélo.

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